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Une fête menée à un rythme d’enfer

Lausanne
Opéra
12/23/2023 -  et 27, 28*, 29, 31 décembre 2023
Jacques Offenbach : Orphée aux Enfers
Samy Camps (Orphée), Marie Perbost (Eurydice), Julien Dran (Aristée, Pluton), Nicolas Cavallier (Jupiter), Sophie Pondjiclis (L’Opinion publique), Carole Meyer (Junon), Béatrice Nani (Vénus), Yuki Tsurusaki (Cupidon), Clémentine Bourgoin (Diane), Emma Delannoy (Minerve), Hoël Troadec (Mercure), Frédéric Longbois (John Styx), Aslam Safla (Mars)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Maîtrise du Conservatoire de Lausanne, Patrick Marie Aubert (préparation), Ensemble de violonistes du Conservatoire de Lausanne, Sinfonietta de Lausanne, Arie van Beek (direction musicale)
Olivier Py (mise en scène), Pierre‑André Weitz (décors et costumes), Bertrand Killy (lumières), Ivo Bauchiero (chorégraphie), Mathieu Crescence (assistant décors), Nathalie Bègue (assistante costumes)


(© Jean-Guy Python)


A force de susurrer à l’oreille des directeurs de théâtre qu’il avait très envie de monter un ouvrage comique, Olivier Py a finalement été entendu : après une cinquantaine d’opéras à son actif, il vient de mettre en scène à Lausanne, pour les fêtes de fin d’année, sa toute première opérette, Orphée aux Enfers. Offenbach ne lui est du reste pas tout à fait inconnu, mais l’Offenbach « sérieux » puisqu’il avait signé en 2001 à Genève un de ses premiers succès lyriques avec Les Contes d’Hoffmann. Ceux qui escomptaient de la part du trublion des metteurs en scène français une production teintée d’un parfum de scandale en ont été pour leurs frais : Olivier Py a conçu un spectacle certes festif et haut en couleur, mais plutôt sage en fin de compte. Dans les décors noirs et métalliques sur plusieurs niveaux de Pierre‑André Weitz évoquant différents lieux d’un théâtre, sur fond du Jardin des délices de Jérôme Bosch pour la première partie puis d’immenses tableaux représentant l’enfer, il fait évoluer à un rythme endiablé une troupe de treize solistes vocaux, une compagnie de dix danseuses et danseurs et plus de trente choristes, tous vêtus de costumes les uns plus bigarrés que les autres. Le spectacle est fluide et sans aucun temps mort, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Olivier Py a brillamment réussi à instaurer un esprit de fête permanente, à peine émoussé par la présence presque continue sur scène d’un squelette évoquant la mort. Chapeau aussi au chorégraphe et danseur Ivo Bauchiero pour ses french cancans effrénés, dont le célèbre « Galop infernal ».


Le plateau vocal est parfaitement homogène et de très haute tenue ; les chanteurs sont tous aussi d’excellents comédiens. Samy Camps incarne avec brio un Orphée antipathique à souhait, couvert de tatouages et à la chevelure peroxydée, tenant toujours à la main un immense pot de colle qu’il utilise pour réparer son violon abîmé ou pour placarder des affiches de recherche de son épouse. Une épouse, Eurydice, qui ne s’en laisse jamais conter, rebelle jusqu’au bout des ongles, incarnée par une Marie Perbost à la voix charnue. Voix bien timbrée, Nicolas Cavallier est un Jupiter ayant la barbichette et les épaulettes de Napoléon III ; il règne en maître dans un théâtre qui pourrait être le Palais Garnier, joli clin d’œil puisque l’édifice avait été voulu par l’empereur lui‑même. Aucune allusion en revanche à l’actuel président français, surnommé parfois Jupiter. On l’a dit, Olivier Py s’est voulu très sage. Transformé ensuite en mouche, le roi de l’Olympe offre au public un inénarrable numéro de haute voltige. Julien Dran est un Pluton sobre et élégant qui, sous ses faux airs de-ne-pas-y-toucher, se révèle en fait le véritable instigateur de toute l’intrigue. On mentionnera également l’Opinion publique sévère et rigide comme il se doit de Sophie Pondjiclis. En Cupidon adorable et gracieux, Yuki Tsurusaki semble ce soir bien peu en voix, avec de surcroît un français peu compréhensible. En revanche, on n’oubliera pas le John Styx de Frédéric Longbois, dont la diction est un régal pour les oreilles. Dans la fosse, Arie van Beek, à la tête du Sinfonietta de Lausanne, offre une lecture précise et délicate, dynamique et colorée, mais sans le grain de folie d’un spectacle de fêtes.



Claudio Poloni

 

 

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