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Envoûtant polyptique musical

Paris
Cité de la musique
09/14/2023 -  
James Dillon : Polyptych: Mnemosyne... (création)
Ensemble intercontemporain, Pierre Bleuse (direction)


P. Bleuse (© Anne-Elise Grosbois)


Pour une raison qui nous échappe, ce premier concert de Pierre Bleuse à la Philharmonie de Paris en qualité de directeur musical de l’Ensemble intercontemporain (EIC) n’a pas lieu dans le cadre du festival d’automne, pourtant promoteur historique de James Dillon (né en 1950) – on se souvient de Pharmakeia, donné au même endroit le 6 octobre 2021.


Dans Polyptych: Mnemosyne... (commande de l’EIC), celui que l’on rattache au mouvement de la Nouvelle complexité atteint une manière de nouvelle simplicité. Un dépouillement à mettre au crédit de l’effectif, chambriste, mais aussi d’une écriture procédant par textures homogènes au gré des différents « panneaux » musicaux qui se succède. Le compositeur écossais nous incite à employer ce terme lorsqu’il évoque des « retables de la Renaissance ». Quant au sous-titre, il indique « Actes de mémoire et de deuil » (Dillon perdit sa mère durant la composition). Le grand ensemble, situé au centre de la salle sur un plateau amovible, tourne lentement dans le sens des aiguilles d’une montre : il accomplira la totalité du cercle à l’issue des quatre‑vingt‑dix minutes que dure Polyptych: Mnemosyne....


L’éclairage progressif des pupitres à mesure que les instruments interviennent ritualise encore davantage une partition aux teintes sombres, où les registres graves et extrêmes graves, notamment les vents, sont investis avec dilection – on notera l’usage quasi constant de sourdines (trompettes, trombones, tuba). On suit, pas à pas, la germination du discours, ses dérives, ses boucles, ses excroissances. Si les panneaux entretiennent entre eux de subtiles interactions, on ne ressent pas pour autant d’effet cumulatif : une trajectoire précise peine à se dégager de cette juxtaposition d’épisodes ; les interchangerait‑on que l’œuvre n’en souffrirait pas, dont la cohérence tient à sa nature éminemment plastique, pneumatique, qu’exemplarise très bien l’épilogue calme et envoûtant, aux textures fondantes.


Les musiciens de l’EIC évoluent avec aisance dans une musique qui, vue de l’extérieur, ne semble pas poser de difficultés particulières de rythme ou d’intonation. Chaman veillant au bon déroulé de cet étrange cérémonial, Pierre Bleuse dirige avec une implication de tous les instants, assortissant – sans en abuser – sa gestique d’expressives mimiques et jeux de regard (œil de cobra pour signaler l’arrivée d’un moment dramatique).



Jérémie Bigorie

 

 

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