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Des racines et des cordes

Normandie
Angiens (Eglise Saint-Martin-et-Saint-Sébastien)
07/30/2023 -  et 24 mars 2023 (Grimaud), 23 ou 28 mars (Perpignan) 2024
Reinhold Glière : Huit Morceaux, opus 39 : 1. Prélude
Béla Bartók : Quarante‑quatre Duos, Sz. 98 : 22. « Danse du moustique », 27. « Danse du boiteux », 28. « Chagrin », 32. « Danse de Marmatie » & 35. « Kolomeïka ruthène »
Johann Sebastian Bach : Suite pour violoncelle seul n° 3, BWV 1009 – Partita pour violon seul n° 2, BWV 1004 : 5. Chaconne
Philippe Hersant : Porqué llorax
Zoltán Kodály : Duo pour violon et violoncelle, opus 7

Elsa Grether (violon), Ophélie Gaillard (violoncelle)


E. Grether, O. Gaillard (© Les Musicales de Normandie)


Habituées des Musicales de Normandie, Elsa Grether (née en 1980) et Ophélie Gaillard (née en 1974) ne s’y étaient jamais produites ensemble : c’est désormais chose faite avec ce programme intitulé, presqu’à l’image d’une émission de télévision, « Des racines au ciel » et donné à Angiens, à peu près à mi‑chemin entre Fécamp et Dieppe. Comme au temple de Luneray la veille pour le récital de Pierre Hantaï, pas une seule place ne reste libre dans la belle église Saint-Martin-et-Saint-Sébastien (XIIe‑XVIIe).


Elles débutent par un court Prélude qui n’était pas annoncé, celui des Huit Morceaux (1909) de Reinhold Glière, natif de Kiev. Au‑delà de l’hommage à la lutte des Ukrainiens, il n’y a pas de solution de continuité avec les cinq extraits des Quarante‑quatre Duos (1931) de Bartók (originellement pour deux violons) immédiatement enchaînés, puisque deux d’entre eux font référence à des régions de ce pays, la Marmatie et la Ruthénie. Les deux musiciennes mettent aussi bien en valeur le caractère expressif de ces pièces que leur alacrité.


« Pour faire venir le soleil », il est vrai assez parcimonieux dans ses apparitions depuis plusieurs jours en Normandie, Ophélie Gaillard a finalement préféré le radieux ut majeur de la Troisième Suite au  mineur introverti de la Deuxième. Alors ce sera la danse plutôt que la rhétorique, sans romantisme déplacé dans la Sarabande, avec la force de l’évidence, droit au but, impression sans doute accentuée par le fait qu’elle ne joue pas les reprises. De même, dans la mythique Chaconne de la Deuxième Partita, Elsa Grether, plus physique que métaphysique, se situe plus près des racines que du ciel mais elle convainc pleinement par son engagement, sa prise de risque, sa virtuosité et, encore plus difficile, par sa manière de tenir le fil et de maîtriser la construction de cette page.


Les deux musiciennes sont à nouveau réunies dans Porqué llorax (2012) d’Hersant, qui doit son titre à Pourquoi pleures‑tu ?, « une vieille chanson sépharade originaire de Salonique » enregistrée en son temps par Montserrat Figueras avec Jordi Savall. Elles s’investissent avec beaucoup de puissance, de lyrisme et de générosité dans ce thème répété jusqu’à l’obsession. Remarquablement servi par un violon impeccable jusqu’au suraigu et un violoncelle tour à tour agile et sonore, le Duo (1914) de Kodály se lance toutes voiles dehors, avant un Adagio à la hauteur de l’intensité exigée et un Finale animé par un irrésistible élan vital. En bis, la troisième pièce du recueil de Glière qui avait ouvert le concert, une Berceuse, confirme tout l’intérêt qu’il y aurait à explorer l’œuvre d’un compositeur dont on ne joue même presque plus la Troisième Symphonie ou les concertos (cor, harpe, colorature) qui avaient fait sa renommée.


Le site de Philippe Hersant
Le site d’Elsa Grether
Le site d’Ophélie Gaillard



Simon Corley

 

 

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