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Musique et glamour

Paris
Philharmonie
06/27/2023 -  et 28* juin 2023

27 juin 2023 – et 22 juin (New York), 2 juillet (Baden‑Baden) 2023
Leonard Bernstein : Danses symphoniques de West Side Story
Matthew Aucoin : Heath (King Lear Sketches)
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette
Giuseppe Verdi : Otello (Acte IV)

Angel Blue (Desdemona), Russell Thomas (Otello), Deborah Nansteel (Emilia), Errin Duane Brooks (Cassio), Michael Chioldi (Jago), Richard Bernstein (Lodovico), Adam Lau (Montano)


28 juin 2023 – et 16 juin (New York), 1er juillet (Baden‑Baden) 2023
Hector Berlioz : Le Corsaire, opus 21 – Les Troyens : « Chers Tyriens », Chasse Royale et Orage & « Adieu, fière cité » – Symphonie fantastique, opus 14
Joyce DiDonato (mezzo-soprano)
The Met Orchestra, Yannick Nézet-Séguin (direction)


Y. Nézet-Séguin (© Ondine Bertrand/Cheeese)


Peut-on concilier musique et glamour ? Cela semble une question d’épreuve de philosophie à laquelle on gage que le Canadien Yannick Nézet‑Séguin, directeur musical depuis quatre ans du Met Orchestra, l’Orchestre du Metropolitan Opera de New York, serait reçu haut la main !


De retour à Paris après 22 ans d’absence, la phalange américaine a donné à la Philharmonie de Paris deux concerts aux copieux programmes bien étudiés pour montrer un savoir‑faire indéniable auquel son chef a su imprimer l’indispensable pincée de glamour pour faire étinceler l’événement. Par le programme d’abord, avec deux facettes : symphonique et lyrique et pour ce faire la présence de deux stars de la maison, la très emblématique Joyce DiDonato reine berliozienne et, remplaçant l’autre sar maison Renée Fleming, initialement annoncée pour chanter Desdémone, l’étoile montante Angel Blue que Paris a déjà applaudie lors des saisons passées à l’Opéra et en septembre dernier dans cette même Philharmonie dans un magnifique Knoxville: Summer of 1915 de Samuel Barber.


Pour le répertoire symphonique, l’orchestre, pour ouvrir le premier des deux concerts, a envoyé d’emblée une violente décharge électrique avec les Danses symphoniques de West Side Story, dans lesquelles il a montré l’excellence de ses pupitres de vents, bois et percussions et une extraordinaire qualité rythmique, sous la direction parfois un peu excessive en volume sonore comme en expression dynamique de son chef. Le reste des programmes aura permis d’apprécier la très belle homogénéité de la phalange, à l’image de ce que font souvent les orchestres en tournée pour démontrer leurs qualités individuelles et comme n’avait pas manqué de le faire Nézet‑Séguin à l’ouverture de la saison avec l’Orchestre de Philadelphie, dont il est aussi le directeur musical depuis dix ans. L’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski comme l’ouverture Le Corsaire, et encore plus la Symphonie fantastique de Berlioz et son sublime intermède « Chasse royale et Orage » des Troyens, ont permis de savourer la cohésion de cet orchestre de fosse qui sait parfaitement doser ses effets, même sous la pression d’un chef qui cherche souvent un peu trop à le faire sortir de ses gonds.



J. DiDonato (© Ondine Bertrand/Cheeese)


Pour l’opéra, on n’avait pas lésiné avec, pour le quatrième acte d’Otello, aux côtés d’Angel Blue qui s’y taille la part du lion, l’Otello un peu sourd mais très dramatique de Russell Thomas et tout le reste de la distribution jusqu’aux derniers rôles qui n’ont à peine une réplique à chanter ! Angel Blue est vocalement irréprochable dans les deux airs qu’elle enchaîne mais on pourrait souhaiter un peu plus de dramatisme dans l’Ave Maria et de nuances dans les strophes du « Saule ». Le lendemain, c’est Joyce DiDonato en grande tenue de Reine de Carthage qui chantait les deux airs phares de Didon, « Chers Tyriens » et « Adieu, fière cité », avec une très grande classe et, même si la diction n’était pas parfaite, donnait une belle leçon de style berliozien. Elle est revenue après la Symphonie fantastique ajouter une pincée de nostalgie (Yannick Nézet‑Séguin s’était quasi agenouillé pour lui baiser les mains après ses airs de Didon) pour clore cet événements avec un magnifique « Morgen » de Richard Strauss.


Il faut ajouter un troisième volet à ce programme, qui comportait la première française de Heath (King Lear Sketches) du jeune compositeur américain Matthew Aucoin (né en 1990), créé quelques jours avant au Carnegie Hall de New York par les mêmes interprètes. Sous la forme d’un poème symphonique, c’est une courte suite tonale de quatre pièces qui évoquent les atmosphères dramatiques de la pièce de Shakespeare avec une grande continuité narrative, une très belle science de l’orchestration, assez riche car l’effectif était à peu près le même que pour les Danses symphoniques de Bernstein. Autre concession à la musique américaine, avec la transcription d’Adoration de Florence Price avec violon soliste jouée impeccablement par David Chan, premier violon de l’orchestre. Au sujet de la création, le directeur du Metropolitan Opera, Peter Gelb, qui accompagnait la tournée, avait annoncé lors d’une communication à la presse avant le concert qu’à la suite de l’immense succès des créations lyriques des dernières saisons qui ont été diffusées dans le monde entier par le cinéma (Fire Shut Up in My Bones, The Hours et Champion), la saison prochaine s’ouvrira avec celle de Dead Man Walking de Jake Heggie et comportera également X: The Life and Times of Malcolm X d’Anthony Davis ainsi qu’El Nino de John Adams, et qu’en cinq ans une quinzaine de créations ont été programmées, leur succès au box‑office dépassant souvent celui des pièces maîtresses du répertoire !


Aiguillonné par le très charismatique chef canadien, le succès public remporté par le Met Orchestra a été considérable. Ce dernier n’a rien épargné pour ménager les effets spectaculaires, prise de parole, autocongratulation, réglage des saluts très étudié, faisant parfois basculer un peu les codes traditionnels du concert symphonique vers le show à l’américaine.



Olivier Brunel

 

 

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