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Soirée russe

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana)
08/05/2023 -  
Serge Prokofiev : Sonate pour deux violons en ut majeur, opus 56
Dimitri Chostakovitch : Quintette pour piano et cordes en sol mineur, opus 57 [*]
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : La Belle au bois dormant, opus 66 : « Valse » (arrangement Serge Rachmaninov) – Casse‑Noisette, opus 71 : « Marche », « Danse du Prince et de la Fée Dragée », « Trépak », « Café (Danse arabe) », « Danse des mirlitons » & « Valse des fleurs » (arrangement Eduard Langer)

Emmanuel Coppey, Vassily Chmykov (violon), Paul Zientara (alto), Maxime Quennesson (violoncelle), Gaspard Thomas [*], Arthur Hinnewinkel, Gabriel Durliat (piano)


E. Coppey, V. Chmykov (© Stéphane Guy)


C’est devant une assistance heureusement assez nombreuse que s’est déroulé le cinquième concert du vingt‑deuxième Août musical deauvillais, avec peut‑être un peu plus de jeunes que d’habitude. Etait‑ce dû à cette nouvelle journée maussade empêchant toute fréquentation de la plage ? Au fait qu’il s’agissait d’un samedi soir ? Au programme ? On ne sait. Quoi qu’il en soit, l’affiche avait de quoi attirer avec des noms associés au romantisme échevelé ou au modernisme acerbe. Elle était exclusivement russe, les Russes étant, comme on l’avait déjà constaté en 2014, décidément toujours en route pour Deauville depuis que Nijinski inaugura la saison du casino en 1912. L’ambassade russe ne jouit‑elle pas d’ailleurs toujours d’une énorme villa en bord de mer ?


Le concert débuta par la Sonate pour deux violons (1932) de Serge Prokofiev (1891‑1953), une œuvre qui désarçonne quelque peu par ses changements de style et qui n’est pas exempte de passages à vide derrière son écriture assez diabolique. Deux violonistes, nés la même année, en 1999, étaient à la manœuvre. On retrouvait avec plaisir le talentueux Vassily Chmykov, très apprécié lors des concerts précédents et on découvrait une nouvelle tête, Emmanuel Coppey, appelé à se produire dans pas moins de trois autres soirées. Les deux se complétèrent fort bien. Leurs violons, aux parties équilibrées, font preuve de délicatesse dans le deuxième mouvement ; ils se chamaillent, s’éloignent et se poursuivent dans le dernier, virtuose et teinté de sarcasmes. Celui d’Emmanuel Coppey paraît encore un peu vert et timide tout en restant prometteur tandis que Vassily Chmykov domine encore une fois superbement son sujet.



G. Thomas, E. Coppey, V. Chmykov, P. Zientara, M. Quennesson (© Stéphane Guy)


Dans le Quintette pour piano et cordes (1940) de Dimitri Chostakovitch (1906‑1975), Emmanuel Coppey paraît plus assuré tout en ayant un peu de mal à s’affirmer face à ses camarades. Les autres interprètes fournissent des prestations remarquables. Gaspard Thomas par exemple, au piano et au jeu faisant penser à Tatiana Nikolaïeva, mène la danse dans le Scherzo, volontairement grotesque, et devient implacable dans l’Intermezzo pour finir sur un ton martial teinté d’ironie. Paul Zientara, dont on n’a pas encore eu l’occasion de souligner cet été les qualités, est impérial comme à son habitude. C’est un altiste de très haute tenue. Tous produisent une interprétation captivante de bout en bout et même prenante.



A. Hinnewinkel, G. Durliat (© Stéphane Guy)


La seconde partie du concert est plus légère puisqu’il s’agit d’extraits des ballets La Belle au bois dormant et Casse‑Noisette de Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840‑1893) dans leur transcription pour piano à quatre mains, respectivement de Serge Rachmaninov et d’Eduard Langer, autre pianiste russe (1835‑1905). Arthur Hinnewinkel (né en 2000), une valeur déjà sûre, et Gabriel Durliat (né en 2001), un pianiste très prometteur, forment un autre duo tout à fait convaincant. Les versions pour piano des ballets fonctionnent assez bien et les deux interprètes n’abusent pas de rubato. Le charme opère quasiment comme dans les versions orchestrales bien connues et on se laisse entraîner sans honte ni retenue.


Le public est évidemment ravi et demande un bis. Les interprètes le prennent alors à rebrousse‑poil avec un plaisir non dissimulé. Ce sera – choix original – la transcription par Tchaïkovski lui‑même réalisée en 1893 du dernier mouvement de sa Sixième Symphonie « Pathétique » ; après des moments bien plaisants grâce aux ballets, il nous fallait bien un petit coup de déprime. Cette fois, le résultat de la transcription convainc cependant un peu moins d’autant que l’on décèle quelques menus problèmes de coordination. Mais le concert reste une nouvelle fois mémorable.


Il y en aura sans doute d’autres parmi les cinq autres programmés d’ici la fin du festival, le 12 août.



Stéphane Guy

 

 

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