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Le Vaisseau fantôme de Willy Decker hante à nouveau Bastille

Paris
Opéra Bastille
10/07/2021 -  et 12, 17*, 22, 25, 28, 31 octobre, 3, 6 novembre 2021
Richard Wagner : Der fliegende Holländer
Tomasz Konieczny (Der Höllander), Günther Groissböck (Daland), Ricarda Merbeth (Senta), Michael Weinius (Erik), Agnes Zwierko (Mary), Thomas Atkins (Der Steuermann)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Ching-Lien Wu (cheffe des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Hannu Lintu (direction musicale)
Willy Decker (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors, costumes), Hans Toelstede (lumières)


(© Elisa Haberer/Opéra national de Paris)


Vu et revu, ce Vaisseau fantôme (voir ici) peut se revoir encore: la production de Willy Decker conserve assez de force pour résister au temps. Décor unique de huis clos gris clair, la scène ne nous montrera ni le quai ni le bateau, simple sujet, avec la mer, d’un grand tableau que Senta ne se lasse pas de contempler en tenant dans la main le portrait du maudit. Tout n’est ici que rêvé par une jeune fille à l’imagination malade qui se suicidera lorsque le fantasme se brisera contre la réalité – et l’on en verra une autre, semblable à elle, appelée au même destin, comme si tout allait recommencer. Scénographie, direction d’acteurs: on retrouve ici l’univers du metteur en scène allemand, sa façon de relire les œuvres sans les bousculer, de les inscrire dans une modernité qui deviendra classicisme.


On attendait Hannu Lintu, dont on sait surtout l’intimité avec la musique de son siècle et du précédent, que l’on n’avait pas encore, à Paris, entendu chef lyrique, alors que Helsinki vient tout juste de le nommer à la tête de son Opéra. Direction décapée mais sans sécheresse, d’une parfaite fluidité, n’écrasant pas les cordes sous les cuivres, qui n’anticipe pas sur un Wagner plus «wagnérien», n’ouvrant pas non plus des abîmes, avec une grande maîtrise des enchaînements: le Finlandais rend à sa vérité musicale l’«opéra romantique» de 1843, aux trois actes enchaînés, sans fin rédemptrice pour l’Ouverture ou le dénouement, servi par une distribution homogène à défaut d’être mémorable.


Tomasz Konieczny a la puissance, la noirceur, la tessiture et la présence du Hollandais, mais la saillie du mot a toujours tendance, chez lui, à hacher la ligne. Sans doute trop mûre pour Senta, pas assez hallucinée, Ricarda Merbeth convainc néanmoins par la tenue de la ligne et l’assurance de l’aigu, fille de l’impressionnant Daland, brutal et cupide, de Günther Groissböck, héritier des grandes basses wagnériennes. Michael Weinius campe un Erik robuste, trop peut-être alors qu’il faudrait ici un ténor plus souple, un Max du Freischütz et pas un Siegfried – Thomas Atkins, aujourd’hui pilote stylé, sera-t-il plus tard le fiancé malheureux? Passons sur Mary: Agnes Zwierko n’a plus de voix. Ching-Lien Wu a bien préparé le chœur, mais les hommes perdent un peu pied dans le dernier acte.



Didier van Moere

 

 

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