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Du Van dans les voiles

Toulouse
Halle aux Grains
12/06/2001 -  
Willem Mengelberg : Etchings by Rembrandt
Antonin Dvorak : Concerto pour violon, opus 53
Joahnnes Brahms : Symphonie n° 2, opus 73

Leonidas Kavakos (violon)
Orchestre National du Capitole de Toulouse, Jaap van Zweden (direction)

Le “jeune” chef Jaap van Zweden (41 ans), ancien violon solo de l’orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam (à 19 ans!) et actuel chef du Residentie Orchestra avait fait des débuts français très remarqué la saison dernière avec ce même orchestre du Capitole. On attendait donc avec intérêt ce nouveau concert au programme certes classique mais alléchant, le Concerto pour violon de Dvorak n’encombrant généralement pas les salles de concert.

Chef dynamique, à la gestique nette et précise, Jaap van Zweden semble tout à la fois un maniaque de la maîtrise orchestrale -nuances et phrasés contrôlés au millimètres- et un romantique aimant les sonorités pleines et les tempos modérés.

Donner une pièce de Mengelberg était sans doute une façon de revendiquer une filiation avec ce chef, romantique illuminé et génial, dont les Brahms restent fameux. Admirable chef d’orchestre, Willem Mengelberg était donc également compositeur, comme le prouve ces Eaux-fortes de Rembrandt, hommage passionné et sombre au peintre. Amoureux des sonorités capiteuses -celles du Concertgebouw sont uniques- Mengelberg déploie ici toutes les ressources possibles de l’orchestration, avec parfois un rien d'excès dans le grandiose, sans déborder cependant dans le kitsch alla Stokowsky, champion incontesté du style. Si l’art de l’orchestrateur force le respect, le langage du compositeur ne s’affirme pas comme très personnel, évoquant tour à tour Liszt, Mahler et surtout Strauss, et la construction de l’œuvre, succession un peu étale de beaux passages lyriques, manque un peu de force. Mais Jaap van Sweden et l‘orchestre du Capitole en ont donné une version très convaincue, sombre et passionnée à souhait.

Le Concerto de Dvorak montrait, lui, le danger qui peut guetter l’interprète de cette musique en apparence facile et quasi-populaire. L’œuvre du compositeur tchèque utilise nombre de rythmes et mélodies d’inspiration folklorique dans un style unique, mariage de lyrisme romantique et d’un rythme perpétuellement bondissant. Or, ici, le violoniste Leonidas Kavakos, par ses ralentis un rien narcissiques sur les phrases les plus expressives, a continuellement rompu cette unité rythmique, oubliant ainsi la dynamique interne de l’œuvre au profit d’une recherche un peu vide de pure beauté sonore. Si l’on ne pouvait qu’admirer sa virtuosité, on peut regretter qu’il ait ainsi ignoré les spécificités d’une œuvre toute d’énergie, où cette virtuosité n’a pas de valeur en soi mais est toujours asservie au rythme, moteur véritable du développement de l’écriture.

Brahms semble en tout cas beaucoup plus adapté au tempérament du chef et c’est ici que l’on put le mieux admirer ses qualité de rigueur et de clarté. Même si l’orchestre, par ailleurs excellent, semble avoir eu un peu de mal à entrer dans l’œuvre au début du premier mouvement, un peu instable, la clarté des plans sonores et la rigueur de la conception étaient en tous points admirables. Tout au plus pouvait on remarquer que cette obsession de contrôle, évoquée plus haut, le conduit parfois à brider ses tempos ou certains phrasés par un rubato très “démonstratif”, en voulant sans doute trop expliciter les articulations de la construction. C’est lorsqu’il lâche enfin la bride à son tempérament et qu’il permet à l’orchestre de s’exprimer, dans un final plein d'énergie, que Jaap van Sweden semble à son meilleur, car ses qualités de précision ne sont en rien oblitérés par un supplément de chaleur et de fougue.

Un beau concert, qui attise nos regrets de n’avoir pu assister au précédent, et qui fait attendre avec impatience le suivant!




Laurent Marty

 

 

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