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Célébration lumineuse

Paris
Cité de la musique
11/16/2023 -  et 17* novembre 2023
Karlheinz Stockhausen : Sonntag aus Licht (scènes 1 et 2)
Michiko Takahashi, Marie Picaut (sopranos), Emmanuelle Monier (mezzo-soprano), Hubert Mayer, Josue Miranda (ténors), Florent Baffi (basse), Haga Ratovo (synthétiseur)
Florent Derex (projection sonore), Augustin Muller, Romain Vuillet (réalisation informatique musicale, chef de chant), Romain Vuillet, Alphonse Cemin, Bianca Chillemi, Chae‑Um Kim (chefs de chant), Chœur Stella Maris, Olivier Bardot (chef de chœur), Le Balcon, Orchestre de chambre de Paris, Maxime Pascal (direction musicale, conception du spectacle)
Ted Huffman (mise en espace, « d’après les indications de Karlheinz Stockhausen »), Bertrand Couderc (lumières), Pierre Martin‑Oriol (vidéo), Jenny Ogilvie (collaborateur au mouvement), Pascale Lavandier (costumes), Marguerite Lantz (accessoires)


(© Denis Allard)


Le Balcon, la Philharmonie et le Festival d’automne s’associent pour produire un nouveau volet du cycle Licht de Karlheinz Stockhausen (1928‑2007). Sonntag aus Licht (1998‑2003), comme lors de la création en 2011 à Cologne, nécessite deux représentations, sa durée globale avoisinant celle de deux autres journées.


Lichter-Wasser (« Lumières‑Eaux »), la première scène, est écrit pour soprano (Michiko Takahashi), ténor (Hubert Mayer) et orchestre avec synthétiseur (Haga Ratovo). Jour du soleil, dimanche est aussi le jour de Dieu, du masculin (Michaël) et du féminin (Eve). Il n’y a plus de place pour Lucifer. De là une dimension statique, éminemment contemplative, qui en jugule l’impact dramatique, surtout entendu à la suite de Donnerstag ou Samstag. Mutatis mutandis, il en va de même pour le lecteur de La Divine Comédie de Dante qui décrypte Le Paradis après avoir dévoré L’Enfer... Place ici au thème pythagoricien de l’harmonie des sphères, auquel Stockhausen est convaincu que la musique (la sienne s’entend) donne un accès privilégié. Récusant le qualitatif de wagnérien, le compositeur n’en reconduit pas moins l’idée de Gesamtkunstwerk : lumière bleue pour Michaël (la lumière), que les dix‑sept musiciens jouant la formule associée au personnage disposent sur leur pupitre sous forme d’un petit lampion cylindrique ; même effectif pour Eve (l’eau) avec la lumière verte.


« D’après les indications de Karlheinz Stockhausen », lit‑on sur les notes de programme : à l’instar des précédentes journées (voir ici et ici), toute velléité herméneutique de la part des concepteurs du spectacle s’incline devant les prescriptions du maître, lequel régente son œuvre jusque dans les moindres détails. Aussi les musiciens prennent‑ils place à des endroits bien précis dans le public. Il en va de même pour les déplacements des deux chanteurs protagonistes, le projectionniste gérant les équilibres et la diffusion sur huit haut‑parleurs disposés aux quatre coins de la salle. Sur cela se greffent les éclairages changeants conçus par Bertrand Couderc. Les textes (en plusieurs langues) sont centrés autour de Michaël, Eve et leur union mystique. La soprano fait assaut de coloratures face à la partie plus contenue du ténor. Au gré des douze ondes qui se succèdent, Stockhausen procède par découpage progressif des formules selon la technique de sa Formelkomposition. Maxime Pascal veille à la cohésion des textures – de plus en plus complexes.


Résumé par Laurent Feneyroux comme « une vaste procession de la dualité à l’unité », Engel-Prozessionen (« Processions d’anges »), la deuxième scène, fait intervenir les différents chœurs d’où se détache une poignée de solistes, excellents, comme la soprano Marie Picaut, la mezzo Emmanuelle Monier, le ténor Josue Miranda et la basse Florent Baffi. Six des sept groupes d’anges, chacun vêtu d’une couleur différente, qui allongé sur le sol, qui assis en tailleur, qui accroupi, produisent une polyphonie à deux voix dont la partie supérieure dérive de la formule d’Eve, la partie inférieure de celle de Michaël. Les joutes verbales, accompagnées de tout un éventail de gestes, gagnent en véhémence et en complexité. Maxime Pascal, affublé d’un longue jupe et d’une veste noires d’un effet détonant, fait alors irruption sur l’estrade pour coordonner rythmiquement le tout avant que la communion parfaite ne s’opère vers le centre.


S’il ne suscite pas, pour le moment, le même enthousiasme que les journées déjà présentées par Le Balcon, Sonntag nous réserve sans doute quelques surprises. Suite et fin (scènes 3 à 5) lundi dans les volumes plus vastes de la Grande salle Pierre Boulez.



Jérémie Bigorie

 

 

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