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Les surprises de Pierre Hantaï

Normandie
Luneray (Temple)
07/29/2023 -  
Œuvres de Louis Couperin, François Couperin, Johann Sebastian Bach, Jean‑Philippe Rameau et Georg Friedrich Händel
Pierre Hantaï (clavecin)




Pour leur dix‑huitième édition, du 28 juillet au 31 août, les Musicales de Normandie demeurent fidèles à une formule qui a visiblement trouvé son public : parcourir toute la Seine‑Maritime (et même un peu) l’Eure en proposant trente‑huit concerts rassemblant des artistes renommés dans une programmation à dominante baroque (ensembles Correspondances, La Rêveuse, L’Escadron volant de la Reine, Le Poème Harmonique, Les Surprises, Les Ambassadeurs, Les Musiciens de Saint‑Julien...) mais également ouverte à d’autres répertoires (Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel, Stéphanie-Marie Degand, Tedi Papavrami, Marie Vermeulin, Quatuor Modigliani, accentus...) et même à de prometteuses hybridations (François Salque et Vincent Peirani, le zarb de Keyvan Chemirani...).



P. Hantaï (© Jean‑Baptiste Millot)


Le clavecin (français) est particulièrement servi cette année : avant Jean Rondeau et Justin Taylor, Pierre Hantaï (né en 1964) donne un de ces récitals dont il a le secret. Etant de ceux qui se refusent à annoncer un an, un mois ou même une semaine à l’avance ce qu’ils vont jouer et qui n’aiment jamais donner deux fois le même programme, il préfère proposer au public une sélection de pièces, comme au débotté, qu’il présente et commente avec sobriété, pédagogie et une once d’humour pince sans‑rire.


Dans ces conditions, le programme distribué aux spectateurs ne pouvait être que laconique, se bornant à mentionner Couperin, Rameau et Bach. Mais qu’importe ? Plus une seule place dans le temple (XIXe) de Luneray, en pays de Caux, à une vingtaine de kilomètres au sud‑ouest de Dieppe. Il est vrai qu’à 16 euros (au tarif plein !), ce n’est même plus une affaire ou une aubaine : on y court ventre à terre sans se poser de questions, les yeux fermés mais les oreilles grandes ouvertes.


Avant d’en venir aux compositeurs annoncés, une Chaconne de Louis Couperin introduit une soirée placée sous le signe des affinités franco-germaniques dans la première moitié de XVIIIe siècle. L’instrument lui‑même est du début du siècle et de facture allemande, et le Cinquième Prélude (en la) de L’Art de toucher le clavecin puis « Les Ondes », qui clôt le Cinquième Ordre de Pièces pour clavecin de François Couperin permettent de se familiariser avec sa sonorité à la fois claire et moelleuse, sa puissance mais aussi son accord agréable à l’oreille.


Rigueur et liberté, souplesse des ornements et vélocité des traits, fluidité et fantaisie, le claveciniste coche toutes les cases, ce que confirme un petit florilège de pages de Bach, avant deux pièces de Rameau, la Sarabande de la Suite en la et « Les Tourbillons » de la Suite en ré. Haendel n’était pas prévu, mais cela aurait été dommage de se priver de l’intégrale de sa Suite en ré mineur (troisième du premier recueil), exemplaire en tout point, où l’Italie (Air à variations et Presto final) s’invite aux côtés de l’Allemagne et de la France.


Comme Hantaï le fait observer, pas de bis puisqu’il n’y avait pas de programme préétabli, mais on pourra y assimiler les trois pages qu’il a choisies pour clore la soirée et avant d’éteindre la lumière de son pupitre, dont « La Jupiter », éblouissant tour de force qui conclut la Cinquième Suite de Forqueray, et le Capriccio final de la Deuxième Partita de Bach. Il faudra rallumer les lumières pour décourager ceux des spectateurs qui en auraient voulu encore davantage.


Le site des Musicales de Normandie
Le site de Pierre Hantaï



Simon Corley

 

 

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