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La maturité du prince

Verbier
Salle des Combins
07/19/2021 -  
Alban Berg : Sonate pour piano, opus 1
Tikhon Khrennikov : Cinq Pièces, opus 2
George Gershwin : Trois Préludes
Frédéric Chopin : Nocturne, opus 62 n° 1 – Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, et n° 3, opus 51 – Polonaise n° 6 «Héroïque», opus 53

Evgeny Kissin (piano)


E. Kissin (© Janosh Ourtilane)


Chacun des récitals donnés quasi-annuellement par le pianiste russe Evgeny Kissin au Festival de Verbier est un événement qui réunit amateurs de piano et un public moins connaisseur. Kissin, qui a eu des débuts précoces depuis lesquels il a mené une carrière d’une admirable exemplarité, est aujourd’hui dans sa cinquantième année un de ces princes du piano devant lesquels on s’incline et que l’on est prêt à suivre les yeux fermés dans tous ses programmes. Celui de l’édition 2021, donné dans la grande salle des Combins, pas forcément très flatteuse pour le piano seul, et retransmis par deux immenses écrans latéraux, ce qui n’est pas idéal pour les gros plans sur un visage habités de tics, était conçu avec intelligence et avait de quoi plaire sans compromission à tous les publics.


La Sonate de Berg, qui ouvrait idéalement le récital, était jouée avec une sobriété de style et un luxe de couleurs qui la tiraient plus vers le postromantisme que vers l’image que l’on se fait du compositeur viennois. Suivait l’intéressante proposition de découvrir le compositeur et homme politique soviétique Tikhon Khrennikov (1913-2007), disciple de Heinrich Neuhaus et grand compositeur de musiques de film, avec Cinq Pièces, œuvres de caractère sans titres mais évoquant à la façon de tableautins des scènes de la vie russe.


Puis, déboutonnant un peu son habit noir, Kissin s’est lancé non sans quelques raideurs mais avec humour et délectation dans Trois Préludes de Gershwin, bon moyen de détendre l’atmosphère avant le recueillement du cœur du récital, un parcours enchaînant cinq œuvres de Chopin – six si l’on compte l’Etude opus 25 n° 12. Magie de la sonorité toujours pondérée, palette de couleurs d’une richesse inouïe sans aucun éclat inutile, tempi d’une justesse qui semble toujours aller de soi, effusions d’une pudeur toujours contrôlée, on ne peut rêver un Chopin plus parfait, le tout avec un style qui n’est qu’à lui et n’appelle jamais aucune comparaison. Aller du plus léger des Nocturnes (opus 62 n° 1) à la bravoure de la Polonaise «Héroïque» en passant par les trois Impromptus, dont la forme est si difficile à saisir, relève d’une immense maturité artistique.


Toujours généreux en bis, annoncés pas toujours d’une façon compréhensible, il a conclu idéalement ce somptueux récital par le «Clair de lune» de Debussy, d’une poésie renversante.



Olivier Brunel

 

 

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