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Asphyxie brahmsienne

Vienna
Konzerthaus
04/07/2024 -  et 4 (Bürglen), 6 (London), 9 (Reggio Emilia) avril, 11 (Séoul), 12 (Namhansanseong), 14 (Hamamatsu), 15 (Saitama), 16 (Tokyo), 17 (Kawasaki) mai, 4 (Charlottesville), 6 (Toronto), 9 (Chicago) juin 2024
Johannes Brahms : Sonates pour violon et piano n° 1, opus 78, n° 2, opus 100, et n° 3, opus 108
Hilary Hahn (violon), Andreas Haefliger (piano)


H. Hahn (© Chris Lee)


Petit minutage, grande déception : les 70 minutes de ce récital n’auront en fin de compte guère permis de sonder l’univers ce corpus brahmsien. Inévitablement, la grande salle du Konzerthaus (près de 1 900 places) n’est pas idéale pour créer un sentiment d’intimité propice à ce répertoire. Cela ne pose aucun problème à la violoniste américaine, qui sait projeter avec panache le timbre mordoré de son instrument, et dont la technique superlative sert une plasticité irréprochable, une densité d’archet d’une homogénéité inégalée. Que de beauté, certes – mais n’est‑ce pas un contresens dans ces trois pièces en clair‑obscur, requérant une tout autre palette de timbres, tant en raffinement qu’en variété ?


Le piano d’Andreas Haefliger, lorsqu’il ne contribue pas à déséquilibrer la partition, semble par moments désincarné, voire indifférent. Il en résulte ainsi la curieuse sensation d’être en présence de deux artistes, très sûrs de leur technique, mais qui se côtoient plus qu’ils ne collaborent sur scène : tout est en place, tout commence et termine ensemble, mais sans véritable effort d’imagination, ni volonté perceptible de comprendre (ou faire comprendre) l’essence de cette musique. Le lissage des grandes lignes est privilégié, sans maniérisme outrancier ou mauvais goût flagrant, au détriment de toute émotion, désintégrant l’intelligibilité du propos brahmsien.


Quelques beaux moments affleurent tout de même du programme : une entame de la Première Sonate qui laisse espérer l’émergence d’une vision solaire et apaisée ; une conclusion lumineuse de l’Opus 100 ; et quelques élans de transparence et de respiration qui préservent modestement la musicalité de l’ultime sonate. On aurait attendu de ces musiciens, par ailleurs d’un irréprochable professionnalisme, davantage qu’une formidable session de lecture à vue.



Dimitri Finker

 

 

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