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Nouvelle cuisine et plat de résistance

München
Isarphilharmonie
09/28/2023 -  et 29, 30 septembre 2023 (München)
Besty Jolas : Latest
Gustav Mahler : Symphonie n° 6

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Astrid Ackermann)


Présentée en « entrée » de cette soirée, Latest est la dernière œuvre écrite à ce jour par Betsy Jolas dont la création a eu lieu en novembre dernier par l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä. Il s’agit d’une suite de vignettes orchestrales démontrant la capacité de Jolas de trouver une myriade de sonorités orchestrales, démarrant par un infime frottement de chaîne et finissant par faire parler les musiciens. Il y a certes beaucoup d’originalité et d’imagination mais elles sont au détriment d’une réelle ligne et d’atmosphère. C’est un exercice intellectuel abstrait qui laisse un peu sur sa faim.


La Sixième Symphonie de Mahler est une pièce de résistance bien plus consistante. C’est aussi une œuvre emblématique pour Sir Simon Rattle. Il l’avait programmée lors de son premier concert en 1987 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin ainsi que pour son départ en tant que directeur musical. C’est cette même symphonie qu’il avait donnée en 1989 pour ce qui avait probablement dû être ses débuts parisiens avec l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham.


De Boulez à Abbado en passant par Karajan ou Bernstein, cette symphonie a toujours inspiré les plus grands musiciens. Elle est d’apparence classique, avec pour le premier mouvement une forme sonate avec reprise et des thèmes de marches assez reconnaissables. Mahler aurait lui‑même modifié la structure de la Symphonie, choisissant de permuter Scherzo et Andante afin de ne pas donner deux mouvements consécutifs dont les rythmes seraient trop identiques. Mais derrière cette forme « simple d’accès », c’est une œuvre moderne d’une rare puissance très richement orchestrée. Elle culmine par un Finale monumental d’une demi‑heure, dont Herbert von Karajan disait que c’était une des rares œuvres à ne pas avoir de happy end et où intervient deux ou trois – à nouveau Mahler a modifié la partition originale et il existe plusieurs possibilités – coups de marteau représentant les tragédies ayant affecté le compositeur.


La symphonie est « tragique » mais la conception de Rattle est volontariste. Il y a une certaine flexibilité dans les tempi mais c’est bien plus pour accélérer que ralentir et alanguir, à l’opposé de ce que font bon nombre de chefs qui sentimentalisent certains passages. La tension ne retombe jamais dans le redoutable premier mouvement. Les musiciens trouvent cette capacité à faire passer les thèmes d’un pupitre à un autre dans l’Andante avec un très beau cantabile. Le Scherzo haletant et nerveux, est particulièrement réussi. Après tout ce que nous avons entendu, il n’est plus besoin de trop en faire dans le Finale et nul besoin d’ajouter ce dernier coup de marteau. A nouveau, Rattle connaît à fond cette œuvre et arrive avec une conception d’ensemble et des idées.


Le niveau instrumental est très élevé. L’orchestre joue avec beaucoup de couleur et d’homogénéité. Les équilibres et la polyphonie si typiques de Mahler sont réalisés avec soin. De façon significative, à l’issue de la symphonie, Rattle fait se lever l’orchestre au complet. Il faut cependant souligner les remarquables contributions de Stefan Schilli au hautbois, de Zoltan Macsai, habituellement soliste à Dresde, au cor, de Felix Eckert au trombone ainsi que de Magdalena Hoffmann à la harpe.


Mahler sera à nouveau célébré à Munich la semaine prochaine puisque Kirill Petrenko reviendra au Staatsoper pour trois représentations de la Symphonie des Mille et Sir Simon Rattle donnera la Première Symphonie avec l’Orchestre des jeunes de Bavière et les Parisiens pourront entendre ce programme à la Philharmonie de Paris le 3 octobre prochain pour une soirée à ne manquer sous aucun prétexte.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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