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Ca valse à Oviedo

Oviedo
Teatro Campoamor
01/01/2024 -  et 2* janvier 2024
Carl Otto Ehrenfried Nicolai : Die lustigen Weiber von Windsor : Ouverture
Emile Waldteufel : Les Patineurs, opus 183 – Espana, opus 236
Gioachino Rossini : Guillaume Tell : « Pas de soldats »
Felipe de Jesús Villanueva Gutiérrez : Vals poético
Bedrich Smetana : Prodaná nevěsta : Polka
Franz von Suppé : Dichter und Bauer : Ouverture
Johann Strauss (fils)  : Tik‑Tak Polka, opus 365 – Kaiser-Walzer, opus 437 – Tritsch-Tratsch Polka, opus 214 – An der schönen blauen Donau, opus 314

Oviedo Filarmonía, Iván López-Reinoso (direction)


(© Stéphane Guy)


Oviedo s’est mis au diapason viennois depuis quelque temps avec son concert du Nouvel An. L’importation peut paraître bien curieuse mais c’est ainsi et on ne peut quand même pas s’en plaindre, chaque occasion d’entendre de la musique (de qualité) étant bonne par définition. La tradition s’est donc installée ici aussi et l’Orchestre philharmonique de la ville propose carrément, chaque début d’année désormais, deux concerts, invariablement autour de tubes viennois alors, comme on l’a déjà dit dans ces colonnes, qu’il y a pourtant de belles pages espagnoles pour ouvrir une nouvelle année de façon originale, festive et dansante, jotas ou pasodobles, ou finales virevoltants de zarzuelas. Pas un seul compositeur ibérique une nouvelle fois en ce début 2024 mais un Prussien, Otto Nicolai (1810‑1849), figure de la vie musicale viennoise et à l’origine de l’Orchestre philharmonique de Vienne, un Français, Emile Waldteufel (1837‑1915), grand animateur des soirées de l’impératrice Eugénie, un Italien qu’on ne présente pas, Gioachino Rossini (1792‑1868), un Mexicain, Felipe Villanueva (1862‑1893), compositeur méconnu, mort bien jeune et dont la programmation doit évidemment beaucoup au chef de ce soir, Iván Lopez‑Reinoso, un Tchèque, Bedrich Smetana (1824‑1884), pour un extrait de son opéra La Fiancée vendue, et naturellement des Autrichiens, les inévitables Franz von Suppé (1819‑1895), mais sans sa cavalerie légère, et Johann Strauss (fils) (1825‑1899), avec ses fameux chevaux de bataille si l’on peut dire. Bref, étaient convoqués des compositeurs d’origines différentes mais pour une même fête musicale européenne chic. Et le tout Oviedo était là.


Il y avait d’autant moins de raison de jouer les grincheux et de bouder un plaisir partagé avec les musiciens de l’orchestre et le public que, dans la première partie, défilent finalement sous la direction du Mexicain Iván López‑Reinoso (né en 1990), chef principal invité, qui remplace pour l’occasion le titulaire (depuis 2018), le hautboïste Lucas Macías Navarro, des pièces qui si elles ne sont pas espagnoles sortent un peu des sentiers battus.


On apprécie la tenue des bois notamment dans le « Pas de soldats » extrait du troisième acte du Guillaume Tell de Rossini et le côté délicieusement langoureux de la Valse poétique de Felipe Villanueva, proposée paraît‑il pour la première fois de ce côté de l’Atlantique. Au passage, le cor soliste s’y montre meilleur que dans l’Ouverture des Joyeuses commères de Windsor d’Otto Nicolai, notamment dans ses attaques. La valse Espana d’Emile Waldteufel qui suit sera le seul clin d’œil à l’Espagne au travers d’un véritable piratage de la célèbre pièce d’Emmanuel Chabrier. Enfin, la Polka tirée de La Fiancée vendue a tout le piquant qu’il faut. Le chef, qui dirige tout de mémoire et paraît être une personnalité très prometteuse si l’on prend en compte sa jeunesse, se montre précis et se garde bien d’en faire trop et notamment de retenir des tempos intenables. Les percussions comme les cuivres, inégaux malheureusement, restent ainsi fort sages, ce qui est heureux. Il n’y a pas une once de vulgarité.


Et c’est la pause, l’occasion pour beaucoup de consulter leur téléphone portable.



(© Stéphane Guy)


La seconde partie du concert était en regard de la première des plus conventionnelles mais les musiciens confirmaient le sérieux de leur préparation, les pièces proposées supportant mal l’à‑peu‑près. La violoncelliste Sara Chordá, déjà repérée en première partie, participe à un duo avec la harpiste tout à fait charmant dans l’Ouverture de Poète et paysan de Suppé, aux climats contrastés et somme toute assez théâtrale. On la retrouve avec plaisir, tout sourire, dans la Valse de l’Empereur de Johann Strauss (fils). Tout le monde galope bien ensuite dans la Tritsch‑Tratsch Polka du même et ça ne déraille pas. C’est propre, voire assez fin quoique manquant peut‑être de fantaisie. Le Beau Danube bleu, accompagné par un fond de scène bleu forcément, présentera les mêmes qualités mais aussi les mêmes limites.


Mais le chef et l’orchestre ne s’arrêtent pas là et embrayent sans se faire prier sur pas moins de trois bis : la Tik‑Tak Polka, déjà entendue, puis la Furioso-Polka de Johann Strauss (fils), tournoyante et incroyablement moderne, et l’immortelle et rabâchée Marche de Radetzky de Johann Strauss (père). Succès assuré. Le public, bien guidé par le chef et le gestionnaire des lumières, est ravi d’apporter une pierre à l’édifice.


Le concert se terminait et l’année 2024 s’ouvrait ainsi de façon fort sympathique. Il mettait l’eau à la bouche pour la suite. Du point de vue musical, les mélomanes asturiens devraient d’ailleurs être gâtés : l’année s’annonce brillante au vu des affiches. Il est vrai qu’on ne pouvait pas passer à côté de la célébration des vingt‑cinq ans de l’orchestre. C’est en effet en février 1999 que l’orchestre, alors appelé Orquesta sinfónica Ciudad de Oviedo, créé à l’initiative de la municipalité de la capitale de la Principauté des Asturies autour d’un noyau russe provenant des Virtuoses de Moscou, donnait son premier concert. Il y a bien encore au sein de l’orchestre quelques noms à consonance russe, à l’instar de son premier violon, Andrei Mijlin, mais ils sont moins nombreux, preuve que la greffe a bien pris. Et parallèlement à son hispanisation, le nombre de femmes s’est accru, évolution qui pourrait inspirer utilement l’Orchestre philharmonique de... Vienne.



(© Stéphane Guy)


En attendant, l’OFIL – acronyme bien connu désormais et expression d’une certaine familiarité – devrait se produire encore dans neuf programmes d’ici juin prochain, dont une fois avec le violoniste Christian Tetzlaff (19 janvier) et une autre avec l’impayable et exubérant ténor Rolando Villazón (9 mai).



Stéphane Guy

 

 

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