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Maison de la radio et de la musique
10/06/2023 -  
André Caplet : Conte fantastique
Maurice Ravel : Shéhérazade
Nikolaï Rimski-Korsakov : Schéhérazade, opus 35

Fatma Saïd (soprano), Floriane Bonanni, Cyril Baleton (violon), Sophie Groseil (alto), Jérémie Maillard (violoncelle), Nicolas Tulliez (harpe)
Orchestre philharmonique de Radio France, Pietari Inkinen (direction)


P. Inkinen (© Andreas Zähler)


Des deux concerts initialement prévus avec Sir John Eliot Gardiner, un seul a été maintenu (le chef britannique a annulé tous ses engagements jusqu’à la fin de l’année) et la Suite de Pelléas et Mélisande d’après Debussy a été remplacée par le Schéhérazade de Rimski‑Korsakov. Exit aussi le court Rameau prévu. Au pupitre, le Finlandais Pietari Inkinen (né en 1980) a accepté de remplacer le chef britannique.


La pièce de Caplet Conte fantastique qui débute ce concert, d’après Le Masque de la mort rouge, conte horrifique d’Edgar Allan Poe, utilise le même effectif atypique (cordes et harpe) que l’un de ses chefs‑d’œuvre avec chœur (de femmes), Le Miroir de Jésus. On y entend le texte de Poe ici magnifiquement dit par la violoniste Floriane Bonanni. Les trouvailles de l’ami et orchestrateur préféré de Debussy (glissandos, pizz. interrompant le discours musical, coups frappés sur la harpe) ne suffisent pas à éclairer une œuvre austère, malgré des interprètes de grand talent.


Le charme opère plus naturellement avec le subtil Shéhérazade de Ravel. Pietari Inkinen, à la belle carrière internationale mais rare en France, en livre une lecture chambriste très aboutie et lumineuse. L’Orchestre philharmonique de Radio France y est à son meilleur, à la fois précis, raffiné et lumineux, notamment le hautbois intense d’Olivier Doise et la flûte poétique de Mathilde Calderini. La soprano égyptienne Fatma Saïd, au timbre lumineux et à la diction très travaillée, propose une vraie interprétation mais ne parvient malheureusement pas à passer l’orchestre dès que celui‑ci est présent. Dommage car la voix est belle et juste. Une chanson égyptienne donnée en bis révèle les mêmes limites de projection.


Place ensuite au cœur de ce concert avec un magnifique Schéhérazade de Rimski‑Korsakov donné en seconde partie. Cette musique géniale, puissante et tellement bien écrite est ici parfaitement servie. Pietari Inkinen dirige avec précision mais laisse jouer ses musiciens, notamment dans les solos très exposés des vents. Après une introduction un peu sèche (l’acoustique de cet auditorium ne se maîtrise pas facilement), l’orchestre et le chef trouvent rapidement leurs marques et offrent une interprétation passionnée et passionnante de cette musique qui tantôt évoque Wagner (les accords finaux des vents), tantôt annonce Stravinski (par son côté expérimental et foisonnant). Les nombreux contrechants des cordes graves sont parfaitement audibles. Le chant pur et aérien du premier violon solo, Nathan Mierdl, dialoguant avec l’orchestre est d’une maîtrise totale, y compris dans la très longue tenue finale, qu’on a déjà entendu moins réussie.


Au total, un concert largement dominé par un passionnant Schéhérazade de Rimski‑Korsakov qui confirme, si besoin, le talent de ce chef que l’on aimerait revoir à Paris comme l’excellente forme de l’Orchestre philharmonique de Radio France. Au fait, ce dernier cherche pour 2025 un successeur à son actuel directeur musical Mikko Franck...



Gilles Lesur

 

 

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