About us / Contact

The Classical Music Network

München

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Champagne

München
Nationaltheater
12/23/2023 -  et 26, 28, 31 décembre 2023, 2, 5, 7*, 10 janvier, 31 juillet 2024
Johann Strauss : Die Fledermaus
Georg Nigl (Gabriel von Eisenstein), Diana Damrau (Rosalinde), Martin Winkler (Frank), Eric Jurenas*/Andrew Watts (Prinz Orlofsky), Sean Panikkar (Alfred), Markus Brück (Dr. Falke), Kevin Conners (Dr. Blind), Katharina Konradi (Adele), Miriam Neumaier (Ida), Max Pollak (Frosch I), Franz Josef Strohmeier (Frosch II), Danilo Brunetti (Frosch III), Giovanni Corrado (Frosch IV), Deniz Doru (Frosch V), Oliver Petriglieri (Frosch VI), Luissa Joachimstaller, Emma Kumlien, Lisa König, Kristina Stebner, Antonia Cop, Danilo Brunetti, Giovanni Corrado, Deniz Doru, Joseph Edy, Jon Olofsson Nordin, Oliver Petriglieri, Jeremy Rucker (danseurs)
Bayerischer Staatsopernchor, Christoph Heil (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski*/Constantin Trinks (direction musicale)
Barrie Kosky (mise en scène), Otto Pichler (chorégraphie), Rebecca Ringst (décors), Klaus Bruns (costumes), Joachim Klein (lumières), Christopher Warmuth (dramaturgie)


(© Wilfried Hösl)


A ce jour, les très grands succès des dernières nouvelles productions de l’Opéra de Munich sous l’ère de Serge Dorny ont été des œuvres qui ne font pas partie du le répertoire courant : Guerre et Paix de Prokofiev, Le Nez de Chostakovitch, Hamlet de Brett Dean. De leur côté, certaines relectures de classiques, comme Aïda de Verdi et Les Noces de Figaro de Mozart, nous ont un peu laissé sur notre faim. Mais cette représentation de La Chauve‑Souris, œuvre emblématique pour l’Opéra de Munich, voire de tout opéra, est un très grand succès qui réussit l’impossible : faire que l’on ne regrette pas la légendaire production de cette œuvre réalisée par Carlos Kleiber et Otto Schenk dans les années 1970 à l’Opéra de Munich.


Barrie Kosky était présent dans le public dès fin novembre lors de la reprise de Wozzeck et l’on peut deviner un incroyable travail de répétitions pour arriver à cette représentation. Il aborde l’œuvre, mi‑opéra mi‑opérette, avec cet immense savoir‑faire, bâti et consolidé au Komische Oper à Berlin. L’action, les passages musicaux ou dansés, les dialogues, rebondissent sans qu’il n’y ait de temps mort ni de saturation.


Eisenstein rêve durant l’Ouverture, bousculé par une série de danseurs déguisés en chauves‑souris. Les façades des maisons de Vienne s’animent et l’on s’aperçoit que M. et Mme Eisenstein habitent la Judenplatz de Vienne, clin d’œil à la judéité quelque peu cachée du compositeur. Le premier acte, dans le style d’un Feydeau, enchaîne les quiproquos dans un contexte bourgeois de l’époque, agrémenté de clins d’œil subtils. Alfred, faisant son entrée sur scène avec une raquette de tennis, évoque la fois où Kleiber était apparu déguisé en Boris Becker.


Le deuxième acte, celui du bal du Prince Orlofsky, mêle chœurs et danseurs dans une ambiance androgyne où l’identité de genres s’efface. Le chœur, chantant plus tard « Brüderlein, Schwesterlein... », évolue dans un décor de costumes fluos et de paillettes, avançant sans lourdeur et avec beaucoup d’imagination.


Le troisième acte, dans un décor d’échafaudages rappelant ce que Kosky a fait au Berliner Ensemble dans L’Opéra de quat’sous de Brecht, surprend par la présence non pas d’un, mais de six Frosh(s) – un qui parle, quatre qui dansent et un sixième... à découvrir dans la vidéo disponible sur Arte pour quelques mois. Malgré sa brièveté, cet acte est enrichi par Kosky de quelques numéros inattendus. Sur scène, la joie et le professionnalisme contagieux se conjuguent harmonieusement.


Dans une distribution relativement homogène, certains rôles semblent ne pas trouver leur juste place. Le contre‑ténor Eric Jurenas, remplaçant Andrew Watts, paraît sous‑jouer le rôle et manque de la présence scénique qu’une grande mezzo‑soprano peut conférer à ce personnage. Par une coïncidence ironique, Ivan Rebroff fut également le choix discutable dans l’enregistrement studio légendaire dirigé par Carlos Kleiber, tandis que Brigitte Fassbaender s’est révélée être la force majeure de l’enregistrement vidéo dans cette même salle.


Diana Damrau démontre de réelles qualités d’actrice et une présence scénique indéniable, mais, malgré son immense talent, ne s’incarne pas pleinement en Rosalinde. Comme c’était aussi le cas pour Marlis Petersen dans le rôle de la Maréchale dans le Chevalier à la rose, opéra également retravaillé par le duo Kosky-Jurowski, elle manque d’un certain volume sonore et sa prestation de la redoutable czardas du deuxième acte se termine sur une note aiguë escamotée. Sean Panikkar, dans le rôle d’Alfred, fait preuve de prudence pour ne pas déséquilibrer les duos, et il pourrait davantage exploiter ses capacités vocales de ténor.


Mais de son coté, Georg Nigl offre une interprétation remarquable d’Eisenstein, s’amusant avec le texte et avec une grande capacité à jouer et bouger avec beaucoup d’aisance. Martin Winkler, qui a joué le rôle de Kovaliov dans Le Nez mis en scène par Kosky, est un Frank vibrant qui donne généreusement... de sa personne, notamment dans le troisième acte. Katharina Konradi brille en Adèle, avec toutes les qualités requises : un timbre séduisant, un style affirmé, un volume impressionnant et une grande aisance sur scène.


Dans la fosse, Vladimir Jurowski révèle toute la splendeur de cette musique. Les ensembles sont exécutés avec un soin méticuleux et, sous sa direction, atteignent une subtilité digne de Mozart. Cette représentation était la septième de la série, et l’harmonie entre l’orchestre et les chanteurs était particulièrement réussie, avec un équilibre plus naturel qu’alors que par le passé, nous avons trop souvent eu l’impression que l’orchestre dominait trop les voix. Ce problème, typique des premières représentations, semble avoir été résolu ce soir, révélant Jurowski comme un véritable maître de l’opéra, attentif à ses chanteurs tout en donnant beaucoup de liberté à ses musiciens.


La salle comble témoignait de l’attention soutenue du public, qui a réservé un triomphe bien mérité aux artistes. Les amateurs des grands classiques de l’opérette et de Barrie Kosky se donneront rendez‑vous en février à Zurich, où il montera La Veuve joyeuse avec Michael Volle, Marlis Petersen et Katharina Konradi. Avec de tels artistes, le genre de l’opérette est plus vivant et moderne que jamais.


Le spectacle en intégralité sur le site Arte Concert :






Antoine Lévy-Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com