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Bain de musique finlandaise

Paris
Philharmonie
02/15/2024 -  
Kaija Saariaho : Aile du songe [*] – Notes on Light [#]
Jean Sibelius : Aallottaret, opus 73
Magnus Lindberg : Kraft

Sophie Cherrier (flûte), Jérôme Comte (clarinette), Eric‑Maria Couturier, Anssi Karttunen [#] (violoncelle), Gilles Durot, Samuel Favre (percussions), Sébastien Vichard (piano)
Ensemble intercontemporain, Orchestre de Paris, Aliisa Neige Barrière [*], Esa‑Pekka Salonen (direction)


K. Saariaho (© Maarit Kytöharju)


Les hommages à la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, disparue en juin 2023, continuent avec un plein concert de musique finlandaise réunissant à la Philharmonie de Paris l’Orchestre de Paris et l’Ensemble intercontemporain sous les directions d’Esa‑Pekka Salonen et d’Aliisa Neige Barrière.


Après l’hommage de l’Orchestre philharmonique de Radio France à l’Auditorium de la Maison de la radio et de la musique en novembre dernier et l’annonce par l’Opéra de Paris de donner le nom de Kaija Saariaho (1952‑2023) à un salon situé dans les espaces publics de l’Opéra‑Bastille, c’est l’Orchestre de Paris qui, associé à l’Ensemble intercontemporain, a rendu un hommage appuyé à cette compositrice finlandaise disparue l’an dernier au faîte d’une carrière internationale qui prenait un essor considérable, notamment grâce à la création de superbes œuvres pour le théâtre lyrique comme L’Amour de loin, sur un livret d’Amin Maalouf et mis en scène par Peter Sellars, créé au Festival de Salzbourg en 2000, suivi d’Adriana Mater (Opéra de Paris, 2006), d’Emilie (Opéra de Lyon, 2010), d’Only the Sound Remains (Opéra d’Amsterdam, 2016) et d’Innocence (Festival d’Aix‑en‑Provence, 2021).



S. Cherrier, A. N. Barrière (© Quentin Chevrier)


Hommage considérable comportant deux concertos de la compositrice, dont la création française de la version pour orchestre de chambre d’Aile du songe. C’est sa propre fille, Aliisa Neige Barrière, qui ouvrait le concert en dirigeant cette pièce inspirée des Oiseaux de Saint‑John Perse, composée en 2001, et la flûtiste Sophie Cherrier, pilier de l’Ensemble intercontemporain, qui en tenait magnifiquement la partie soliste. Une grande sérénité se dégage de cette œuvre courte (18 minutes) en deux parties, dont la première, « Aérienne », très contemplative semble répondre aux soli du faucon dans La Femme sans ombre de Strauss, alors que la seconde, « Terrestre », met plus à l’épreuve la virtuosité du soliste. La fille de la compositrice, qui maîtrise cette œuvre complexe, a fait dignement saluer la partition par le public, beau moment d’émotion de ce début de concert.


Beaucoup plus étoffé dans sa composition orchestrale, Notes on Light pour violoncelle et orchestre, créé à Boston en 2006 par son dédicataire, le violoncelliste finlandais Anssi Karttunen, a été la pièce de résistance de la soirée. Avec ses cinq parties bien distinctes, elle est un jeu de contrastes splendides entre orchestre et soliste avec des effets sonores quasi lumineux. Comme toujours chez Kaija Saariaho, le substrat littéraire est important, ici T. S. Eliot autant que l’inspiration revendiquée des peintres Klee et Kandinsky.


Entre ces deux œuvres, Salonen a dirigé avec une fluidité prodigieuse Les Océanides de Sibelius, pur joyau impressionniste d’un compositeur qui continue d’être source d’inspiration pour tous les Finlandais comme Risto Väisänen, Einojuhani Rautavaara et Kaija Saariaho. On aurait pu sortir sur un petit nuage de cette grande heure de musique finlandaise mais il a fallu payer un tribut à une musique contemporaine plus puissante et tellurique. Kraft, qui justement signifie « force », du compositeur finlandais plus radical Magnus Lindberg (né en 1958) complétait ce programme. L’œuvre, créée en 1985 sous la direction de Salonen au Festival d’Helsinki et qui a depuis fait carrière, convoque un énorme effectif orchestral , une technologie électronique ainsi que de nombreux solistes surnuméraires jouant des percussions parfois assez étranges. Spectacle assuré pour les spectateurs avec des mouvements de musiciens spatialisés dans la salle modulable, consoles techniques, interventions vocales du chef et d’autres musiciens, distribution de bouchons d’oreilles... Esa‑Pekka Salonen déploie une gestuelle et une énergie spectaculaires pour que tout se passe bien pendant cette demi‑heure dont on sort un peu sonné.


Le public de la Philharmonie, mêlant ce soir‑là aux abonnés de l’Orchestre de Paris ceux de l’Ensemble intercontemporain, a réservé un accueil très enthousiaste aux participants de cette grande soirée, notamment au compositeur de Kraft, présent dans la salle. Le concert, enregistré par Medici.tv, est disponible en streaming sur Philharmonie Live pendant six mois et sera diffusé ultérieurement sur Mezzo.



Olivier Brunel

 

 

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