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The Marvelous Mrs Streich and Wolfe

Berlin
Philharmonie
06/08/2023 -  et 9, 10 juin 2023
Lisa Streich : ISHJÄRTA (création)
Julia Wolfe : Pretty (création)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Francesca da Rimini, opus 32

Berliner Philharmoniker, Kirill Petrenko (direction)


L. Streich (© Manu Theobald)


Si les deux œuvres créés lors de cette soirée ont en commun de présenter des portraits de femmes et d’avoir été écrites par des compositrices, il serait difficile de trouver cependant des styles aussi différents. ISHJÄRTA (« cœur de glace ») de la Suédoise Lisa Streich explore une myriade de nuances infinitésimales et une science de demi‑tons tandis que Pretty de l’Américaine Julia Wolfe est une pièce directe et ébouriffante.



J. Wolfe (© Peter Serling)


Appelées toutes les deux avant chaque pièce sur scène, les deux compositrices ont peut‑être cependant en commun de ne pas être tant à leur aise dans l’exercice délicat de s’exprimer en public. Lisa Streich fait beaucoup d’efforts pour ne dire qu’un minimum de mots tandis que Julia Wolfe semble pressée de revenir à sa place. La présentation que font Kirill Petrenko et ses musiciens pour illustrer certains des effets d’orchestration est plus heureuse mais n’est‑ce pas sous‑estimer le public et surtout les compositrices que de vouloir vraiment essayer d’expliquer de nouvelles œuvres ?


ISHJÄRTA se caractérise par une dynamique très large. L’œuvre démarre par un thème discrètement esquissé au pupitre des seconds violons. Certains passages ont plus de force, voire une certaine violence, mais c’est pour mieux revenir à des sonorités diaphanes. Par opposition, Pretty démarre avec beaucoup de brio, dans un certain style de folk music américaine. Mais cette pièce, qui est une suite d’ostinatos passant avec beaucoup de gouaille aux différents pupitres, montre la maîtrise de l’orchestration de la compositrice américaine. Le son est construit et les effets sont assez variés. Il y a une joie de vivre assez contagieuse et les musiciens sont tout sourire dans cette pièce décomplexée. Dans les deux œuvres, les Berlinois sont dans leurs élément tout comme dans ils le seraient dans du Bruckner ou du Beethoven : puissance et couleur des tutti, capacité à trouver des équilibres orchestraux dans des dynamiques aussi variées.


En seconde partie, c’est un autre portrait de femme qui est proposée avec Francesca da Rimini de Tchaïkovski. Il y a cependant une certaine continuité stylistique avec les recherches chromatiques des bois et la densité du son que dégage l’orchestre. La lecture que donne Kirill Petrenko est loin de toute sentimentalité déplacée. Les couleurs ne sont pas sans évoquer certaines pages de Wagner et la mise en place du chef très précis qu’est Petrenko est aussi stricte que celle des créations contemporaines. Voici un Tchaïkovski fondamentalement « moderne » qui a sa place à côté de l’intériorité de Lisa Streich ou de la brillance de Julia Wolfe.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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