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Haydn à l’honneur, Beethoven sur le strapontin

Vienna
Konzerthaus
12/07/2019 -  et 4 (Hamburg), 5 (Wiesbaden), 8* (Wien) décembre 2019
Johannes Brahms: Concerto pour piano n° 2, opus 83
Joseph Haydn: Symphonie n° 103 “Mit dem Paukenwirbel”

Igor Levit (piano)
Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi (direction)


I. Levit (© Tina Fineberg)


Doigts d’acier, raffinement du toucher: Igor Levit nous offre dans ce Second Concerto de Brahms, un magnifique exemple de précision musicale qui met en valeur la sensibilité de l’interprétation sans l’assécher. Les thèmes sont différenciés avec soin, à la fois par la variété des attaques et par les changements de tempo, rendant la structure de l’œuvre intelligible et palpable. Le thème du deuxième mouvement est rendu avec une fièvre inhabituelle, dans un climat haletant induit par des raccourcissements subtils dans les tenues de notes; le troisième mouvement prend une tournure opératique, alternant les épisodes tendus, lyriques et suspendus; le finale revêt enfin une tonicité et inventivité humoristique annonciatrice des poèmes symphoniques straussiens.


La Philharmonie de chambre de Brême est à notre avis idéalement proportionnée pour rendre à cette musique la vivacité, l’aération et la malléabilité qui peuvent être aisément gommées par des ensembles plus fournis: avec huit premiers violons, on reste en deçà du seuil perceptif de la perte d’individualité des pupitres, faisant gagner en micro-dynamiques ou respirations sans contraindre l’assise des basses. La balance avec le soliste est millimétrée, en particulier dans les fondus des transitions de tutti.


La seconde partie faisait honneur, c’est assez rare pour le noter, à l’œuvre symphonique de Haydn – trop souvent reléguée en pièce d’échauffement de début de concert. Paavo Järvi conduit cette musique avec vigueur, les tempi vivaces ne permettant guère de s’attarder en chemin – parvenant toutefois à ne jamais donner l’impression de presser. Si les tonalités rustiques (la clarinette plantureuse! les trompettes ravageuses!!), le vibrato réduit, les enluminures du trio montrent l’influence des ensembles historiquement renseignés, la vision des musiciens est bien trop riche pour être cataloguée de la sorte: la coda du deuxième mouvement lorgne sur un romantisme schubertien, le finale met en évidence une élégante profusion plus proche de Mozart que de Haydn.


Le bis qui clôt la soirée enfonce magistralement le clou, en proposant le dernier mouvement de la Première Symphonie de Beethoven, joué comme une plaisanterie musicale typiquement haydnienne (clin d’œil du chef et rires du public compris). Voici une manière ingénieuse de remettre en perspective nos préconceptions contemporaines.



Dimitri Finker

 

 

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