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Musique qui se tait pour public bruyant

Paris
Philharmonie
06/22/2023 -  et 16 décembre 2022 (Neuchâtel), 11 (Marseille), 23 (Liège) avril, 10 (Bruxelles), 14 (Wien), 27 (Córdoba) juin, 5 (Palma de Mallorca), 10 (Aix‑en‑Provence), 16 (Split), 18 (Salzburg) août 2023
Federico Mompou : Música callada (extraits)
Franz Liszt : Ballade n° 2
Alexandre Scriabine : Etudes, opus 8 n° 2 et n° 11 – Préludes, opus 11 n° 14, opus 16 n° 1 et n° 4, opus 22, n° 3, et opus 37 n° 1 – Deux Poèmes, opus 63 – Deux Poèmes, opus 71 : 2. « En rêvant, avec une grande douceur » – Deux Danses, opus 73 : 2. « Flammes sombres » – Sonate pour piano n° 10, opus 70 – Vers la flamme, opus 72

Arcadi Volodos (piano)


A. Volodos (© Marco Borggreve)


Le pianiste d’origine russe Arcadi Volodos vient de donner dans la série « Piano 4 Etoiles » dans la grande salle de la Philharmonie de Paris un récital inoubliable avec un programme dont il a le secret. Superlatif et inoubliable !


Soyons clair, Arcadi Volodos figure au top 3 de nos pianistes préférés de cette génération, avec Daniil Trifonov et Alexandre Kantorow. C’est donc toujours avec une impatience quasi religieuse que l’on se déplace pour l’entendre d’autant que chaque nouveau programme est concocté avec science et raffinement, ce dernier étant un hommage à Alicia de Larrocha pour le centenaire de sa naissance.


Hélas ! tout le public qui se presse à la Philharmonie ce soir‑là n’est pas dans le même état de concentration religieuse... A peine posées les premières notes pianissimo de la première pièce de Música callada de Mompou, notre voisine fait claquer la fermeture éclair de son sac à la recherche d’un téléphone perdu, au grand mécontentement de tout un rang d’auditeurs. Pendant les deux premières pièces, le pianiste doit subir deux sonneries de portables. Avec une patience d’ange, l’interprète, qui a certainement dû passer des heures pour élaborer ces pianissimi magiques, demande s’il peut continuer... C’est malheureusement les nuisances qu’il faut accepter de nos jours au concert puisque nombreux sont les spectateurs qui ignorent ce que vivre en société impose comme contraintes.


Le silence enfin rétabli (hormis les nombreuses toux, autre plaie des concerts), on a pu goûter à cette musique au pouvoir hypnotique (Volodos a joué un choix de pièces des quatre cahiers de sa Música callada (« musique qui se tait ») qui s’échelonnent tout au long de sa production), dont le pianiste dit dans une récente interview au magazine Classica qu’« elle est une musique méditative et solitaire, imprégnée d’esprit bouddhiste où les sonorités se fondent dans un silence métaphysique : le “silence sonore” ». Idéal pour commencer un concert au programme aussi élaboré, à condition que le public soit aussi callado que la musique...


La très épique Seconde Ballade de Liszt, contemporaine de la Sonate, autrefois un cheval de bataille de Volodos, qui a depuis longtemps renoncé aux programmes de pure virtuosité comme à la pratique du concerto pour se concentrer sur des récitals aux programmes recherchés, souverainement maîtrisée, faisait le pont entre les deux parties « métaphysiques » du programme. Car après l’entracte, il avait élaboré une suite de pièces de Scriabine allant d’un extrême à l’autre de sa production depuis des pièces encore imprégnées d’un postromantisme post-Rachmaninov aux très ésotériques Poèmes que sont « Masque », « Etrangeté » et surtout les mystiques pièces de la fin de sa production : « Flammes sombres », la Dixième Sonate et surtout Vers la flamme. Quarante‑cinq minutes de musique paraissant improvisée pour un autre type d’envoûtement, faisant surgir du piano toute une série d’images fantastiques, que ce magicien du son a imposées à un public, à la concentration enfin domptée, qui a écouté plus religieusement.


Le concert s’est achevé avec une pyrotechnique transcription de la « Danse rituelle du feu » de L’Amour sorcier de Falla. Volodos sera de retour le 23 mai 2024 dans un programme Brahms-Schubert, fleuron de la prochaine saison de « Piano 4 Etoiles », qui verra revenir, à la Philharmonie comme au Théâtre des Champs‑Elysées, Martha Argerich et Stephen Kovacevich, Ivo Pogorelich, Dmitry Masleev, Sunwook Kim, Elisabeth Leonskaïa, András Schiff, Nelson Goerner et Yundi Li.



Olivier Brunel

 

 

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