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Cocorico à la Bastille !

Paris
Opéra National de Paris Bastille
01/21/2002 -  26, 29 janvier, 3, 6, 11 février
Massenet : Don Quichotte
José Van Dam (Don Quichotte), Béatrice Uria-Monzon (Dulcinée), Alain Vernhes (Sancho), Jaël Azaretti (Pedro), Allison Cook (Garcias), Jean-Pierre Trevisani (Rodriguez), Kevin Greenlaw (Juan)
Gilbert Deflo (mise en scène), William Orlandi (décors et costumes), Joël Hourbeigt (lumières), Antonio Marquez (chorégraphie)
Choeurs et Orchestre de l'Opéra National de Paris, Stéphane Denève (direction)

Après une Tosca musicalement accomplie, la série d'heureuses reprises de spectacles mal nés se poursuit. C'est peu dire que la production de Don Quichotte n'avait à l'origine guère convaincu. Si elle reste toujours aussi insipide, la présence d'une distribution à tous points de vue crédible la rend supportable, donnant même leur relief aux quelques touches d'humour qui auparavant tombaient à plat. Demeure évidemment le problème du lieu ; créé dans la bonbonnière de Monte Carlo, Don
Quichotte
ne saurait donner à la Bastille le meilleur de ses timbres ni de ses mots. L'orchestre y sonne avec trop de sécheresse pour enivrer le public ; Stéphane Denève, pourtant, dirige l'œuvre avec infiniment de conviction et un tout autre sens de ses enjeux que Conlon. Quelques péchés de jeunesse mis à part dans les moments spectaculaires (le tempo de l'introduction trop vif pour que les cordes puissent vraiment articuler, une scène des moulins plus démonstrative que naturelle), il trouve l'exact équilibre entre épanchement lyrique et versatilité du rythme (même si l'orchestre ne s'abandonne qu'avec réticence au rubato qu'il lui commande...), l'idéal alliage entre nuances dramatiques et musicales, dosant autant que faire se peut dans une telle acoustique les instruments et les voix. Paradoxalement, c'est surtout pour Béatrice Uria-Monzon qu'on regrette une salle plus intime. Non qu'elle peine à se faire entendre, mais parce qu'elle semble avoir travaillé comme rarement sa diction et les nuances dynamiques, et irait sans doute, si elle osait dégonfler le timbre dans son registre grave toujours un peu forcé, beaucoup plus loin dans ses louables intentions de raffinement musical. Elle n'en offre pas moins une des incarnations les plus probantes de ce rôle difficile et mal servi (sauf au disque par la jeune Berganza, en italien, parfait mélange de dramatisme et de précision mozartienne), et la présence scénique est toujours d'une beauté spectaculaire. Van Dam, auquel on redoutait en revanche qu'un tel espace soit aujourd'hui fatal, prouve une nouvelle fois quel immense chanteur il reste dans un rôle adapté à ses moyens (et celui du chevalier à la longue figure est sans doute, avec Philippe II, le plus marquant parmi ceux abordés dans le dernier tiers de sa carrière). Sauf dans l'extrême grave, le timbre y retrouve sa légendaire rondeur de jadis, le phrasé son admirable souplesse, animée de cette élocution claire et noble, la sobriété concentrée mais pleinement investie de l'acteur nous valant une prière, une apostrophe aux bandits et un tableau de la mort véritablement bouleversants. Bravo ! Equilibre rêvé en outre avec le Sancho du formidable Alain Vernhes, auquel on aura tant tardé à rendre la place qu'il méritait, au dessus à notre sens de Lafont ou Fondary dans leurs plus grandes années. Projection royale, timbre haut et riche, musicalité étudiée ; si les nuances n'ont pas tout à fait l'infinie subtilité de celles de son partenaire, la diction le surclasse (et Dieu sait si la barre est placée haut ! C'est avec plaisir qu'on retrouve Jaël Azzaretti et Jean-Pierre Trevisani, complétant l'une des équipes les plus francophones entendues en ce lieu, pour la soirée la plus enthousiasmante qu'ait ici vécu, de mémoire, le répertoire national. On sombrerait pour peu dans un chauvinisme primaire, mais tout de même… juste victoire !




Vincent Agrech

 

 

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