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Bien terne hommage au jeune Beethoven

Paris
Maison de la radio
10/08/2020 -  
Ludwig van Beethoven : Kantate auf den Tod Kaiser Joseph des Zweiten, WoO 87 – Kantate auf die Erhebung Leopold II zur Kaiserwürde, WoO 88
Simona Saturová (soprano), Laure Dugué (alto), Maximilian Schmitt (ténor), Kresimir Strazanac (basse), Florent Albrecht (pianoforte)
Chœur de Radio France, Edward Caswell (chef de chœur), Orchestre national de France, Václav Luks (direction)


V. Luks (© Petra Hajská)


Le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance du géant Beethoven offre de bien belles opportunités... Car depuis quand n’a-t-on pas entendu ces deux cantates (au surplus dans un même concert!), œuvres de jeunesse du compositeur, l’une et l’autre ayant été des commandes pour des célébrations officielles, la disparition d’un empereur pour la première, l’accession au trône d’un autre pour la seconde? Est-ce d’ailleurs cette rareté, donnant lieu à un concert d’à peine une heure de musique, ajoutée aux contraintes désormais habituelles du public lorsqu’il souhaite se rendre au spectacle, qui explique la faible fréquentation de l’auditorium de Radio France ce soir? Toujours est-il que les applaudissements d’accueil sont plus que mollassons pour saluer l’entrée des solistes et du chef, Václav Luks, plutôt versé dans le répertoire baroque et classique, que le National connaît bien puisqu’il l’a dirigé pas plus tard que la saison dernière dans la Passion selon saint Matthieu de Bach.


La Cantate sur la mort de Joseph II (1790) a connu une histoire assez extraordinaire: boudée lors des répétitions en raison de sa difficulté (telle est du moins l’une des explications alors avancées...), elle n’a jamais été jouée du vivant de Beethoven et c’est par hasard, en 1884, que le fameux critique viennois Eduard Hanslick découvrit la partition chez un marchand de livres anciens de Vienne, la création de l’œuvre ayant donc eu lieu sous la direction de Hans Richter au mois de novembre 1884. Les quarante-six chanteurs du Chœur de Radio France sont répartis à bonne distance les uns des autres dans les rangs, habituellement réservés au public, faisant dos à l’orchestre, chaque chanteur étant séparé de son voisin par trois ou quatre sièges, seul un rang sur deux étant par ailleurs occupé. Il réussit parfaitement son entrée, tout en noirceur, ferveur et recueillement. Ce sera d’ailleurs le seul véritable contentement dans cette cantate, les solistes se contentant du minimum, la basse Kresimir Strazanac étant même souvent couverte par l’orchestre dans le passage «Da kam Joseph, mit Gottes Stärke». Si le hautbois solo s’en tire très bien dans l’accompagnement de l’air de la soprano «Da stiegen die Menschen an’s Licht», la flûte n’est pas assez enjôleuse et les cordes, pourtant au nombre d’une trentaine, manquent singulièrement de volume, la faute peut-être à leur positionnement sur le fond de la scène. Dommage, car Václav Luks ne ménage pas sa peine pour faire aller l’ensemble de l’avant, son attention portée au chœur s’avérant particulièrement remarquable.


Applaudissements polis du public, brève pause le temps pour le chef et les solistes d’aller en coulisses, et le concert reprend pour la Cantate pour l’accession au trône de l’empereur Leopold II (1790). À notre sens, et bien que la précédente cantate ait connu une meilleure fortune puisque deux de ses passages furent repris plus tard dans Fidelio, cette œuvre est bien plus intéressante. L’orchestre, renforcé par rapport à la précédente cantate par deux trompettes et des timbales, ne sera pas beaucoup plus convaincant cette fois-ci. On regrettera surtout des cordes (principalement la faute aux violons chez qui l’envie de jouer ne transparaissait guère ce soir, c’en était même visible...) dont les sonorités s’avèrent aigrelettes, sans l’ampleur ni le legato attendus notamment dans le long passage central où intervient la soprano, les quatre contrebasses peinant également à vrombir comme on aurait pourtant souhaité les entendre. Rien à dire en revanche sur les solos de la flûte et du violoncelle dans l’air de la soprano «Fliesse, Wonnezähre, fliesse!» même si l’on aurait pu souhaiter davantage de rubato et sonorités plus chaleureuses. Simona Saturová se tire de cet air, véritable morceau de bravoure, de façon très honorable mais elle manque tout de même de spiritualité (on a parfois l’impression d’entendre dans cette œuvre des passages des Saisons de Haydn, créées pourtant onze ans plus tard) et sa projection s’avère parfois insuffisante, la chanteuse slovaque prouvant en revanche qu’elle possède toute la technique requise. Ajoutons à cela que les trois autres solistes jouent le rôle de faire-valoir à côté d’elle; leurs interventions ne sont certes pas déshonorantes mais elles ne sont pas davantage à marquer d’une pierre blanche.


On ne peut que savoir gré à Radio France d’avoir programmé de telles œuvres (qui devaient être à l’origine accompagnées du Te Deum n° 2 «Pour l’Impératrice» de Haydn mais le programme a dû être réduit, covid-19 oblige) mais on attend avec impatience d’entendre le National les interpréter avec davantage d’investissement. On passerait ainsi sans aucun doute de la simple curiosité à la franche réussite...


Le site de Simona Saturová
Le site de Kresimir Strazanac



Sébastien Gauthier

 

 

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