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L’Auditorium de Bordeaux fête ses 10 ans

Bordeaux
Auditorium
09/23/2023 -  
Camille Saint-Saëns : Samson et Dalila, opus 47 : Bacchanale
Franz Waxman : Carmen Fantasie
Maurice Ravel : Rapsodie espagnole – Tzigane – Valses nobles et sentimentales
Jacques Offenbach : La Vie parisienne (extraits)
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Suite)

Geneva Lewis (violon), Ballet de l’Opéra national de Bordeaux
Chœur de l’Opéra national de Bordeaux, Salvatore Caputo (chef de chœur), Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Joseph Swensen (direction)


(© Emmanuel Andrieu)


10 ans ! C’est l’âge respectable atteint par l’Auditorium de Bordeaux, dont nous rendions compte du concert inaugural dans ces mêmes colonnes en 2013. Une salle qui a su trouver sa place dans le paysage musical français, avec ses 1 400 places assises : un bâtiment conçu par l’architecte Michel Pétuaud‑Létang (présent dans la salle), vanté pour son irréprochable acoustique, mais surtout pour la proximité créée entre les musiciens et le public, ce dernier se trouvant presque immergé dans l’orchestre, aucun fauteuil n’étant éloigné à plus de 25 mètres du podium du chef. Et que de beaux souvenirs de concerts ou d’opéras nous y avons, la fête organisée ce soir pour célébrer l’événement en faisant un de plus.


Une soirée présentée à la fois par Emmanuel Hondré, le directeur de l’institution bordelaise, Pierre Hurmic, le maire de la ville, et un des membres de la famille Rothschild, dont le soutien financier (au travers de la Fondation d’entreprise Philippine de Rothschild) a permis que le spectacle soit retransmis sur onze écrans géants placés aux quatre coins de la ville – afin que « le plus grand nombre ait accès à la musique classique » (dixit M. le maire), et pas seulement les habitués des salles de concert. Un concert qui était également retransmis en direct sur les ondes de France Musique, de même que dans une vingtaine de structures hospitalières, pénitentiaires, ou encore des Ehpad de l’agglomération bordelaise grâce au système « Bordeaux Live Opera ». Futur directeur musical de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine (son mandat débutera en septembre 2024), c’est au chef américain (d’origine norvégienne par son père et japonaise par sa mère) Joseph Swensen que revient l’honneur de chapeauter les forces vives de la maison bordelaise.


Et les réjouissances débutent sur les chapeaux de roue avec une exécution de la Bacchanale de Samson et Dalila de Saint‑Saëns, qui permet de magnifier les qualités de l’orchestre, l’équilibre au sein des pupitres et l’envergure sonore que sait leur donner le chef. Soliste de la soirée, la violoniste néo‑zélandaise Geneva Lewis fait ensuite son entrée pour se confronter à la Carmen Fantasie de Waxman, que le compositeur germano-américain écrivit en 1947 pour le film Humoresque de Jean Negulesco, et dans laquelle il reprend les principaux airs de l’opéra de Bizet. L’orchestre joue d’abord avec brio le prélude, puis après une courte transition, la violoniste enchaîne sur une version de la Habanera très chantée et extravertie. Puis c’est avec beaucoup d’intimité et de désespoir qu’elle interprète l’air du Trio des cartes où Carmen apprend sa mort prochaine. Avec la Séguedille qui suit, la technicité du violon reprend le dessus, avec moult harmoniques et traits rapides, joués ici avec grâce et vélocité. La Chanson bohémienne clôt cette pièce concertante de manière festive et enjouée : Geneva Lewis y déploie ses talents de virtuose, en exécutant ses traits de manière détendue, dans un final époustouflant, ce qui lui vaut une ovation légitime de la part du public. La première partie s’achève avec la Rapsodie espagnole de Ravel, dans laquelle la phalange bordelaise apporte une sonorité légère et fine, et une pointe d’acidité mordante qui équilibre la direction plus généreuse qu’absolument rigoureuse du chef, dont les déhanchements dansants et les moulinets de poignet ne manquent pas de déclencher des sourires.


Après un entracte pendant lequel les spectateurs restés en salle ont pu voir, retransmis sur un écran, une vidéo du ballet « maison » en pleine répétition du prochain spectacle chorégraphique (Now and Now, du 5 au 15 octobre), c’est le Chœur de l’Opéra national de Bordeaux, dirigé par Salvatore Caputo, qui entre dans la danse, avec une exécution de deux extraits de La Vie parisienne d’Offenbach, grâce auxquels on peut juger de la bonne santé de la formation, qui brille autant par son engagement que sa netteté. On assiste ensuite au retour de la violoniste pour une interprétation de la célèbre rhapsodie Tzigane de Ravel, qu’elle délivre avec autant de sensualité que de verve, encore que le brio ne se hisse pas au premier plan dans sa lecture, au profit de la poésie et de la richesse des couleurs. Cette seconde particularité concerne également la phalange bordelaise, qui ne manque pas de surprendre par des interventions aussi sophistiquées qu’éclatantes d’énergie. Toujours de Ravel, les Valses nobles et sentimentales font suite et trouvent sous la battue de Swensen une belle fluidité en même temps que des couleurs bien marquées, à l’image de celles des bois, tout particulièrement la flûte dans la deuxième danse, puis les hautbois et cor anglais à la fin de la suivante. L’Epilogue remet en exergue ce dernier instrument et la clarinette, vite secondés par les premiers violons, guidés par le violon supersoliste de Matthieu Arama. Et c’est par la Suite (1919) de L’Oiseau de feu de Stravinski que s’achève la soirée, qui permet d’apprécier à nouveau les qualités des vents de l’orchestre – et en particulier des clarinettes et des flûtes solistes –, sans oublier le cor solo de Victor Haviez, magnifique de couleurs et de nuances dans le Finale.


Une soirée festive longuement acclamée par un public bordelais qui peut légitimement être fier de sa phalange... et de son futur directeur musical !



Emmanuel Andrieu

 

 

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