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Où rôde la mort

Paris
Palais Garnier
05/30/2021 -  et 1er, 2*, 3, 4, 6, 7, 8, 10, 11, 19, 25, 26, 27, 29 juin, 1er, 2, 4, 5, 7 juillet 2021

«Hommage à Roland Petit»
Le Rendez-vous

Roland Petit (chorégraphie), Joseph Kosma (musique)
Brassaï (décors), Mayo (costumes), Jean-Michel Désiré (lumières), Pablo Picasso (rideau de scène)


Le Jeune Homme et la Mort
Roland Petit (chorégraphie), Johann Sebastian Bach/Alexander Goedicke (musique)
Georges Wakhévitch (décors), Barbara Karinska (costumes), Jean-Michel Désiré (lumières)


Carmen
Roland Petit (chorégraphie), Georges Bizet/Tommy Desserre
Antoni Clavé (décors, costumes), Jean-Michel Désiré (lumières)
Eleonora Abbagnato/Amandine Albisson/Alice Renavand*/Hannah O’Neill/Roxane Stojanov (La plus belle fille du monde), Mathieu Ganio*/Marc Moreau/Florent Melac/Alexandre Gasse (Le jeune homme), Stéphane Bullion/Mathieu Ganio/Hugo Marchand*/Mathias Heymann (Le jeune homme), Eleonora Abbagnato/Dorothée Gilbert/Laura Hecquet*/Alice Renavand/Eve Grinsztajn (La mort), Amandine Albisson*/Ludmila Pagliero/Héloïse Bourdon/Hannah O’Neill (Carmen), Stéphane Bullion*/Audric Bezard/Florian Magnenet/François Alu (Don José), Audric Bezard/Axel Magliano/Florent Melac (Escamillo), Ballet de l’Opéra national de Paris
Vladimir Kapshuk (baryton), Anthony Millet (accordéon), Orchestre Pasdeloup, Pierre Dumoussaud (direction musicale)


Le Rendez-vous: M. Ganio, A. Renavand
(© Ann Ray/Opéra national de Paris)



L’Opéra national de Paris rend hommage au chorégraphe disparu il y a dix ans avec une soirée en trois parties. L’hommage à l’enfant de la maison (il a fait ses études à l’Ecole de danse) Roland Petit (1924-2011) que le Ballet de l’Opéra (BOP) a prévu durant cette saison devait comporter une reprise de son ballet Notre-Dame de Paris à Bastille (représentations annulées mais captation réalisée pour une diffusion ultérieure) et à Garnier la reprise d’un programme en trois parties qu’il avait lui-même concocté, reprenant trois des pièces en un acte à son répertoire.


Trois pièces emblématiques de son art chorégraphique allant droit au but et fondées sur un substrat littéraire et musical très fort. Ici, le trait d’union est la mort, qui rôde et triomphe avec force et perversité dans Le rendez-vous qu’il a dansé avec Marina de Berg à sa création en 1945, Le Jeune Homme et la Mort d’après Cocteau, qui fut à sa création en 1946 le triomphe de la carrière de Jean Babilée, et la mythique Carmen créée par Zizi Jeanmaire et lui même à Londres en 1949. Ces pièces, qui pourraient paraître aujourd’hui d’esthétique très datée – Kosma, Prévert et Brassaï pour la première, Cocteau et Wakhévitch pour la deuxième, Antoni Clavé pour le décor de Carmen –, conservent cependant une puissance intrinsèque qui justifie qu’on les reprenne. Il faudrait cependant des individualités beaucoup plus fortes – comme l’étaient à l’époque de leur entrée au répertoire du BOP Belarbi, Pietragalla, Guérin, Hilaire et Romoli – que les danseurs de la génération actuelle qui, à peu d’exceptions près, n’ont pas connu le chorégraphe qui n’est plus là pour en superviser le travail.



Le Jeune Homme et la Mort: L. Hecquet, H. Marchand
(© Ann Ray/Opéra national de Paris)



Une bonne idée aurait été de confier les trois rôles féminins à la même danseuse tant la continuité existe entre les trois pièces. Et aussi de résoudre les éternels problèmes techniques qui tronçonnent ces soirées avec des entractes parfois plus longs que les pièces dansées, d’autant qu’actuellement les bars étant fermés et la déambulation peu recommandée, ils n’ont plus raison d’être. Quel effet cela aurait été de voir ces trois pièces se succéder dans l’ordre choisi par le Maître!


Malgré la qualité des chorégraphies et les mérites de quelques solistes, la soirée a paru bien terne d’autant que le corps de ballet ne semble pas encore remis de cette longue période d’activité perturbée (décalages, danse assez mécanique et peu d’esprit d’ensemble) et que l’Orchestre Pasdeloup (l’orchestre maison semble très mobilisé par la création du Soulier de satin), en mode routine totale, était poussé dans des extrémités sonores ridicules par le chef Pierre Dumoussaud, surtout dans la Passacaille BWV 582 de Bach/Goedicke, qui doit assurer le suspense du Jeune Homme et la Mort, rendue méconnaissable par un orchestre survolté.



Carmen: S. Bullion, A. Albisson (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


De cette soirée, on retiendra surtout dans Le Rendez-vous, très nostalgique lever de rideau, le Jeune homme de Mathieu Ganio, tout à fait dans l’esprit du chorégraphe et dont les deux parents (Ganio et Kalfouni) ont été des interprètes privilégiés, ainsi que la prise de rôle prometteuse mais pas encore accomplie d’Hugo Marchand dans le rôle du Jeune homme dans Le Jeune Homme et la Mort, rôle sur lequel planent encore les ombres de Le Riche et Belarbi. Les femmes étaient bien en deçà du niveau d’émotion auquel nous a habitués le BOP, notamment Amandine Albisson, tout à fait superficielle et décorative dans Carmen malgré la présence comme partenaire de l’excellent Stéphane Bullion.


Lors de la représentation du 11 juin, la danseuse étoile Eleonora Abbagnato, qui avait été nommée en 2013 dans le rôle de Carmen, fera ses adieux à la scène du BOP, soirée plusieurs fois différée par le contexte sanitaire.



Olivier Brunel

 

 

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