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Affinités électives

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/18/2020 -  et 16 (Rotterdam), 21 (Essen), 22 (Baden-Baden) février 2020
Gustav Mahler : Symphonie n° 5 en ut dièse mineur
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin (direction)


Y. Nézet-Séguin (© Hans van der Woerd)


Les affinités de Yannick Nézet-Séguin avec la musique de Gustav Mahler sont connues. Il en est de même de l’entente entre l’Orchestre philharmonique de Rotterdam et celui qui fut leur directeur musical de 2008 à 2019. Quant à leur passage annuel au Théâtre des Champs-Elysées, il est depuis plus de dix ans un des moments forts de la saison musicale parisienne. Ce concert symphonique avait été précédé la veille d’une version de concert de La Femme sans ombre de Richard Strauss.


La Cinquième Symphonie de Mahler est différente d’esprit des quatre premières, dont trois sont d’ailleurs vocales. Sans véritable programme, elle était considérée par Bruno Walter comme «de la musique et rien d’autre». Yannick Nézet-Séguin y fait certes de la musique mais bien plus que cela en y mettant contrastes, nuances et ligne, sans quoi cette musique peut parfois se perdre. Rien de cela grâce à la conduite de chaque instant du chef québécois et à un Orchestre philharmonique de Rotterdam des grands soirs, fin ou puissant, toujours raffiné et d’un engagement qui impressionne.


Une première entrée maladroite de la trompette solo est vite oubliée tant le climat de la Marche funèbre qui ouvre la symphonie est installé avec justesse grâce aux très puissants tutti construits par Nézet-Séguin à partir des graves de l’orchestre. Le contraste avec les cantabile confiés aux cordes devient encore plus saisissant. La construction travaillée dans le détail de ce premier mouvement met en valeur successivement chaque pupitre de l’orchestre sans pour autant perdre la direction générale de la musique. Yannick Nézet-Séguin enchaîne ensuite à juste titre très rapidement avec le deuxième mouvement, lui aussi tout de contrastes et d’énergie concentrique tout en faisant dialoguer d’abord cordes et bois puis les cuivres et les percussions. Le Scherzo, parenthèse joyeuse et rythmique, permet à quelques solistes (surtout la magnifique corniste soliste mais aussi le basson, la flûte, le hautbois, la clarinette et la trompette) de montrer leur excellence et à l’orchestre de briller par son sens du collectif et de l’écoute, en particulier dans la coda finale. L’Adagietto, pris dans un tempo raisonnable, est sobre et beau, sans épanchement inutile, et la harpe y devient presque soliste. Le Final, d’abord champêtre à la façon d’un Schubert, libère ensuite son énergie vitale pour finir dans l’allégresse et l’éclat avec brillance mais sans effet gratuit.


Un concert d’exception par la hauteur de vue de la vision, la perfection de la réalisation instrumentale et cette énergie concentrique dans le jeu sans quoi vision et perfection tournent à vide. Bruno Walter disait aussi de cette musique qu’elle parcourait toute la gamme des émotions. Mission magnifiquement accomplie ce soir au Théâtre des Champs-Elysées.



Gilles Lesur

 

 

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