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Violoncelle en solo puis en duo

Salon-de-Provence
Temple
08/06/2020 -  
Győrgy Kurtág : Jelek, játékok és űzenetek: « Az hit... », « Népdalféle », « Arnyak – Perényi Miklósnak », « Pilinszky János: Gérard de Nerval – Kocsis Zoltánnak », « Jelek II Op. 5b (Giusto, vivo) » & « Wilheim Ferenc emlékére »
Johann Sebastian Bach : Suite pour violoncelle seul n° 2, BWV 1008
Helmut Lachenmann : Pression
Joseph Haydn : Divertimento pour baryton et violoncelle, Hob.X:11 (*) – Duo pour deux barytons, Hob.XII:3 & 5 (*)

Magdalena Ceple, Jean-Guihen Queyras (*) (violoncelle)




«En pays baltes»: titre quelque peu trompeur pour ce concert de 18 heures au temple de Salon, car point de musique balte mais une musicienne lettone, la violoncelliste Magdalena Ceple (née en 1994), dans un programme aussi stimulant que recherché.


Ainsi de ces cinq pages tirées des Signes, jeux et messages de Kurtág, un vaste ensemble in progress de pièces très variées quant à leur durée, à leur effectif (instruments à cordes en solo ou trio à cordes) et à leur objet (hommages, études, missives musicales), dont le dernier état (2018) comprend une vingtaine de morceaux pour violoncelle seul. Si la notice va un peu vite en besogne en estimant que «Kurtág est considéré comme le grand compositeur hongrois de la génération des années 1920» et en semblant ainsi oublier Győrgy Ligeti (1923-2006), ces aphorismes n’en confirment pas moins l’expertise qu’il a acquise depuis la fin des années 1950 dans cette expression drastiquement laconique mais d’une grande densité.


Comme c’est à la mode ces dernières années, elle enchaîne directement la Deuxième Suite de Bach, nullement intimidée par une œuvre aussi capitale du répertoire: car voilà un violoncelle qui fait penser au grand János Starker, résolument expressif tout en demeurant d’une parfaite rectitude et assumant des choix déjà très personnels, tant dans les coups d’archet que dans la reprise en pizzicato du Menuet I.


Extérieurement plus radical encore que Kurtág, Lachenmann, fidèle à son style, pousse l’instrument au-delà de ses limites naturelles dans Pression (1969/2010) et développe un propos conceptuel parfaitement élaboré, celui d’une «musique concrète instrumentale» dont les sons et les bruits naissent de la résistance de la matière à la pression exercée afin de parvenir à «une provocation esthétique: la beauté comme refus de l’habitude». Voilà qui ne nécessite pas moins de concentration que Kurtág, de la part tant de l’interprète que de l’auditoire, car pour les uns comme pour les autres, il ne vaut mieux pas rester à la surface de ces 7 minutes d’expérimentation de toutes les manières (et sans doute même plus) d’utiliser un violoncelle et un archet.


Conclusion évidemment plus aimable, pour laquelle Jean-Guihen Queyras rejoint Magdalena Ceple dans un mélange de deux œuvres de Haydn, un divertimento pour baryton (sorte de viole de gambe) et violoncelle et un duo incomplet pour deux barytons. Bien que produite en grande quantité vers la fin des années 1760 pour l’agrément du prince Esterházy, cette musique est loin d’être insignifiante: on y retrouve bien des qualités du compositeur, notamment son goût pour l’humour et les surprises, ses adagios à variations, ses finales entraînants, le tout servi avec beaucoup d’esprit par les deux violoncellistes, qui sont habilement mis en avant de façon alternative. En bis, un bref Presto du même tonneau confirme le niveau remarquable de cette production, avec une étonnante section centrale en mineur, comme un ländler à la mélancolie déjà schubertienne.


Le site de Jean-Guihen Queyras



Simon Corley

 

 

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