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Un pianiste étincelant

Paris
Salle Gaveau
11/08/2023 -  
Joseph Haydn : Concerto pour piano en ré majeur, Hob. XVIII:11
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 25 en sol mineur, K. 173dB [183] – Andante pour flûte et orchestre en ut majeur, K. 285e [315] – Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur « Jeunehomme », K. 271

Olivier Cavé (piano)
Les Ambassadeurs ~ La Grande Ecurie, Alexis Kossenko (flûte et direction)


O. Cavé, A. Kossenko (© Sébastien Gauthier)


A voir entrer (et plus encore jouer) le pianiste Olivier Cavé et le chef Alexis Kossenko sur la scène d’une Salle Gaveau très moyennement remplie (en dépit d’un programme on ne peut plus « classique » dans tous les sens du terme), on se dit qu’on va assister au mariage de la carpe et du lapin tant l’un cultive une réserve que l’exubérance de l’autre ne parviendra à troubler à aucun moment. Et pourtant, l’entente entre les deux aura très bien fonctionné ce soir, à commencer par le célèbre Onzième Concerto de Haydn, que le pianiste et le chef de la soirée avaient déjà donné en décembre 2021, en cette même salle.


Dès le Vivace introductif, Alexis Kossenko donne le ton : après l’entrée presque timide des violons, le tutti orchestral emplit d’un coup la salle grâce au geste impérieux du chef, les sonorités généreuses des vents (deux cors, deux hautbois et un basson) contrebalançant heureusement l’acidité persistante des premiers violons. Etrangement pour un concert mettant à l’honneur un ensemble jouant sur l’authenticité sinon de ses instruments du moins de son approche musicologique, c’est sur un Steinway moderne que joue Olivier Cavé et non, comme on aurait pu le penser, sur un pianoforte d’époque. De fait, son jeu sonne immédiatement très clair, le soliste faisant preuve d’une agilité impressionnante et d’une belle énergie que son visage impassible ne trahit jamais. Il en va de même dans le mouvement lent, où c’est surtout l’orchestre qui nous charme, là encore par sa plénitude chaleureuse, notamment lorsqu’il revient juste après la cadence du piano. On attendait beaucoup du célèbre Rondo all’Ungarese ; malheureusement, le soliste l’empoigne beaucoup trop rapidement à notre goût, souvent au détriment de la netteté du trait, l’orchestre perdant également en assise rythmique, l’ensemble étant certes empli d’une jubilation communicative mais manquant en fin de compte de grâce et de spiritualité au bénéfice d’une dimension uniquement performative ; dommage, la reprise du mouvement en guise de bis n’ayant pas changé la donne à cet égard.


Assez peu fréquemment donnée, la pourtant très connue Vingt‑cinquième Symphonie de Mozart ne nous montre guère l’orchestre Les Ambassadeurs ~ La Grande Ecurie sous son meilleur jour, en raison de violons globalement peu séduisants. La faute peut‑être à un effectif assez minimaliste (seulement cinq premiers violons, autant de seconds) ou à une disposition (les premiers violons à gauche du chef, les seconds à sa droite) qui conduit à un volume sonore relativement faible, surtout comparé aux vents. Là en revanche, et le geste d’Alexis Kossenko les y invitait constamment, on trouve la jovialité et le volume souhaités (c’était presque trop parfois du côté des quatre cors, excellemment tenus par l’ensemble des musiciens) ; dommage que le contraste avec la raideur et la verdeur des violons ait été aussi patente, le superbe Allegro con brio (où s’illustra notamment le magnifique hautbois de Gilles Vanssons) manquant ainsi de suavité et d’un minimum de legato qui aurait permis de faire du mouvement un seul et même ensemble et non, comme on en a un peu eu l’impression, une succession de séquences sans toujours beaucoup d’unité. Après un Andante qui a sonné étrangement petit, on a entendu un magnifique Menuetto et Trio, dirigé pourrait‑on dire alla Bernstein (Alexis Kossenko gardant les bras croisés et ne guidant les vents et la contrebasse de Chloé Lucas que de ses seuls yeux). Quant à l’Allegro final, il est retombé quelque peu dans les travers du premier mouvement même si l’élan nous aura davantage emporté.


Après l’entracte, Alexis Kossenko officia toujours comme chef mais également comme soliste pour nous interpréter le relativement méconnu Andante pour flûte et orchestre de Mozart. Six minutes de musique tout au plus, là aussi sur instrument moderne (une flûte en métal), dans lesquelles, avouons‑le, Mozart n’a tout de même pas développé son plus grand génie musical. Il en allait évidemment autrement du fameux Concerto « Jeunehomme », page virtuose pour le piano qu’Olivier Cavé joua avec une grande simplicité, lisant discrètement la partition qui défilait sur une tablette électronique posée sur son pupitre. Les ornementations furent très bien faites, la main droite s’avérant spirituelle tandis que la gauche la soutenait sans effort, les nuances furent subtiles : ah quel beau soliste que voilà même si davantage de chaleur aurait sans doute été bienvenu ! A ses côtés, un orchestre chatoyant, toujours un peu raide voire martial dans l’exposition des thèmes, mais sachant accompagner, choyer même le soliste, Alexis Kossenko instaurant un fructueux dialogue avec le pianiste suisse d’origine napolitaine. L’Andantino est mélancolique sans jamais tomber dans la mièvrerie avant qu’Olivier Cavé ne nous entraîne dans un Rondo mené un peu trop tambour battant pour, là encore, finalement privilégier la vitesse sur la seule ivresse à laquelle on aspirait.


Le site d’Alexis Kossenko
Le site de l’ensemble Les Ambassadeurs ~ La Grande Ecurie



Sébastien Gauthier

 

 

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