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Veni, Vidi, Viotti

Lausanne
Théâtre de Beaulieu
09/21/2023 -  
Antonio Vivaldi : L’Olimpiade, RV 725 : Sinfonia – Nisi Dominus, RV 608 : « Cum dederit »  – Orlando furioso, RV 116 : Sinfonia – Juditha triumphans, RV 644 : « Armatae face et anguibus » – Cessate, omai cessate, RV 684 : « Ah, ch’infelice sempre »
Georg Friedrich Haendel : Serse, HWV 40 : Ouverture & « Ombra mai fu »  – Rinaldo, HWV 6a : Ouverture – Music for the Royal Fireworks, HWV 351
Georg Philipp Telemann : Concerto pour deux flûtes en mi mineur, TWV 52:e1

Marina Viotti (mezzo-soprano), Jean-Luc Sperissen, Anne Moreau Zardini (flûte)
Orchestre de Chambre de Lausanne, Jean‑Christophe Spinosi (direction)




C’est un peu le retour de l’enfant prodige. Née non loin de Lausanne, Marina Viotti a étudié à la Haute Ecole de Musique de la ville puis a foulé les planches de l’Opéra, où elle a notamment remporté le premier prix du concours de chant Kattenburg en 2017, surclassant tous ses concurrents. La suite, on la connaît : la mezzo‑soprano est aujourd’hui invitée sur les plus grandes scènes lyriques. Pour son retour à Lausanne, elle a concocté un programme d’airs du XVIIIe siècle, accompagnée par l’Orchestre de Chambre de Lausanne, sous la baguette de Jean‑Christophe Spinosi. Le baroque n’est pas forcément le répertoire dans lequel on attend Marina Viotti. La voix s’est étoffée et quelque peu assombrie, mais elle a gardé son agilité et sa souplesse, avec des aigus lumineux et surtout des graves sonores, chauds et veloutés, qui sont en quelque sorte la marque de fabrique de la chanteuse.


Les airs au programme ont permis à Marina Viotti de parcourir toute la gamme des émotions, de la joie à la douleur, en passant par la mélancolie, la frustration et la colère. Avec sa forte présence scénique et son instinct dramatique, c’est dans les pages de fureur et de rage qu’elle s’est montrée la plus convaincante, notamment dans l’air « Armatae face et anguibus » de Juditha triumphans de Vivaldi, où elle a fait preuve d’un abattage impressionnant. Elle n’a pas été en reste dans les morceaux plus élégiaques et contemplatifs, notamment dans l’air « Ombra mai fu » de Serse de Haendel, où elle a su faire preuve d’une incroyable intensité. On l’a sentie habitée dans chacune de ses incarnations, à même d’instaurer à chaque fois une atmosphère différente. Et la diction est exemplaire. Seul léger bémol : on aurait souhaité que la chanteuse se détache davantage de la partition, mais, on l’a dit, ce programme sortait de son répertoire habituel, ceci expliquant sans doute cela.


A la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, Jean-Christophe Spinosi s’est montré un accompagnateur attentif. Dans les pages orchestrales, malgré des tempi plutôt vifs et alertes, il a réussi à faire ressortir les nuances et les finesses des partitions. Dans le Concerto pour deux flûtes de Telemann, les deux flûtistes solo de l’orchestre, Jean‑Luc Sperissen et Anne Moreau Zardini, ont brillé par leur musicalité et leur agilité. Dans le dernier mouvement, Jean‑Christophe Spinosi a demandé aux musiciens de taper du pied, ce qui a donné des allures de fête à la soirée. Une fête orchestrée de main de maître par le chef, qui n’a pas hésité à sautiller et à danser sur son podium ou à se tourner vers les spectateurs pour les éclairer, non sans humour, sur les œuvres jouées. Les visages ravis des musiciens en disaient long sur la connivence qu’a su instaurer le maestro avec eux, avec son énergie et son enthousiasme, deux qualités qui n’ont pas non plus manqué de frapper le public. Un public, au demeurant, qu’on a rarement senti si réceptif et qui a fait une ovation à tous les musiciens à la fin de la soirée.



Claudio Poloni

 

 

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