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L’un est chanté, l’autre pas Antwerp
Stadsschouwburg
01/24/2023 - et 10, 16, 20, 22, 28, 30 décembre 2023 (Gent), 25, 27, 28* janvier, 1er, 4 février 2024 (Antwerpen)
Igor Stravinski : Petrouchka [1]
Kurt Weill : Die sieben Todsünden [2]
Sara Jo Benoot (Anna), Timothy Veryser (Père), Hugo Kampschreur (Frère), Lucas Cortoos (Frère), Manuel Winkhler (Mère), Membres de la troupe de danse de l’Opera Ballet Vlaanderen
Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Alejo Pérez*/Gaetano Lo Coco (direction musicale)
Ella Rothschild [1], Jeroen Verbruggen [2] (chorégraphie), Eva Veronica Born (scénographie), Teresa Vergho (costumes), David Stokholm (lumières)
(© Filip Van Roe)
Depuis sa prise de fonction, Jan Vandenhouwe, le directeur artistique de l’Opera Ballet Vlaanderen, accorde, dans la programmation, une place aussi importante à la danse qu’à l’opéra, certaines productions conciliant les deux disciplines. Créé en décembre à l’Opéra de Gand, repris en ces mois de janvier et de février au Stadsschouwburg, situé non loin de l’Opéra d’Anvers, ce spectacle réunit deux œuvres qui comportent peu de points commun, Petrouchka (1911) et Les Sept Péchés capitaux (1933), à l’exception du genre – il s’agit de deux ballets, l’un des deux chanté – et de la ville de la création, Paris, l’une au Théâtre du Châtelet, l’autre au Théâtre des Champs‑Elysées.
La même équipe a conçu la scénographie, les costumes et les lumières, dans un dispositif, relativement simple, consistant en un plateau légèrement vallonné, mais garni différemment. Les scènes burlesques de Stravinski se déroulent ainsi dans un espace pastoral, tandis que le ballet chanté de Weill se tient dans un cadre urbain, un poteau éclairé constituant le seul élément suggérant une ville américaine. Dans cette double scénographie s’inscrivent deux chorégraphies au style plutôt dissemblable. Des deux, c’est bien celle d’Ella Rothschild, pour Petrouchka, qui se détache, par son originalité, son impact et son esthétique. Offrant une interprétation neuve et inattendue de ce ballet, la chorégraphe germano-israélienne parvient à créer de beaux et étonnants tableaux humains, dans une dynamique qui entre parfois en contradiction avec celle de la musique, pour un résultat surprenant, mais captivant. Cette chorégraphie, qui concilie la bestialité et le raffinement, recourt à l’utilisation originale d’une marionnette, un âne désarticulé en morceaux et actionné par des danseurs. Un sentiment ineffable, mélange de ravissement et de tristesse, nous envahi lorsque l’animal se retrouve à la fin éparpillé sur l’herbe.
Celle de Jeroen Verbruggen pour Les Sept Péchés capitaux, malgré ses mérites, et une certaine attention portée à la psychologie des personnages, édulcore un peu trop l’ironie et le mordant de cette parabole, ultime collaboration entre Bertolt Brecht et Kurt Weill. Nous ne sommes pas non plus convaincus, dans ce second volet, par toutes ces disgracieuses tenues de couleur chair portées par les danseurs et par la palette de couleurs vives qui a été retenue. En revanche, le duo formé par la chanteuse, Sara Jo Benoot, aux accents et à l’intonation typiques de ce répertoire, et la danseuse, Lara Fransen, à la présence forte, qui incarne Anna I et Anna II, les deux sœurs en opposition, fonctionne avec beaucoup de naturel et de conviction. Les quatre autres chanteurs, qui interviennent toujours ensemble, comme dans un choral, paraissent fort engoncés dans leur costume multicolore qui les assimile à de ridicules poupées ventripotentes.
Sous la direction d’Alejo Pérez, l’orchestre trouve le ton juste dans la musique de Stravinski et celle de Weill, avec ce qu’il faut d’âpreté, mais aussi, dans le ballet du compositeur russe, de vitalité, d’éclat, de netteté, malgré l’une ou l’autre faiblesse chez les cuivres.
Sébastien Foucart
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