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En couleurs et en rythme

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
10/09/2022 -  
Georges Enesco : Rhapsodie roumaine n° 1, opus 11
Aram Khatchaturian : Concerto pour violon
Zoltan Kodály : Háry János : Suite
Johannes Brahms : Danses hongroises n° 1 à n° 5

Nemanja Radulovic (violon)
Belgian National Orchestra, Stanislav Kochanovsky (direction)


N. Radulovic (© Milan Djakov)


Pour attirer un nouveau public, l’Orchestre national de Belgique expérimente une nouvelle formule en réalité pas si neuve : des concerts d’une heure, à un tarif réduit, sans compromis sur la qualité – trois sont ainsi programmés cette saison. La formation reprend ce dimanche en matinée le programme de celui du vendredi, en ajoutant d’autres compositions afin de porter la durée à une longueur plus traditionnelle. Le risque d’une telle entreprise, louable sur le papier, est, selon nous, de se détourner des habitués qui ne se contentent pas de peu ou qui renoncent à se déplacer, parfois de loin, pour seulement une heure de musique.


Pourtant, les spectateurs qui se sont rendus à cette occasion pour la première fois dans la Salle Henry Le Boeuf l’avant‑veille aurait probablement aussi apprécié de découvrir l’irrésistible et stimulante Première Rhapsodie roumaine (1901) d’Enesco. Une épreuve redoutable attend les bois : débuter à froid et à découvert, mais ils réussissent admirablement leur entrée. Sous la direction de Stanislav Kochanovsky, les autres pupitres interviennent rapidement en affichant la fluidité et la vigueur attendues. L’exécution séduit aussi par son impeccable progression vers la spectaculaire conclusion.


La tenue et la coiffure décontractées de Nemanja Radulovic donnent évidemment l’impression au Béotien que l’univers de la musique dite classique n’est finalement pas si guindé. Le jeu du charismatique violoniste dans le Concerto (1940) de Khatchaturian paraît a contrario bien moins excentrique. Le soliste affiche même en permanence, outre une maîtrise technique incontestable, une sincérité dans les intentions tout à fait appréciable. Il délivre une interprétation chaleureuse, puissamment lyrique, contrastée et colorée, tranchante parfois aussi, mais sans excès, et au souffle véritablement grandiose. L’exécution tout aussi captivante et éloquente de l’orchestre témoigne d’une conception solide et d’un travail détaillé. Le chef s’attache à restituer, au même titre que le violoniste, le caractère rythmique, voire dansant, de cette œuvre qui mérite de figurer plus souvent au programme, tout comme le Concerto pour piano du même auteur. Nemanja Radulovic remercie le public, sans la moindre surprise, avec la sempiternelle Sarabande de la Deuxième Partita de Bach, de belle tenue, toutefois.


La seconde partie répond également aux attentes, et même les dépasse par moments. Impressionnants de maîtrise et d’expressivité, les différents pupitres s’illustrent brillamment dans la Suite d’Háry János (1926) de Kodály dont ils mettent superbement en valeur les thèmes mémorables et les sonorités évocatrices. Les cordes, en particulier, affichent une homogénéité et une souplesse réjouissantes, également dans les cinq Danses hongroises de Brahms sur lesquelles le concert s’achève. Même dans ces pages rebattues, Stanislav Kochanovsky évite tout effet facile, et il ajuste avec élégance la puissance et le rythme de cette musique, sans excès, ni racolage. Ces pages filent ainsi avec allure, et même une pointe d’émotion.


En juin, l’orchestre, mécontent, appelait à la démission de l’intendant. Le voici sur scène après les applaudissements pour rendre hommage au chef de pupitre des clarinettes, Jean‑Michel Charlier, qui part à la retraite après une longue carrière, non sans au préalable formuler d’autres annonces, dont le concert à ne surtout pas manquer du 22 octobre – Thomas Hampson vient chanter Mahler – et saluer de façon un peu trop appuyée, comme s’il voulait aplatir les différends, ou comme si tout cela est de l’histoire ancienne, l’engagement des musiciens.


Le site du Belgian National Orchestra



Sébastien Foucart

 

 

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