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A plus de 200 autour de Shakespeare

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
12/05/2021 -  
Hector Berlioz : Roméo et Juliette, opus 17 : « Scène d’amour »
Serge Prokofiev : Symphonie concertante pour violoncelle et orchestre, opus 125
Jacqueline Fonteyn : Ein (kleiner) Winternachtstraum
Piotr Tchaïkovski : Roméo et Juliette

Brannon Cho (violoncelle)
Belgian National Orchestra, Hugh Wolff (direction)


B. Cho (© Wild Oak Collective)


Ce concert se tient en présence d’un public relativement nombreux. Quoi de plus normal que l’Orchestre national de Belgique réunisse du monde un dimanche, mais à partir du lundi 6 décembre, les événements au Bozar ne pourront accueillir qu’un maximum de seulement 200 spectateurs, bien moins que cet après-midi. Ainsi en a brutalement décidé le gouvernement vendredi dernier dans la lutte contre le covid, cette jauge réduite s’appliquant aussi bien à une salle de concerts de grande taille qu’à un petit théâtre de, par exemple, 275 places. Ne cherchez pas la logique, il n’y en a pas. Mais les autorités et les experts qui les conseillent, manifestement ignorants de la réalité du monde culturel, devraient assister à un concert ou à un opéra de temps en temps, pour éviter de prendre des décisions aussi consternantes. Bozar demeure un lieu sûr, il suffit de s’y rendre pour s’en convaincre.


Le programme tourne autour de la figure de Shakespeare, avec, pour débuter, une sobre « Scène d’amour » de Roméo et Juliette (1837) de Berlioz, dans laquelle l’orchestre se distingue d’emblée par une sonorité de grande plénitude. Le concert se termine avec un autre Roméo et Juliette (1880), celui de Tchaïkovski. Le directeur musical, Hugh Wolff, un excellent chef qui ne laisse rien au hasard, obtient de différentes forces en présence une sonorité idiomatique, ainsi qu’un jeu collectif exalté, mais maîtrisé. Cette brillante exécution, assez prenante et profonde, convainc par son élan narratif et la diversité des contrastes, particulièrement bien rendus par les différents pupitres, tous au point. Le début de la seconde partie permet aussi de découvrir une composition de Jacqueline Fonteyn (née en 1930), Ein (kleiner) Winternachtstraum (2002), clin d’œil au Songe d’une nuit d’été, une page de qualité mais trop courte – cinq minutes, seulement – pour se rendre compte de l’importance de cette discrète figure musicale dont le nom figure rarement aujourd’hui à l’affiche des concerts en Belgique, son pays natal.


Brannon Cho a remporté en 2017 le sixième prix au premier Concours Reine Elisabeth consacré au violoncelle. Ce musicien, né aux Etats-Unis, avait exécuté durant la finale le Premier Concerto de Chostakovitch. Le voici de retour avec une autre œuvre russe presque contemporaine, la Symphonie concertante (1950-1952) de Prokofiev, qui a lui aussi composé un Roméo et Juliette. La sonorité richement timbrée du soliste exerce une forte séduction dans cette exécution dépourvue d’esbroufe, mais habitée et solide. Ce violoncelliste à la tenue d’archet irréprochable cultive en outre un phrasé somptueux. D’une grande justesse expressive, son interprétation bénéficie de l’accompagnement de grande classe de Hugh Wolff. Ecouter l’orchestre procure, en effet, autant de satisfaction, grâce à la netteté et à la rigueur dont il fait constamment preuve. Contrôlant les moindres aspects de cette exécution, le chef restitue le relief de la partition et en clarifie la forme, parfaitement en phase avec la conception irréprochable du violoncelliste, toujours très concentré.


Vigoureux et soignés, les différents pupitres excellent dans leur partie, notamment les cordes, vibrantes et intenses dans les passages lyriques, ainsi que les bois, toujours fermes et expressifs. A la rigueur, les cuivres manquent tout au plus d’un peu de mordant dans la montée en puissance de la conclusion ; la fin du deuxième mouvement paraît, en comparaison, plus ardente, donc plus réussie. La rythmique, composante essentielle de toute interprétation d’une œuvre de Prokofiev, ne laisse, en tout cas, rien à désirer. Malgré l’accueil que le public lui réserve, Brannon Cho ne concède aucun bis, peut-être par humilité, probablement aussi parce qu’il a tout exprimé et tout montré dans cette belle et grande œuvre.


Le site de Brannon Cho



Sébastien Foucart

 

 

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