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La Bohème, opéra de chef

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/15/2023 -  et 17, 19, 22, 24 juin 2023
Giacomo Puccini : La bohème
Selene Zanetti (Mimi), Pene Pati (Rodolfo), Alexandre Duhamel (Marcello), Francesco Salvadori (Schaunard), Guilhem Worms (Colline), Amina Edris (Musetta), Marc Labonnette (Alcindoro, Benoît), Rodolphe Briand (Parpignol)
Chœur Unikanti, Maîtrise des Hauts-de-Seine, Gaël Darchen (direction), Orchestre national de France, Lorenzo Passerini (direction musicale)
Eric Ruf (mise en scène et scénographie), Glysleïn Lefever (chorégraphie), Christian Lacroix (costumes), Bertrand Couderc (lumières)


P. Pati, S. Zanetti (© Vincent Pontet)


Ce n’est pas Le Passage de la mer Rouge que peint Marcel, mais l’ancien rideau des Champs‑Elysées. Il introduit Rodolphe à l’intérieur du théâtre, qui va rencontrer une couturière... Encore du théâtre dans le théâtre, le va‑et‑vient entre l’histoire, la coulisse et la salle. Eric Ruf ignorerait-il que la mise en abyme est devenue, depuis un certain temps déjà, la tarte à la crème de la mise en scène lyrique ? Plus qu’une idée neuve, une vieille recette. Il signe en réalité une Bohème au réalisme littéral et convenu, au souffle court, avec une direction d’acteur banalement affûtée. On a connu l’administrateur de la Comédie-Française plus inventif – notamment dans un magnifique Pelléas et Mélisande.


Finalement, on n’a d’yeux que pour la fosse, pour un Lorenzo Passerini tout juste trentenaire, le théâtre chevillé au corps, débordant de vie et de couleurs, prenant des risques mais ne se laissant pas déborder, en un équilibre idéal entre la rigueur de l’analyse et la générosité de l’effusion. C’est lui, au fond, qui met en scène cette Bohème, à la tête d’un National des meilleurs soirs, et en fait un opéra de chef.


On attendait beaucoup Pene Pati. L’émission haute, le souci des nuances, l’élégance de la ligne en font un Rodolfo de classe, plus mélancolique que fougueux, mais l’aigu est un peu contraint au début et la projection semble parfois limitée pour la salle – ce n’est pas Favart, où son Roméo avait mis tout le monde à genoux. Selene Zanetti, en tout cas, ne lui est pas assortie, peut-être trop spinto ici, qui ne révèle guère la fragilité de la grisette. Un vibrato envahissant nuit à une ligne de chant probe mais routinière. On se demande si Amina Edris, Musette au timbre fruité, déliée et piquante sans vulgarité, n’aurait pas fait une meilleure Mimi.


Alexandre Duhamel, très belle voix certes, devra affiner son Marcello, Guilhem Worms reste un peu vert – et pas assez italien – en Colline, si bien qu’on remarque surtout, parmi la bande, le Schaunard au superbe mordant de Francesco Salvadori, presque surdimensionné.



Didier van Moere

 

 

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