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Décevante reprise

Paris
Palais Garnier
06/20/2023 -  et 21, 22, 23*, 24, 27, 28, 29, 30 juin, 1er, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 15 juillet 2023
L’Histoire de Manon
Kenneth MacMillan (chorégraphie, mise en scène), Jules Massenet (musique), Martin Yates (arrangements, orchestration)
Amandine Albisson/Léonore Baulac*/Dorothée Gilbert/Myriam Ould‑Braham/Ludmila Pagliero/Sae Eun Park (Manon), Guillaume Diop/Mathieu Ganio/Mathias Heymann*/Germain Louvet/Paul Marque/Hugo Marchand/Marc Moreau (Des Grieux), Audric Bezard/Thomas Docquir/Antoine Kirscher*/Pablo Legasa/Francesco Mura/Jérémy‑Loup Quer/Andrea Sarri (Lescaut), Bleuenn Battistoni*/Camille Bon/Héloïse Bourdon/Célia Drouy/Naïs Duboscq/Silvia Saint‑Martin/Roxane Stojanov (Maîtresse de Lescaut), Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Pierre Dumoussaud (direction musicale)
Karl Burnett (reprise), Nicholas Georgiadis (décors, costumes), John B. Read (lumières)


(© Svetlana Loboff/Opéra national de Paris)


Reprise attendue par le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) de la chorégraphie de L’Histoire de Manon de Sir Kenneth MacMillan d’après l’œuvre de l’abbé Prévost, créée pour le Royal Ballet à Covent Garden en 1974 et entrée au répertoire du BOP en 1990. Des grèves des danseurs pour négociations salariales en ont reporté la première représentation.


Outre être un sommet de raffinement dans la magnifique production de Nicholas Georgiadis et la très originale chorégraphie de Kenneth MacMillan si mal accueillie à sa création à Londres comme à New York (déjà à l’époque, le chorégraphe fut accusé par les féministes de misogynie !), L’Histoire de Manon est aujourd’hui un classique. C’est aussi une réussite totale sur le plan du découpage musical. Martin Yates a réalisé une orchestration idéale à partir de musiques de Massenet provenant de l’ensemble de son œuvre... sauf de l’opéra Manon ! Le thème directeur du couple Manon-Des Grieux est la très célèbre Elégie et tout est parfaitement en situation dramatique avec l’action. Malheureusement, pour cette reprise, le chef Pierre Dumoussaud n’a pas rendu justice cette magnifique partition, avec une direction très brutale et clinquante.


C’est avant tout l’intelligence du travail de MacMillan et son immense compréhension et amour des danseurs qui rend cette chorégraphie unique. Toute l’ébouriffante virtuosité dont il a truffé les pas de deux, les solos, les ensembles, est toujours au service de la passion qui ravage le couple Manon-Des Grieux et tous ceux qu’ils entraînent dans un tourbillon infernal. Pour Manon, il a inventé un rôle de femme sensuelle qui ne renie pas son goût pour le luxe et les bijoux et n’hésite pas une seconde à tout leur sacrifier mais garde la tête froide y compris dans la terrible dégringolade du dernier acte.


Pour éclairer notre point de vue sur l’interprétation de cette soirée et cette distribution, il faut dire que l’on on a vu danser sur cette scène les Manon de Sylvie Guillem, Isabelle Guérin, Fanny Gaïda, Aurélie Dupont, qui, chacune, apportaient au rôle une étincelle de leur personnalité et passaient par le spectre des émotions féminines sans ne jamais rien sacrifier à la virtuosité transcendée au point qu’elle ne se voit pas. La danseuse étoile Léonore Baulac maîtrise le rôle sans le transcender. De même pour Des Grieux, que l’on a vu dansé par l’étoile milanaise Roberto Bollé et Manuel Legris avec un engagement total dans un rôle où MacMillan a cumulé les difficultés avec des pas de deux périlleux, acrobatiques même, avec ses glissades au sol et ses portés peu classiques sans parler des longs moments de contemplation immobile où seule peut jouer l’expression d’un visage, d’une main, qui sont pour un soliste autant de cadeaux empoisonnés. Mathias Heymann, dont c’était le retour dans un rôle long et complexe après des mois d’absence pour soigner des blessures survenues relativement tôt après ses débuts de danseur étoile, ne donnait pas, même avec une danse impeccable mais moins fluide qu’à ses débuts, un grand relief à Des Grieux.


Dans le rôle de Lescaut, frère de Manon, Antoine Kirscher paraissait un peu trop jeune pour aller au bout de la vilenie du personnage comme le faisait si bien Kader Belarbi. Bien pâles seconds rôles, Cyril Chokroun en Monsieur de G.M., personnage que transcendait Laurent Queval, Bleuenn Battistoni peu dégingandée dans le rôle de la maîtresse de Lescaut, rôle marqué par Marie‑Agnès Gillot, comme les silhouettes, Laure Adelaïde Boucaud en « Madame », Artus Raveau en Geôlier, rien ne concourait pour faire de cette Histoire de Manon la soirée de danse et de musique inoubliable qu’elle a longtemps été (on approche la quatre-vingt-dixième représentation) sur la scène du Palais Garnier.



Olivier Brunel

 

 

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