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Synthèses musicales autour du fil russe

Paris
Cité de la musique
01/19/2024 -  
Igor Stravinski : Trois pièces pour quatuor à cordes
Dimitri Chostakovitch : Quatuor à cordes n° 3 en fa majeur, opus 73
Ludwig van Beethoven : Quatuor à cordes n° 7 en fa majeur, opus 59 n° 1

Quatuor Modigliani : Amaury Coeytaux, Loïc Rio (violon), Laurent Marfaing (alto), François Kieffer (violoncelle)


Le Quatuor Modigliani (© Jérôme Bonnet)


La onzième Biennale de quatuors à cordes de Paris touchait à sa fin ce week‑end. Vendredi, c’était au tour du Quatuor Modigliani de poursuivre le marathon en prenant le relais avec trois œuvres de trois compositeurs totalement différents mais unis d’une certaine façon par un fil russe.


Les Modigliani font en effet entendre tout d’abord les Trois pièces pour quatuor à cordes (1914) d’Igor Stravinski (1882‑1971). Rare incursion du compositeur dans le monde du quatuor, elle comporte tout ou presque Stravinski mais de manière concentrée et presque décousue et désarticulée. Il y a de L’Histoire du soldat, de la musique populaire, de la berceuse nimbée de mystère, de l’atonalité dans ces pièces. Les Modigliani ne cherchent pas à leur donner plus d’importance et d’unité qu’elles n’ont à l’évidence pas.


Le monumental Troisième Quatuor (1946) de Dimitri Chostakovitch (1906‑1975), autre Russe, est autrement plus impressionnant. Là aussi, tout le compositeur est présent dans ses cinq mouvements contrastés. Les Modigliani, d’un équilibre parfait, en soulignent plus l’énergie (troisième mouvement) que les côtés grinçants. Si le vibrato du premier violon paraît un tantinet excessif dans l’Adagio, le mouvement, assez dépressif, reste prenant, le duo alto/violoncelle étant notamment d’une désolation à fendre le cœur. On admire aussi les petits coups d’archets sur les cordes dans le deuxième mouvement et l’intensité du Moderato final.


Le quatuor de Chostakovitch ayant été créé par le Quatuor Beethoven et comportant des éléments faisant penser à Beethoven (1770‑1827), il est assez logique de passer au Septième Quatuor (1806), premier d’une série de trois de l’Allemand dédiée à un Russe, le comte Razoumovski, ambassadeur de Russie à Vienne. Les Modigliani nous réservent des moments de pure grâce dans ce quatuor tout aussi monumental que celui de Chostakovitch, également en fa majeur. C’est par exemple le cas dans le troisième mouvement, d’une rare élégance dans leurs mains. Ils savent y faire chanter leurs instruments exceptionnels du dix‑huitième siècle comme peu, sans être larmoyants. Le temps y est comme suspendu. L’Allegro final aux fausses conclusions soulage presque, admirablement relancé par les Modigliani.


Fortement applaudis par un nombreux public, les musiciens remontent sur scène pour une schubertiade bien viennoise – le Troisième des Cinq Menuets D. 89 –, grand moment de simplicité et de naturel où le premier violon se distingue au milieu de pizzicatos et qui achève de nous convaincre que nous avons affaire à des musiciens exceptionnels.


Le site du Quatuor Modigliani



Stéphane Guy

 

 

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