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A savourer sans modération!

Lyon
Opéra
12/13/2019 -  et 15, 18, 19, 20, 22, 27 décembre 2019, 1er janvier 2020
Jacques Offenbach: Le Roi Carotte
Julie Boulianne (Robin-Luron), Yann Beuron (Fridolin XXIV), Christophe Mortagne (Le Roi Carotte), Christophe Gay (Truck), Boris Grappe (Pipertrunck), Chloé Briot (Rosée-du-Soir), Catherine Trottmann (Cunégonde), Lydie Pruvot (Coloquinte), Thibault de Damas (Dagobert, Psitt), Renaud de Rugy (Le Maréchal Trac), Florian Bisbrouck (Le Compte Schopp), Dominique Côté (Le Baron Koffre)
Chœurs de l’Opéra national de Lyon, Roberto Balistreri (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Lyon, Adrien Perruchon (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Chantal Thomas (décors), Joël Adam (lumières)


(© Bertrand Stofleth)


Découverte ici-même à Lyon en 2015, puis à Lille en 2018, la production du Roi Carotte imaginée par Laurent Pelly, fait son retour pour les fêtes dans la capitale des Gaules, avec un immense succès public, amplement mérité. On ne dira jamais assez combien cet opéra-bouffe-féerie de 1872, complètement oublié parmi le vaste corpus de son auteur, est un joyau aussi inspiré au niveau musical que délirant dans ses nombreuses péripéties. Le livret imagine en effet les aventures du souverain Fridolin, aux faux airs de Napoléon III, balayé par l’avènement d’un improbable Roi Carotte, sur fond d’affrontement entre sorcière et bon génie. Afin de retrouver son trône et déjouer les hypocrisies de sa promise, un long chemin initiatique attend Fridolin, de la découverte de Pompéi à l’improbable recours aux fourmis guerrières! Offenbach et son librettiste Victorien Sardou (futur auteur de Madame Sans-Gêne en 1893) s’en donnent à cœur joie pour entremêler satire politique, voyage temporel et road movie avant l’heure. Ce livret des plus rocambolesques ne fut pas pour rien dans le triomphe initial de l’ouvrage, même si sa durée trop longue (6 heures!) fut rapidement réduite de dix-sept à onze tableaux: outre la modernisation des dialogues, l’adaptation aujourd’hui proposée ne conserve que 2 heures de musique, en supprimant notamment le personnage de l’enchanteur Quiribibi, ainsi que les péripéties liées à l’île des Singes.


En comparaison de la production classique présentée cette année à Hanovre, le travail de Laurent Pelly joue la carte d’une stylisation scénographique aussi astucieuse que brillante dans son parti pris assumé tout du long. Le metteur en scène français choisit en effet de situer l’action dans une vaste bibliothèque fin XIXe siècle, rapidement revisitée pour figurer chacun des nombreux tableaux avec finesse et élégance – du cabinet de curiosité à la salle du trône, en passant par la buvette des étudiants. La direction d’acteur est comme toujours l’un des points forts à souligner, parsemée de nombreux détails qui renforcent la caractérisation des personnages, tout autant que les traits d’humour. Pelly n’en oublie pas d’ajouter quelques traits poétiques (superbe frise pompéienne figurée par le chœur) ou intenses (scène de révolte en fin d’ouvrage).


Le plateau vocal réuni reprend pratiquement tous les chanteurs de 2015, pour le plus grand plaisir de l’assistance. On se régale en effet de la truculence des rôles comiques, notamment Christophe Mortagne (Le Roi Carotte) et Lydie Pruvot (Coloquinte), toujours aussi irrésistibles de noirceur dans l’intonation, sans parler de leurs qualités théâtrales, à la gestuelle millimétrée. On aime aussi le Truck de Christophe Gay, dont le rôle essentiellement parlé bénéficie de son expressivité, notamment ses nombreuses mimiques. Malgré une projection limitée, Yann Beuron donne beaucoup d’engagement et de noblesse à Fridolin, autant par la délicatesse des phrasés que la pertinence de son jeu dramatique. A ses côtés, Julie Boulianne compose un vibrant Robin-Luron, vivement applaudie en fin de représentation malgré quelques approximations dans les accélérations, tandis que la petite voix de Chloé Briot donne à sa Rosée-du-Soir une touchante interprétation. On mentionnera encore une superlative Catherine Trottmann (Cunégonde), formidable de tempérament et impeccable techniquement.


La seule déception de la soirée vient de la fosse où Adrien Perruchon (né en 1983) oublie par trop souvent ses chanteurs en première partie, se laissant aller à une certaine ivresse dans l’élan endiablé des parties rapides, en contraste avec une lecture plus détaillée dans les passages apaisés. Cela occasionne des décalages répétés avec le plateau – heureusement plus rares après l’entracte. Gageons que les prochaines représentations sauront gommer ces imperfections, sans doute dues au stress de la première.



Florent Coudeyrat

 

 

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