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Quand la danse donne à réfléchir

Biarritz
Théâtre de la Gare du Midi
09/18/2022 -  & 31 août 2022 (Annemasse), 4, 5 (Rouen), 7 (Evreux) février, 25, 26 mai (Orléans) 2023

Faun

Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie), Claude Debussy, Nitin Sawhney (musique)
Yumi Aizawa, Juan Pérez Cardona (danseurs)
Adam Carrée (scénographie, lumières), Hussein Chalayan (costumes)


Noetic
Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie), Szymon Brzóska (musique)
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Antony Gormley (scénographie), David Stokholm (lumières), Les Hommes (costumes), Adolphe Binder (dramaturgie)


Faun (© Olivier Houeix)


Pour la dernière soirée d’une trente‑deuxième édition longue et très éclectique du « Temps d’Aimer la Danse » à Biarritz, c’est une compagnie étrangère qui eut l’honneur de la clôture, le Ballet du Grand Théâtre de Genève, avec deux chorégraphies de son nouveau directeur, Sidi Larbi Cherkaoui,, qui a succédé à Philippe Cohen décédé l’an dernier.


Nommé à plusieurs reprises meilleur chorégraphe de l’année, le Flamand d’origine marocaine Sidi Larbi Cherkaoui, aujourd’hui âgé de 46 ans, nous a souvent ébloui avec des chorégraphies détonantes issues du mouvement hip hop tant dans les festivals qu’à la tête du Ballet royal des Flandres à Anvers. Le spectacle qu’il a présenté cet été dans les festivals et qui sera à l’affiche genevoise à la rentrée est assez mal équilibré avec une œuvre très courte, Faun, une de ses plus anciennes et célèbres chorégraphies créée en 2009 au théâtre Sadler’s Wells de Londres, et une pièce (trop) longue, Noetic créé au Danemark en 2014, nécessitant un long changement de dispositif scénique à défaut de décor.


Faun est dansé devant une vidéo qui représente une forêt en automne par deux personnages, la Nymphe et le Faune. Loin de toute influence nijinskienne, la danse est souple, fluide sensuelle et les gestes vont droit au but. Autant la nymphe de Yumi Aizawa que le Faune de Juan Pérez Cardona, un danseur à la plastique exceptionnelle, nous entraînent dans ce duo à l’érotisme contrôlé. La musique de Debussy est additionnée d’une révision de Nitin Sawhney qui ajoute une touche bien inutile d’acidité à la partition.



Noetic (© Olivier Houeix)


Noetic fait partie d’un triptyque engagé par Sidi Larbi Cherkaouien avec la troupe du GöteborgsOperans Danskompani et orienté vers une réflexion sur la finalité de la vie terrestre. Elle commence par une brillante et énergique explosion des vingt danseurs en tenue de ville sombre. Peu à peu sont introduites sur scène des lames de carbone, créées par le plasticien britannique Antony Gormley, qui sont déployées en arceaux avant de former des sphères qui vont jusqu’à avoir leur autonomie sur scène. C’est parfois bluffant mais ce qui l’est moins et sonne le glas de la patience du spectateur qui va voir des ballets pour rêver, c’est le retour d’un procédé que l’on croyait mort et enterré. Un peu de chant sur scène pourquoi pas, la chanteuse Ana Vieira Leite s’en sort pas mal, mais la lecture de textes assommants comme il était de mode à la fin du siècle précédent et qui, de mémoire de spectateur parisien, faisait souvent se vider petit à petit les salles, c’est désespérant et ennuyeux. Renseignements pris, il s’agit de Compréhension et perception de motifs de Jason Silva et d’un texte de Randy Powell sur les nombres, extrait d’une conférence TED (Technology, Entertainment and Design)... On laissera le lecteur se documenter sur les conclusions de l’Institute of Noetic Sciences qui auraient fortement influencé le chorégraphe sur les rapports entre le corps et l’esprit.


Ni la scénographie, un cube blafard éclairé au néon, ni les costumes noirs confectionnés par des designers flamands et encore moins la musique de Szymon Brzóska, malgré l’intervention habile du joueur de taiko Shogo Yoshi, n’ajoutent à cet ensemble le moindre élément onirique.


Invité, on s’est bien tenu, mais avouons que l’on n’avait pas eu depuis longtemps autant envie de siffler. C’est d’autant plus dommage pour une aussi belle compagnie, qui mériterait mieux que d’être mise en avant par des chorégraphies qui donnent à réfléchir plutôt qu’à rêver.



Olivier Brunel

 

 

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