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La Princesse de glace enflamme le public

München
Nationaltheater
01/28/2020 -  et 31* janvier, 3 février 2020
Giacomo Puccini : Turandot
Anna Netrebko (Turandot), Ulrich Ress (Altoum), Alexander Tsymbalyuk (Timur), Yusif Eyvazov (Calaf), Selene Zanetti (Liù), Boris Prýgl (Ping), Manuel Günther (Pang), Andres Agudelo (Pong, Il principe di Persia), Bálint Szabó (Un mandarino)
Chor, Extrachor und Kinderchor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Giacomo Sagripanti (direction musicale)
Carlus Padrissa - La Fura dels Baus (mise en scène), Beata Redo-Dobbler (collaboration à la mise en scène), Roland Olbeter (décors), Chu Uroz (costumes), Franc Aleu (vidéo), Urs Schönebaum (lumières), Andrea Schönhofer, Rainer Karlitschek (dramaturgie)


(© Wilfried Hösl)


Elle est venue, elle a chanté, elle a vaincu. Anna Netrebko a choisi Munich pour faire ses débuts en Turandot. Sa première Princesse de glace est un succès. Descendant des cintres sur une nacelle, la célèbre cantatrice russe entonne « In questa reggia » sans la moindre hésitation et éblouit d’emblée par le volume de sa voix, laquelle atteint sans peine le moindre recoin de la salle grâce à une projection insolente. On admire aussi la maîtrise absolue de l’instrument, qui permet à l’interprète de passer sans peine du fortissimo au pianissimo. L’ensemble de la tessiture est parfaitement homogène et laisse découvrir de superbes graves, au point qu’on se dit que la cantatrice pourrait dans quelques années aborder des rôles de mezzo. Pour l’heure, sa Turandot hautaine et froide, qui ne dévoilera sa part d’humanité qu’en toute fin de soirée, est déjà à classer parmi ses incarnations les plus réussies. Les esprits chagrins diront que le pari n’a été tenu qu’aux trois quarts, car à Munich l’opéra s’achève à la mort de Liù, là où Puccini s’est arrêté de composer en raison d’un cancer qui allait l’emporter quelque temps plus tard. Il manque donc le grand duo final composé par Alfano. Mais après son triomphe munichois, on peut imaginer qu’Anna Netrebko aura vite envie d’aborder le rôle dans son intégralité.


La découverte de la soirée est la Liù de Selene Zanetti, une jeune soprano italienne qui fait désormais partie de la troupe de l’Opéra d’Etat de Bavière, après avoir passé deux ans à l’Opéra-Studio. Sa voix lumineuse, son sens des nuances et ses magnifiques pianissimi éthérés lui valent de chaleureux applaudissements au rideau final. Un nom à suivre, assurément. Le Calaf de Yusif Eyvazov séduit, quant à lui, par l’aplomb et la longueur de ses aigus, même si le timbre n’est pas des plus séduisants ni des plus lumineux. Dans la fosse, Giacomo Sagripanti ne s’embarrasse pas de détails et ne songe qu’à produire des décibels, couvrant systématiquement les chanteurs, sauf Anna Netrebko, dont la voix franchit sans peine le mur de l’orchestre. La mise en scène de Carlus Padrissa, qui date de 2011, nous plonge en plein milieu d’un match de hockey dans une patinoire d’une Chine futuriste, qui a asservi l’Europe. Comme c’est souvent le cas avec les productions du collectif catalan La Fura dels Baus, les acrobates, les trapézistes, les effets lumineux et les vidéos sur grand écran sont légion. Les spectateurs sont même conviés à porter des lunettes 3D, mais les effets spéciaux ne convainquent guère. Peu importe d’ailleurs, car le public n’est venu que pour la Princesse de glace d’Anna Netrebko. Et il a été enflammé par sa prestation.



Claudio Poloni

 

 

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