About us / Contact

The Classical Music Network

Oviedo

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Pour oublier 2021

Oviedo
Teatro Campoamor
01/01/2022 -  et 2 janvier 2022
Gioacchino Rossini : Guillaume Tell : Ouverture
Igor Stravinski : Suite n° 2 pour petit orchestre : 2. « Valse »
Johann Strauss (fils) : Wiener Blut, opus 354 – Die Fledermaus : Ouverture – Wein, Weib, Gesang, opus 333 – Kaiserwalzer, opus 437 – An der schönen blauen Donau, opus 314
Dimitri Chostakovitch : Suite de jazz n° 2 : 5. « Petite Polka » & 6. « Valse n° 2 »
Camille Saint-Saëns : Samson et Dalila, opus 47 : Bacchanale
Johannes Brahms : Danse hongroise n° 16 en fa mineur (orchestration Albert Parlow)

Oviedo Filarmonía, Lucas Macías (direction)


(© Stéphane Guy)


De nombreuses copies du concert du Nouvel An du Musikverein de Vienne se sont multipliées dans le monde entier depuis déjà pas mal d’années, le produit autrichien ayant eu un succès considérable, alors que singer le concert viennois, c’est tout de même s’exposer au risque de comparaisons peu flatteuses avec l’original diffusé mondialement sur les ondes (enrobé malheureusement systématiquement par des images d’un kitsch hors d’âge).


Une des belles manières de s’en sortir est de suivre le rituel mais en évitant soigneusement la valse viennoise. C’est la stratégie suivie par exemple par François-Xavier Roth et son orchestre Les Siècles ce 2 janvier 2022 à Paris, le programme étant intégralement français. Ce n’est pas celle suivie par le Filarmonía d’Oviedo cette année, comme en 2018, l’affiche étant somme toute assez classique, avec sa part de tubes viennois, les quelques écarts étant trop rares. Si l’on goûte pleinement le plaisir de retrouver le Filarmonía d’Oviedo sous la direction de son chef titulaire, Lucas Macías, excellent encore ce soir, on ne peut ainsi que regretter, une nouvelle fois, qu’aucune page espagnole n’ait été retenue. Il y avait pourtant, évidemment, le choix pour fêter le changement d’année, pour oublier le temps qui passe – fonction de base de la musique –, la funeste année 2021 et la crise sanitaire.


Le concert débute tout naturellement par une Ouverture, celle, célébrissime, de l’opéra Guillaume Tell (1829) de Gioacchino Rossini (1792-1868). Le violoncelle solo ne manque pas son entrée. Son élégance charme l’introduction avant l’orage puis la description d’un paysage bucolique abordé avec beaucoup de naturel. La cavalcade finale est rondement menée mais reste ordonnée, le tout mettant d’emblée le public de bonne humeur. D’Igor Stravinski (1882-1971) est proposé ensuite un court extrait de la Seconde suite pour petit orchestre (1921) réservé aux flûtes et clarinettes mais quelque peu affecté par des problèmes de mise en place au début. De Johann Strauss (fils, 1825-1899), est ensuite interprétée la valse Sang viennois (1873), sans alanguissement excessif, les fins de phrase étant lancées sans timidité mais dans l’ordre, puis deux extraits de la Seconde Suite de jazz (1938), peu jazzy malgré son nom, de Dimitri Chostakovitch (1906-1975). C’est tout d’abord la « Polka », absolument épatante et pleine d’humour puis la « Seconde Valse », devenue populaire grâce à une publicité réalisée pour CNP Assurances par Lars von Trier à ses débuts, en 1993. Elle est bien enlevée, avec un ton parfaitement adapté qui pourrait presque la rapprocher du grotesque. Et la première partie du concert s’achève par la Bacchanale de l’opéra Samson et Dalila (1877) de Camille Saint-Saëns (1835-1921), prestation qu’on interprètera comme une façon de célébrer le centenaire de la mort du compositeur français. Après un début quelque peu hasardeux, tout est remis en place et l’orchestre se pare de magnifiques couleurs orientales. Ensorcelant forcément.


La seconde partie du concert est consacrée tout d’abord à l’Ouverture de La Chauve-souris (1874) de Johann Strauss (fils) où les cuivres déçoivent quelque peu. La Seizième danse hongroise (1868) notée par Johannes Brahms (1833-1897) et orchestrée par Albert Parlow, ne convainc pas pleinement, l’homogénéité des cordes paraissant parfois prise en défaut. Les choses se redressent avec les trois valses de Johann Strauss (fils) qui suivent : Aimer, boire et chanter (1869), traduction française qu’on préfèrera au titre allemand, L’Empereur (1889) et naturellement Le Beau Danube bleu (1867), le fond de salle étant alors éclairé de bleu. On admire la tenue de l’orchestre, les cuivres se rattrapent, le premier violoncelle, à l’engagement constant ce soir, est à la hauteur et la section des flûtes est toujours aussi remarquable.


Après un tel programme, mené assez rapidement, Lucas Macías prononce quelques mots pour rappeler sa présence à la tête de l’orchestre depuis trois ans (« trois années de mariage ») et espérer à tous une heureuse année 2022, soutenu en chœur par l’ensemble de l’orchestre, comme à Vienne, puis ose pas moins de trois bis, toujours sans partition sous les yeux : la Cinquième danse hongroise signée par Brahms et orchestrée par Martin Schmeling, à laquelle on croyait avoir échappé, le « Galop infernal » d’Orphée aux enfers de Jacques Offenbach et surtout la Marche de Radetzky de Johann Strauss (père) avec bien entendu la participation enthousiaste du public, trop heureux de profiter de ce rare moment où il peut quitter son rôle passif.


Tout cela est épatant, sans tomber dans la caricature. Pari donc tenu. On souhaite aussi de notre côté une bonne année au Filarmonía et à Lucas Macías. Leur prestation laisse bien augurer de la nouvelle année. Prochaine prestation de l’orchestre : Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea dans le cadre de la saison d’opéra du Théâtre Campoamor. Le chef Lucas Macías retrouvera cet orchestre en février pour des zarzuelas et en mars pour un concert symphonique à l’Auditorium, avec notamment le violoniste Michael Barenboim en soliste.



Stéphane Guy

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com