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Pour Lutoslawski

Paris
Maison de la radio et de la musique
11/09/2023 -  
Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2 en si mineur, opus 104, B. 191
Witold Lutoslawski : Concerto pour orchestre

Bruno Philippe (violoncelle)
Orchestre national de France, Nicholas Collon (direction)


N. Collon (© Chris Christodolou)


Nicholas Collon est un jeune Britannique, principal chef invité de l’Orchestre de la Radio finlandaise en poste depuis 2019. Il faisait ce soir son retour à l’Orchestre national de France après trois précédentes invitations à partir de 2019. Au programme ce soir, le célèbre Concerto pour violoncelle de Dvorák mais aussi le Concerto pour orchestre de Lutoslawski.


Pour le concerto de Dvorák on attendait Truls Mørk, malheureusement empêché ; il est remplacé par le violoncelliste français Bruno Philippe (né en 1993), qui faisait pour l’occasion ses débuts avec le National. Malgré de nombreuses qualités (investissement, beauté du son, legato), son interprétation ne convainc pas entièrement. Les quelques imprécisions initiales d’intonation, sans doute liées au trac, ne sont que marginales. Plus reproductible est une certaine froideur dans la lecture, certes belle et maîtrisée, mais qui semble rester un peu en deçà de la musique. Quant à l’accompagnement de l’orchestre, bien que précis et vivant, il sonnait par moments un peu compact et plus cuivré que boisé, alors que l’on connaît l’importance des bois dans l’équilibre de la musique du compositeur tchèque. Nul doute aussi que ces interprètes de grand talent aient mieux convaincu dans une acoustique moins sèche.


Place ensuite au Concerto pour orchestre de Lutoslawski, créé par Witold Rowicki en 1954. La célébrité du Concerto pour orchestre de Bartók a clairement éclipsé cette œuvre comme d’autres – on pense notamment aux concertos pour orchestre d’Hindemith et de Kodály. On se demande pourquoi après cette interprétation magistrale de bout en bout et qui rend pleinement justice à ce chef‑d’œuvre. Nicholas Collon semble très à l’aise avec cette musique complexe qu’il a récemment gravée pour Ondine à Helsinki. C’est la dernière pièce tonale du compositeur, qu’il a d’ailleurs ensuite plus ou moins reniée. On y entend certes l’influence de Bartók bien sûr, mais aussi de Stravinski, Roussel (dans son coté motorique) ou bien de Varèse – on pense même à Amériques – et Dutilleux. Elle n’en est pas moins très personnelle dans son sens de la construction, du mariage des timbres et de sa richesse thématique. Et l’interprétation donnée ce soir est à la fois puissante, mais plus équilibrée que celle de Dvorák, lumineuse et sensible. Qu’il est réjouissant de voir à l’issue de cette magnifique interprétation les musiciens du National, superbe une fois de plus ce soir, applaudissant chaleureusement, sous la houlette toujours souriante de leur premier violon Sarah Nemtanu, le chef britannique. Un signe qui ne trompe pas.


Au total, un concert qui a surtout marqué par une superbe interprétation du Concerto pour orchestre de Lutoslawski, œuvre passionnante qu’on espère entendre à nouveau bientôt, par exemple en 2024 pour les trente ans de la disparition du compositeur polonais.



Gilles Lesur

 

 

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