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Inutilement compliqué

Paris
Opéra Comique
09/27/2023 -  et 29 septembre, 1er, 3, 5 octobre 2023
Charles Lecocq : La Fille de Madame Angot
Hélène Guilmette (Clairette Angot), Véronique Gens (Mademoiselle Lange), Pierre Derhet (Pomponnet), Julien Behr (Ange Pitou), Matthieu Lécroart (Larivaudière), Floriane Derthe/Ludmilla Bouakkaz (Amarante, Hersilie), Antoine Foulon (Louchard), Geoffrey Carey (Trénitz, Un incroyable), Matthieu Walendzik (Cadet, Un officier, Buteux, Guillaume), François Pardailhé (Buteux [phrases chantées])
Le Concert Spirituel, Orchestre de chambre de Paris, Hervé Niquet (direction musicale)
Richard Brunel (mise en scène), Catherine Ailloud-Nicolas (dramaturgie), Bruno de Lavenère (décors, costumes), Laurent Castaingt (lumières), Maxime Thomas (chorégraphie)


(© Jean‑Louis Fernandez)


Comment ramener la gaieté dans une société bouleversée et démoralisée ? Interrogation, certes délicate, posée dans l’avant-propos au programme de salle de la charmante opérette ou opéra‑comique (le frontière est ici ambiguë) La Fille de Madame Angot de Charles Lecocq que ressuscite l’Opéra‑Comique de Paris après quarante ans d’absence dans la capitale.


La veille, il avait fallu céder la magie d’image médiévale du Lohengrin de Wagner aux délires dramaturgiques d’un Kiril Serebrennikov qui nous la sert dans l’esprit dérangé de l’héroïne internée pendant la guerre en Ukraine. Ici on passe allégrement du Directoire, où se situe cette « fresque sociale », aux amphithéâtres occupés de Mai 68 dans le quartier de l’Odéon avec forces pancartes et slogans qu’apprécieront – on peut en douter devant leur mièvrerie – les nostalgiques de l’époque... On a compris depuis longtemps qu’il est désormais interdit d’aller au théâtre lyrique pour rêver mais au moins que ce que l’on nous présente soit crédible, cohérent et vraiment bien dirigé scéniquement.


On est au regret de dire que ce n’est pas le cas de cette mise en scène brouillonne de Richard Brunel, dans laquelle on a du mal à distinguer d’emblée qui est qui et qui fait quoi. Trop de personnages, trop de couleurs criardes dans un décor compliqué et surchargé d’intention inutiles (Bruno de Lavène) empêchent cette histoire à l’intrigue pourtant fort simple de se dérouler dans son bienfaisant premier degré donc de divertir et d’amener de la gaîté.


C’est d’autant plus dommage que musicalement tout a été mis en œuvre pour réussir un retour en grâce qui n’est pas gagné d’avance. La Fondation Palazzetto Bru Zane a permis l’édition d’un matériel qui permet à l’orchestre de resituer dans son originalité toute la fraîcheur de cette musique simple mais efficace, parfois parodique, toujours merveilleusement composée et qu’Hervé Niquet dirige si scrupuleusement à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris, au centre de la fosse pour le plus grand bonheur des oreilles dans un endroit dont on connaît bien les pièges acoustiques.


La distribution a été soigneusement et même luxueusement composée. Hélène Guilmette et Véronique Gens sont parfaites dans les deux rôles féminins principaux, Clairette (« La Fille Angot ») et Mademoiselle Lange, qui s’opposent et se rassemblent au gré de l’action avec une évidence du style et de la diction. Pierre Derhet et Julien Behr (Pomponnet et Ange Pitou) restent dans les limites du bon goût pour ces rôles masculins qui, à la moindre surcharge, risqueraient la caricature. Matthieu Lécroart, Antoine Foulon, Floriane Derthe et quelques membres de l’Académie de l’Opéra‑Comique assurent rôles secondaires et silhouettes de cette production coréalisée par les opéras de Nice (où elle sera présentée du  27 au 29 septembre 2024), Avignon (du  28 au 31 décembre 2024) et Lyon (ultérieurement), dont on sort déçu et un peu épuisé d’avoir eu à constamment démêler le compliqué du plus simple.



Olivier Brunel

 

 

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