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A Gstaad vincerò !

Gstaad
Eglise de Saanen
01/07/2024 -  
Giacomo Puccini : Le Villi : « Torna ai felici di » – Edgar : « Orgia chimera » – La bohème : Air de Musette & « Che gelida manina » – Manon Lescaut : « Tra voi belle », « Donna non vidi mai » & Intermezzo – Tosca : « E lucevan le stelle » – Madama Butterfly : Duo des fleurs & « Addio fiorito asil » – La fanciulla del West : « Ch’ella mi creda » – La rondine : « Nella dolce carezza » – Turandot : « Nessun dorma »
Roberto Alagna (ténor), Morgane Fauchois (piano)


M. Fauchois, R. Alagna (© Patricia Dietzi)


Roberto Alagna est arrivé à Gstaad en terrain conquis. Le public l’attendait avec d’autant plus d’impatience que le célèbre ténor avait donné l’année dernière un splendide récital en forme de florilège de grands airs du répertoire lyrique français. La soirée s’était conclue, sous les ovations, par huit bis accordés dans un formidable élan de générosité qui avait touché les spectateurs au cœur. Le chanteur avait mis le public de Gstaad dans sa poche, comme on dit familièrement. Cette année, il a débarqué tout droit de New York et annoncé dès son arrivée sur scène qu’il était encore en décalage horaire. Et, effectivement, les premières notes lancées ont confirmé que l’artiste n’était pas ce soir au meilleur de sa forme, avec des aigus souvent serrés, parfois même récalcitrants, et un manque de couleurs dans la voix, rendant le chant quelque peu uniforme. De surcroît, au deuxième air inscrit au programme, le ténor s’est carrément emmêlé les pinceaux, oubliant son texte (il chantait sans partition) ; à la fin de sa prestation, il a décidé de rechanter l’air, après des explications directes et franches, mais non dénuées d’humour.


Un récital de Roberto Alagna pas tout à fait en pleine forme reste malgré tout un grand moment de chant. Ce n’est pas un hasard si le chanteur brille encore de mille feux sur la planète lyrique, après quelque quarante ans de carrière. Pour le Festival de musique de Nouvel An de Gstaad (« Gstaad New Year Music Festival »), il a concocté, avec sa fidèle pianiste Morgane Fauchois, un programme entièrement consacré à Puccini. On le sait, on célèbre cette année le centième anniversaire du décès du compositeur italien. Roberto Alagna est comme un poisson dans l’eau dans Puccini. Le chant est vibrant et ardent, langoureux et voluptueux, la voix semble gorgée de miel et de soleil, la diction est irréprochable, les multiples pianissimi sont un régal pour les oreilles et l’alternance de nuances est un bonheur. Le chanteur a concédé cette fois quatre bis, toujours des airs de Puccini, tirés du Tabarro, de La rondine, de Turandot (« Non piangere, Liù ») et de Gianni Schicchi (le redoutable « Firenze è come un albero fiorito », que le ténor n’avait plus interprété depuis très longtemps). Au final, le public de Gstaad aura donc eu droit à tous les airs pour ténor écrits par Puccini (à l’exception de « Recondita armonia » du deuxième acte de Tosca), un véritable exploit. Merci Monsieur Alagna !


Au piano, Morgane Fauchois a séduit par sa musicalité et son intelligence, culminant avec une transcription du célèbre Intermezzo de Manon Lescaut, sous ses doigts confondant de sensibilité et de raffinement, sans pathos inutile et avec un splendide crescendo. La dix‑huitième édition du « Gstaad New Year Music Festival » a été une réussite éclatante, avec notamment des récitals vocaux de tout premier plan. Caroline Murat, fondatrice et directrice artistique du Festival, a d’ores et déjà annoncé pour l’année prochaine que la voix allait à nouveau être mise à l’honneur. On ne peut que s’en réjouir !



Claudio Poloni

 

 

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