About us / Contact

The Classical Music Network

Gstaad

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Présence et puissance

Gstaad
Eglise de Rougemont
12/27/2023 -  
Alessandro Stradella : Pietà, Signore
Johann Sebastian Bach : Cantate « Herz und Mund und Tat und Leben », BWV 147 : « Jesus bleibet meine Freude »
César Franck : Panis Angelicus
Franz Schubert : Drei Klavierstücke, D. 946 : 2. Allegretto en mi bémol majeur – Ungarische Melodie en si mineur, D. 817
Giuseppe Verdi : Rigoletto : « La donna è mobile» – Don Carlo : « Dio che nell’alma infondere »
Georges Bizet : Carmen : « Votre toast, je veux vous le rendre » & « Je suis Escamillo, torero de Grenade »
Giacomo Puccini : Manon Lescaut : « Donna non vidi mai »  – Tosca : « Recondita armonía »
Georg Friedrich Haendel : Menuet pour piano
Franz Lehár : Das Land des Lächeln : « Dein ist mein ganzes Herz »

Jonathan Tetelman (ténor), Rafal Pawnuk (baryton), Daniel Heide (piano)


D. Heide, J. Tetelman (© Patricia Dietzi)


L’affiche de la dix-huitième édition du Festival de musique de Nouvel An de Gstaad (« Gstaad New Year Music Festival ») s’annonce particulièrement somptueuse. Rien que dans le domaine vocal, les mélomanes ont l’embarras du choix : Sonya Yoncheva, Lisette Oropesa, Ludovic Tézier, Fatma Said, Roberto Alagna, Erwin Schrott, Samuel Marino, Francesco Meli, excusez du peu... Sans parler du reste de la programmation, riche en soirées de musique de chambre. Les concerts ont lieu dans les superbes petites églises de la région de Gstaad, offrant un cadre intimiste idéal pour côtoyer de très près les musiciens. La soirée d’ouverture était particulièrement attendue, avec en tête d’affiche Jonathan Tetelman, le ténor en pleine ascension, celui que toutes les grandes scènes s’arrachent. Caroline Murat, fondatrice et directrice artistique du Festival, a eu fin nez en lui faisant signer son contrat il y a déjà deux ans. L’artiste est précédé d’une très flatteuse réputation, due notamment à son dernier disque – une pure merveille – où il brille dans les grands airs de Puccini ; on croirait parfois entendre Pavarotti.


Malgré une voix magnifique, Jonathan Tetelman n’a pas entièrement convaincu ce soir. Essentiellement parce que le ténor a pratiquement tout misé sur la puissance vocale. Dans une église minuscule, il a chanté comme s’il se trouvait face à un auditoire immense, avec des aigus hurlés à pleine voix. Au troisième rang, la sensation était particulièrement désagréable. Renseignements pris auprès de spectateurs qui étaient assis au fond de l’église, le sentiment était identique. Dommage, car du coup les couleurs et les nuances ont souvent passé à la trappe. Et dommage surtout car le programme choisi, essentiellement des grands airs du répertoire lyrique italien, ne nécessite pas de forcer l’instrument. On se demande d’ailleurs comment un chanteur peut ne pas prendre en considération la taille de la salle dans laquelle il se produit. Ou alors a‑t‑il fait exprès de chanter si fort pour « rouler des mécaniques » et impressionner le public ? Il faudra attendre le premier bis (« E lucevan le stelle » de Tosca) pour savourer un chant enfin plus soyeux et nuancé.


Fort heureusement, une fois les premières notes lancées et la (désagréable) surprise passée, l’oreille s’habitue. Et le constat est clair : la voix est tout simplement superbe. Les aigus sont faciles, le registre central est bien assuré (le chanteur a commencé sa carrière comme baryton, ceci explique peut‑être cela), le chant est vibrant et ardent, expressif aussi, le timbre est solaire et les pianissimi sont particulièrement enivrants, sans parler de l’intonation jamais prise en défaut. Jonathan Tetelman est également une bête de scène, un vrai showman doté d’une forte présence scénique, qui n’hésite pas à dialoguer spontanément avec le public. On passera sur le timbre assez fruste du baryton polonais Rafal Pawnuk, mais on retiendra l’accompagnement au piano sensible et engagé de Daniel Heide, malgré plusieurs fausses notes. On se dit que les artistes n’ont pas dû avoir beaucoup de temps pour répéter. Et malgré quelques réserves sur la prestation de Jonathan Tetelman, une chose est sûre : la planète ténors compte une nouvelle étoile qui brille de mille feux.


Le site du « Gstaad New Year Music Festival »



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com