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Opernhaus
10/24/2021 -  et 28 octobre, 2, 6, 9*, 12, 17, 20, 26 novembre 2021
Giuseppe Verdi : Il trovatore
Quinn Kelsey (Il Conte di Luna), Marina Rebeka (Leonora), Agnieszka Rehlis (Azucena), Piotr Beczala (Manrico), Robert Pomakov (Ferrando), Bozena Bujnicka (Ines), Omer Kobiljak (Ruiz), Andrei Skliarenko (Un messo), Jeremy Bowes*/Piotr Lempa (Un vecchio zingaro)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Gianandrea Noseda (direction musicale)
Adele Thomas (mise en scène), Annemarie Woods (décors et costumes), Franck Evin (lumières), Emma Woods (chorégraphie), Jonathan Holby (réglage des scènes de combat), Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Cette nouvelle production du Trouvère marque l’entrée en fonction de Gianandrea Noseda au poste de directeur musical de l’Opernhaus. Le chef italien était apparu pour la première fois dans la fosse zurichoise il y a quatre ans pour Macbeth, avant de revenir pour L’Ange de feu puis pour le Requiem allemand. Sa décision de s’installer sur les bords de la Limmat a notamment été motivée par la possibilité de diriger ici le Ring, une opportunité alléchante à laquelle il est difficile de résister. A n’en pas douter, l’arrivée de Gianandrea Noseda est un plus pour l’Opernhaus, tant le maestro connaît bien le répertoire non seulement italien, mais aussi russe et allemand. Le public zurichois en a eu un premier aperçu dans Le Trouvère, où le chef a offert une direction vibrante et électrisante, nerveuse et affûtée, avec un souci constant de la tension dramatique et un œil toujours rivé sur les chanteurs. Sa prestation a été particulièrement applaudie au rideau final, ce qui est de bon augure pour la suite de son mandat.


Le plateau vocal de ce nouveau Trouvère est emmené par la superbe Leonora de Marina Rebeka : voix ample et somptueuse, bien contrôlée sur toute la tessiture, vocalises époustouflantes, chant nuancé et raffiné, jamais avare de couleurs ; pour sa prise de rôle la soprano a marqué un grand coup, même s’il faut reconnaître que le « D’amor sull’ali rosee », en raison de quelques aigus stridents, n’a pas atteint la même intensité que le « Tacea la notte placida ». Ténor lyrique par essence, Piotr Beczala s’aventure désormais dans le répertoire dramatique, et Manrico – une prise de rôle pour lui aussi – n’en est que le dernier exemple. Styliste hors pair, le ténor polonais livre aux deux premiers actes une magnifique prestation, où chaque nuance, chaque inflexion sont parfaitement contrôlées. Les choses se gâtent malheureusement après l’entracte : serait-ce le trac d’affronter le redoutable « Di quella pira » ? On ne sait, mais le chanteur en oublie son texte au point de devoir être bruyamment secouru par le souffleur dans le récitatif avec Leonora. Et quand arrive l’air le plus attendu de toute la soirée, malgré des aigus étincelants et tenus longuement, force est d'admettre que chaque note coûte visiblement au chanteur, qui atteint là clairement les limites de ses possibilités vocales. Mais chapeau, la prestation globale mérite des éloges. Agnieszka Rehlis fait forte impression en Azucena grâce à sa présence scénique et son identification avec son personnage, quand bien même la voix, encore un peu verte, n’a pas toute la noirceur requise pour le rôle. En Conte di Luna, Quinn Kelsey ne convainc, lui, qu’à moitié, le chanteur n’ayant ni l’autorité ni le legato du baryton verdien.


Pour sa première mise en mise hors du Royaume-Uni, son pays, Adele Thomas a opté pour les codes du théâtre élisabéthain, en mélangeant tragique et comique. Le problème, c’est que certains de ses choix sont carrément grotesques et ridicules, comme la tenue rose du Conte di Luna, affublé qui plus est d’un immense cœur rouge sur la poitrine. Et que dire de la scène de l’union entre Manrico et Leonora, au-dessus desquels descend un énorme soleil kitsch à souhait ? Abstraction faite de ces quelques passages risibles, la production séduit par sa débauche de mouvements et de gestes, à l’unisson de la musique, sur les marches d’un grand escalier, dans des tableaux qui rappellent Jérôme Bosch.



Claudio Poloni

 

 

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