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Plaidoyer pacifiste

Zurich
Tonhalle
10/07/2021 -  et 8* octobre 2021
Benjamin Britten : War Requiem, opus 66
Georgia Jarman (soprano), Ian Bostridge (ténor), Russell Braun (baryton)
Zürcher Sing-Akademie, Florian Helgath (préparation), Zürcher Sängerknaben, Konrad von Aarburg, Alphons von Aarburg (préparation), Tonhalle-Orchester Zürich, Kent Nagano (direction)


(© Gaëtan Bally)


Il avait été programmé pour septembre 2020, pour marquer le soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais la pandémie en a décidé autrement. C’est finalement une année plus tard que le War Requiem de Benjamin Britten a été donné à Zurich, à l’occasion de l’inauguration de la salle de la Tonhalle, après de longs mois de travaux de rénovation. Un ouvrage étonnant et spectaculaire que ce War Requiem, qui fait désormais partie intégrante du répertoire. Plaidoyer pacifiste, il a été étrenné en 1962 pour la réouverture de la cathédrale de Coventry, entièrement détruite durant la guerre. Il mélange des textes en latin de la liturgie classique et des poèmes émouvants de Wilfrid Owen, mort à la guerre à 25 ans, une semaine avant l’armistice de 1918. L’œuvre requiert un dispositif impressionnant : trois solistes, un chœur d’adultes, un chœur d’enfants, et deux orchestres : un ensemble symphonique traditionnel et une formation de chambre accompagnant les textes d’Owen évoquant les souffrances des soldats et chantés par le ténor et le baryton. A Zurich, l’orchestre de chambre était placé à côté des solistes masculins, alors que la soprano était installée en hauteur, au premier rang d’une galerie latérale, à côté du chœur.


Kent Nagano ne fait pas mystère de son admiration pour Britten, qu’il considère comme l’un des compositeurs les plus importants du XXe siècle. Le chef est familier du War Requiem pour l’avoir dirigé à plusieurs reprises. Et il est vrai que sa maîtrise et sa concentration impressionnent. A Zurich, il a su admirablement trouver l’équilibre entre chœurs et orchestres ainsi qu’entre passages survoltés et pages plus calmes et recueillies, offrant une lecture de la partition absolument sans rupture, à la fois monumentale et fervente. L’Orchestre de la Tonhalle lui a répondu du tac au tac, avec des fortissimi impressionnants qui ont fait trembler la vénérable salle, mais aussi des pianissimi diaphanes, notamment dans le « Lacrimosa ».


Le chœur a été confondant d’homogénéité et de précision mais aussi de nuances, avec en particulier de superbes decrescendi sur les « Amen », dont le dernier souffle, à peine audible, a paru comme suspendu des minutes durant. Les deux solistes masculins n’appellent que des éloges. Chez Ian Bostridge, on a admiré la diction, la projection et surtout l’expressivité, le ténor réussissant parfaitement à rendre la colère du soldat pris dans la tourmente, alors que Russell Braun a séduit par l’autorité mais aussi l’émotion qu’il a instillées dans son chant. Vêtue de blanc, la soprano Georgia Jarman possède le timbre angélique et éthéré voulu par le compositeur, mais son chant manquait un peu de volume. Le message de paix de la fin de l’œuvre, où un soldat rencontre celui qu’il a tué (« I am the enemy you killed, my friend ») restera longtemps gravé dans les mémoires des spectateurs.



Claudio Poloni

 

 

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