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Nouvelles générations

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Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana)
08/04/2023 -  
Benjamin Britten : Six Metamorphoses after Ovid, opus 49 : 1. « Pan », 5. « Narcissus » & 6. « Arethusa » – Phantasy‑Quartet, opus 2
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor avec hautbois, K. 368b [370](*) – Andante et Variations pour piano à quatre mains, K. 501 – Sonate pour piano à quatre mains, K. 521

Gabriel Pidoux (hautbois), Vassily Chmykov, David Moreau [*] (violon), Paul Zientara (alto), Stéphanie Huang (violoncelle), Gaspard Thomas, Gabriel Durliat (piano)


Le quatrième concert du vingt‑deuxième Août musical de Deauville se tenait à nouveau, après l’expérience plutôt réussie de la veille aux Franciscaines, dans la salle Elie de Brignac‑Arqana, normalement affectée aux ventes de chevaux mais qui s’avère bien adaptée aux concerts de musique de chambre, surtout depuis la pose d’un platelage de bois sur le sol en béton où se produisaient les musiciens il y a quelques années.


Il débute par un solo de hautbois : trois extraits des six pièces des Métamorphoses d’après Ovide (1951) de Benjamin Britten (1913‑1976). Gabriel Pidoux (né en 1997), qui les interprète et dont c’est la première participation au festival, apparaît pour l’occasion à la tribune où se positionne normalement la direction des ventes de chevaux. Initialement violoniste, fils du violoncelliste Raphaël Pidoux et petit‑fils du violoncelliste, également, Roland Pidoux, il a fini par choisir le hautbois comme instrument de prédilection. Il a bien fait car il réussit pleinement ces pages du compositeur anglais. « Pan » se situe quelque part entre Tristan et Berio, dont il préfigure un peu avec ses notes répétées la Sequenza VII (1969) écrite pour Heinz Holliger. « Narcisse » est nimbé d’étrangetés tandis qu’« Aréthuse », qui demande pas mal de souffle, comporte des difficultés que Gabriel Pidoux surmonte sans problème.


Un trio de cordes rejoint ensuite l’artiste pour prolonger ce petit voyage original sur les terres anglaises par un superbe Quatuor‑Fantaisie (1932) du même Britten, en un seul mouvement mais comportant des sections assez nettes (marche, allegro giusto, andante, allegro et retour de la marche). Composé à 19 ans, c’est déjà du Britten. Malgré des pizzicatos pas toujours réussis de la violoncelliste, les quatre musiciens savent donner de l’esprit à la marche du début, faire chanter leur instrument dans les passages lyriques centraux avant de tendre leur discours avec une pointe d’inquiétude assez subtile, et avant que les nuages ne s’éloignent dans une marche finale, un brin ironique et pas très éloignée au fond de celle de Pierre et le Loup (1936) de Prokofiev.


On change ensuite complètement d’univers avec un Quatuor pour hautbois et trio à cordes (1781) de Wolfgang Amadeus Mozart (1756‑1791). La coordination est parfaite. Gabriel Pidoux ne fait qu’un avec son instrument et le premier mouvement est une fête pour les oreilles. L’Adagio central est à pleurer tandis que le Rondeau final est empreint de gaîté et d’une légèreté des plus plaisantes. Gabriel Pidoux a raison d’arborer dans ses saluts un large sourire. On espère le revoir bientôt.


Après la pause, on continue avec Mozart. L’Andante et Variations pour piano à quatre mains (1786) est interprété par Gaspard Thomas à gauche du clavier et Gabriel Durliat à droite, celui‑ci déployant un jeu très clair mais un tantinet dur ce soir. Les deux camarades représentent la dernière génération de musiciens du festival mais constituent par leur brio à l’évidence son avenir. Ils changent de côté pour la Sonate K. 521 (1787), d’une folle imagination et qui requiert une haute technicité. La coordination est parfaite et Gaspard Thomas sait faire chanter sa partie de façon exemplaire. Les deux pianistes donnent les couleurs de l’insouciance au superbe Allegretto final. Ils faut être jeune et un peu inconscient des difficultés de la carrière de pianiste pour jouer comme cela.


Ils ne s’arrêtent pourtant pas là puisque, à l’issue des rappels, ils se lancent dans leur arrangement pour quatre mains de la suite pour piano de L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky qu’ils avaient interprétée la veille aux Franciscaines (« Danse infernale », « Berceuse » et « Final »). Le piano est assurément meilleur et la prestation convainc davantage, notamment son « Final » échevelé, véritable feu d’artifice même si, malgré le déluge de notes, la version pour quatre mains ne peut définitivement rivaliser avec l’orchestre prévu en 1910. L’approche est ce soir plus limpide mais Gaspard Thomas résiste mieux à la tentation du martèlement que son camarade Gabriel Durliat qui, dans un enthousiasme tout juvénile, se lâche et veut en découdre en se jetant littéralement sur les touches du côté des graves, prêt à faire exploser l’instrument.



Stéphane Guy

 

 

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