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Robuste et engagé

Montpellier
Le Corum (Opéra Berlioz)
07/20/2021 -  
Guillaume Connesson : Feux d’artifice
César Franck : Les DjinnsVariations symphoniques
Camille Saint-Saëns : Symphonie en fa majeur «Urbs Roma»

Bertrand Chamayou (piano)
Orchestre national de France, Cristian Măcelaru (direction)


C. Măcelaru (© Adriane White)


C’est à un passionnant programme de musique française que nous convie le Festival de Montpellier pour le dernier concert consacré au centenaire de la mort de Saint-Saëns: on pourra être surpris d’y trouver en ouverture les Feux d’artifice (1998, révisés en 2003) de Guillaume Connesson (né en 1970), mais il est vrai que cette pièce tonale délicieuse de verve permet de chauffer l’orchestre au mieux, tout en faisant valoir l’irrésistible talent d’orchestrateur du compositeur. Le public ne s’y trompe pas en réservant un accueil chaleureux à la direction spontanée et directe de Cristian Măcelaru, le tout nouveau directeur musical de l’Orchestre national de France. Son premier concert «officiel» avec la formation, en septembre dernier, avait déjà révélé son intérêt pour la musique de Saint-Saëns, dont il doit enregistrer l’intégrale des cinq Symphonies d’ici la fin de l’année. Ce sera ainsi l’occasion d’approfondir la connaissance de ce corpus en grande partie méconnu.


Place cette fois à la rare Symphonie «Urbs Roma» (1857), qui s’intercale chronologiquement entre les deux premières symphonies numérotées, mais qui n’a pas eu cet honneur, à l’instar de la Symphonie en la majeur (1850). On découvre là un Saint-Saëns très inégal dans les mouvements extérieurs, où la double influence de Beethoven et Mendelssohn (sans la beauté lumineuse des interventions des vents) est audible, avec une propension à privilégier les cordes et les cuivres à l’unisson. Les effets de manche aux timbales et les ruptures abruptes surprennent souvent, même si l’élan juvénile peut séduire par endroit. Le deuxième mouvement (Molto vivace) apparaît autrement plus intéressant, tant le compositeur montre un visage audacieux dans les enchevêtrements virtuoses, le tout bien soutenu par les attaques franches de l’orchestre. Ce mouvement jubilatoire invite certains spectateurs à applaudir avant l’heure, bien vite rappelés à l’ordre par leurs voisins scrupuleux. De même, le début mystérieux du mouvement lent, aux raideurs assumées par Măcelaru, fait entendre un Saint-Saëns plus sombre et moins corseté qu’à l’habitude, visiblement inspiré par cette marche funèbre entêtante. Le compositeur suspend brièvement la tension par endroit, avec des parties plus éthérées aux bois, notamment lors du second thème énoncé par la clarinette. Un répit de courte durée, tant le compositeur tient son auditoire en un climat étouffant: on pense parfois aux premières symphonies de Dvorák, plus libres et plus personnelles de ton, mais incontestablement moins efficaces que les dernières.


Plus tôt dans la soirée, Măcelaru nous a régalé de son tempérament fougueux avec deux chefs d’œuvre de César Franck, le poème symphonique Les Djinns (1885) et les Variations symphoniques (1885). En enchaînant les deux œuvres d’un seul tenant, le chef roumain emporte ses troupes dans un élan souvent compact dans les tutti, mais davantage fouillé dans les parties apaisées. Cette verve s’accorde bien avec le piano techniquement sans faille de Bertrand Chamayou, mais un rien trop métronomique par endroit. On a là davantage une symphonie avec piano obligé qu’un concerto à proprement parler, ce qui n’est en rien un contresens ici. En bis, le pianiste français revient à Saint-Saëns, avec «Les Cloches de Las Palmas», quatrième des six Etudes de l’Opus 111, au caractère espiègle, bien défendue par son toucher agile.



Florent Coudeyrat

 

 

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