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Une voix de lumière

Gstaad
Eglise de Lauenen
01/05/2024 -  
Gabriel Fauré : Après un rêve, opus 7 n° 1
Francis Poulenc : Les Chemins de l’amour, FP 106‑Ia – Banalités, FP 107 : 4. « Voyage à Paris » & 2. « Hôtel »
Michel Legrand : Les Parapluies de Cherbourg : « Ne me quitte pas »
Tim Allhoff : MorlaImprovisation sur l’« Arietta » des « Pièces lyriques opus 12 » d’Edvard Grieg
Kurt Weill : Marie‑Galante : « Youkali »
Astor Piazzolla : Oblivion
Carlos Gardel : Por una cabeza
Angel Gregorio Villoldo : El Choclo (Ad Ay Sa’ab)
Elias Rahbani : Sahar El Layali
Dawood Hosni : Yamama Beida
Hani Shenouda : Bahlam Maak
Najib Hankash : Aatini Al Naya Wa Ghanni

Fatma Said (soprano), Tim Allhoff (piano)


T. Allhoff, F. Said (© Patricia Dietzi)


Elle avait fait sensation l’année dernière avec un splendide récital, remplaçant au pied levé une consœur tombée malade. Après ce succès amplement mérité, elle est revenue par la grande porte cette année. Et, une fois encore, la soprano Fatma Said – puisque c’est d’elle dont il s’agit – a envoûté les spectateurs du Festival de musique de Nouvel An de Gstaad (« Gstaad New Year Music Festival »). La soirée, intitulée « El Nour » (« la lumière » en arabe), ne pouvait pas mieux porter son nom. A travers des chansons et des mélodies françaises, espagnoles et arabes, Fatmi Said a embarqué le public dans un grand voyage de l’Occident à l’Orient. Un voyage tout en retenue, en sobriété, en douceur et en sensualité, dans une atmosphère feutrée et ouatée, alors que la neige n’a pas cessé de tomber de toute la soirée sur Gstaad.


Dès les premières notes de ce récital hors du commun, la voix de Fatma Said a impressionné par sa consistance : une voix charnue, qui a du corps, une voix lumineuse et chaleureuse aussi. Ce qui a frappé également d’emblée, c’est la diction française impeccable de la chanteuse. Dans Les Chemins de l’amour de Poulenc, on a admiré aussi les aigus cristallins, atteints avec une facilité déconcertante, alors que dans « Voyage à Paris», ce sont les magnifiques pianissimi filés qui ont capté immédiatement l’attention, tellement ils ont semblé ne jamais vouloir finir. Le temps a paru d’un coup comme suspendu. Dans « Hôtel », une mélodie triste et mélancolique, l’artiste a démontré une parfaite homogénéité des registres de sa voix, avec un médium riche et boisé et des graves vibrants. Le changement d’atmosphère a ensuite été total avec Les Parapluies de Cherbourg : le chant s’est fait plus ardent et langoureux, mais toujours avec une certaine retenue et sobriété, une certaine pudeur même, sans jamais d’effusions grandiloquentes.


La suite du programme a révélé de belles surprises, notamment des mélodies de Kurt Weill et d’Astor Piazzolla en français. Après une chanson de Carlos Gardel en espagnol cette fois, toujours avec une diction parfaite, Fatma Said a enchaîné des mélodies en arabe, dont la superbe Ad Ay Sa’ab d’Angel Gregorio Villoldo, une page dédiée à toutes les femmes qui ont dû se battre au cours de leur existence. Et pour les quatre mélodies qui ont conclu la partie officielle de la soirée, la première égyptienne et les trois dernières libanaises (dont certaines ont été rendues célèbres par la grande Fairouz), Fatma Said ne s’est jamais départie de sa décontraction apparente ni de son merveilleux sourire. Sa voix ductile et voluptueuse a fait merveille ici aussi. La dernière mélodie était tirée du Prophète, le bestseller de Gibran Khalil Gibran : « Donne‑moi ta flûte et chante ». On a instantanément eu envie de chanter avec elle et d’apprendre l’arabe pour comprendre ce qu’elle nous racontait. Le premier bis (I love a piano, immortalisé par Judy Garland et Fred Astaire), était aussi une sorte de déclaration d’amour à son génial partenaire, un Tim Allhoff particulièrement engagé, qui a interprété deux de ses propres compositions. Jamais deux sans trois, affirme la célèbre expression. On espère donc retrouver Fatma Said l’hiver prochain à Gstaad.



Claudio Poloni

 

 

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