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Il était une fois... Biarritz
Théâtre de la Gare du Midi
09/13/2023 - et 14 septembre 2023
Cendrillon
Thierry Malandain (chorégraphie), Serge Prokofiev (musique)
Jorge Gallardo (décor, costumes), Jean‑Claude Asquié (conception lumière)
Ballet Nice Méditerranée
Reprise, dix ans après sa création, de la chorégraphie de Cendrillon de Prokofiev par Thierry Malandain, confiée au Ballet Nice Méditerranée. Toujours aussi magique, ce spectacle emblématique du travail du chorégraphe n’a pas pris une ride. Bien au contraire, il semble s’être bonifié.
Il était une fois... un spectacle créé en 2013 à San Sebastián puis très vite dans le luxueux cadre d’or et de bleu‑vert de l’Opéra royal de Gabriel à Versailles. Spectacle emblématique du chorégraphe français Thierry Malandain et de sa compagnie, le CCN Ballet Biarritz, il s’est vite imposé comme un des préférés du public. S’il a beaucoup voyagé avec les danseurs biarrots, il a depuis été transmis au Ballet de l’Opéra de Vienne et le sera bientôt à celui de l’Opéra de Palerme. Cet été, c’est à la très belle compagnie Ballet Nice Méditerranée dirigée par Eric Vu‑Han que Thierry Malandain a fait place pour recréer son travail, véritable bijou d’humour, finesse et subtilité qui compte parmi ses plus belles chorégraphies, pour deux représentations au festival Le Temps d’Aimer la danse, dans un Théâtre de la Gare du Midi plein à craquer qui lui a réservé un accueil triomphal bien mérité.
Quand elle fut enfin créée, Thierry Malandain avait longtemps différé sa Cendrillon, sur laquelle planait l’ombre de la réalisation, devenue référence, de Maguy Marin pour l’Opéra de Lyon en 1985 et même de la version très fantaisiste mais toujours au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris de Rudolf Noureev, transposée dans les studios d’Hollywood. Il l’avait bien déjà approchée en réglant les parties dansées de l’opéra homonyme de Massenet en 1988 à Vaison‑la‑Romaine, mais pour le ballet de Prokofiev, restait encore à en surmonter les exigences en termes d’effectifs, notamment pour la scène du bal. Réglée pour vingt danseurs, sa chorégraphie a fait appel à un supplément de participants avec l’aide astucieuse de mannequins noirs en robes longues montés sur des roulettes. Mais ce n’était pas la seule idée de ce spectacle qui en fourmille autant dans la réinvention des accessoires (le carrosse est figuré par un énorme cerceau, la pantoufle de vair par un stiletto noir) que chorégraphiques, notamment un final qui fait entrer le public et ses saluts dans une chorégraphie qui s’achève sur une image d’une incroyable poésie. Très spectaculaire est l’idée d’avoir confié les rôles de la marâtre et des deux sœurs chipies à des hommes. La première, juchée sur des béquilles, fait penser à un grand héron, flanqué des deux sœurs dont l’anatomie dorsale musclée et les crânes rasés ne laissent planer aucune équivoque sur leur sexe. Effet comique garanti, sans aucune surcharge, aucun effet vulgaire : on est dans la finesse absolue ! Son héroïne est tout en simplicité et en effacement autant dans sa petite robe grise que celle qu’elle revêt pour le bal, une simple tunique blanche dans laquelle elle séduit un prince en justaucorps gris perle. La chorégraphie exemplaire est toujours fluide, parfaitement lisible et colle à la musique (ici enregistrée) à la fois douce et grinçante de Prokofiev, dans le superbe décor unique de Jorge Gallardo avec un cadre de scène vide mais délimité par des alignements de la fameuse chaussure, ici un escarpin verni noir et des couleurs très neutres pour l’ensemble des costumes. Avec de magnifiques éclairages, cette simplicité faisait merveille !
La transmission au Ballet Nice Méditerranée, réalisée par les danseurs du Ballet Biarritz Giuseppe Chiavarro Frederik Debert (qui tenaient à la création les rôles de la marâtre et d’une des deux sœurs), s’est faite en douceur au point que l’on a l’impression avec les vingt danseurs de l’excellente compagnie niçoise de retrouver dix ans après le même spectacle dans toute sa fraîcheur, sa magie et sa perfection.
Olivier Brunel
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