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Spectaculaire chorégraphie

Amsterdam
Nationale Opera & Ballet
10/10/2019 -  et 12*, 18, 20, 22, 23, 25, 26, 27, 29, 30, 31 octobre 2019
Roméo et Juliette
Rudi van Dantzig (chorégraphie), Serge Prokofiev (musique)
Igone de Jongh/Qian Liu*/Yuanyuan Zhang/ Anna Tsygankova/Maia Makhateli/Anna Ol (Juliette), Constantine Allen/Semyon Velichko*/Martin ten Kortenaar/James Stout/Artur Shesterikov/Remi Wörtmeyer (Roméo), Het Nationale Ballet
Het Balletorkest, Ermanno Florio (direction musicale)
Toer van Schayk (décors)


(© Marc Haegeman)


Het Nationale Ballet (HNB), première compagnie de danse des Pays-Bas, reprend cet automne la spectaculaire chorégraphie de Roméo et Juliette créée pour elle en 1967 par son ancien directeur artistique, Rudi van Dantzig (1933-2012).


Avec Romeo en Julia, van Dantzig, qui est resté pendant vingt ans à la tête du HNB pour qui il a créé une quarantaine de pièces, signait sa première longue chorégraphie, créée le 16 février 1967 dans le Koninklijke Schouwburg de la Leidseplein à Amsterdam, la compagnie étant alors dirigée par Sonia Gaskell. Son succès eut un écho bien au delà des Pays-Bas car nombreuses furent les compagnies du monde à vouloir l’inscrire à leur répertoire. La réputation du chorégraphe amstellodamois, récompensé par les plus grandes distinctions nationales et européennes, a décollé dans les années suivantes. Des danseurs comme Rudolf Noureev (à qui, ayant aussi beaucoup écrit sur la danse, il a consacré un de ses livres, Remembering Noureev: The Trail of a Comet, 1993) lui ont passé commande de pièces originales.


N’ayant jamais vu cette légendaire chorégraphie, c’est avec un mélange de curiosité et d’appréhension que l’on s’est rendu au Muziektheater d’Amsterdam à l’annonce de cette reprise par les meilleurs solistes de cette compagnie dont l’excellence est notoire. L’enthousiasme a été à la hauteur des espérances tant ce travail réalisé il y a un demi-siècle a bien résisté au temps, réalisant la parfaite symbiose entre la danse traitée avec tous les raffinements du néoclassicisme et le théâtre au plus proche de Shakespeare dans un souci constant de lisibilité totale et, il faut bien le dire, avec la touche de folie sans laquelle aucun ballet de ces dimensions (plus de deux heures de danse) ne peut décoller.


La réussite tient autant à l’esthétique de la pièce, due à l’immense Toer van Schayk, qui a réalisé des tableaux vivants, une Vérone quasi picturale pour les grands tableaux que sont la Place, le Bal masqué, le Tombeau et la Chambre de Juliette. Festin de couleurs, somptuosité des costumes, jamais dans l’excès. Et pour les habiter une chorégraphie toujours sobre, même pour les scènes de genre qui sont traitées avec goût et élégance. La chorégraphie des scènes principales des deux héros est admirable tant au jardin, qu’au bal, au balcon et au tombeau où le dépouillement des gestes participe au tragique final.


Les deux danseurs de la deuxième distribution (la première danseuse Igone de Jongh, qui a dansé dans cette production depuis vingt-quatre ans, prend sa retraite cette année), la Chinoise Qian Liu et le Russe Semyon Velichko, ont interprété avec une grâce surnaturelle toutes ces figures que van Dantzig a dessinées avec le goût le plus sûr (son travail colle de près à l’original de Leonid Levroski de 1940), elle longue comme une liane, si légère, si proche de l’enfance et faisant preuve de dons de comédienne quasi cinématographiques surtout dans les scènes familiales autour de son prétendant Pâris (excellent Cristiano Principato), rôle pourtant peu sympathique à qui van Dantzig a pourtant réussi a insuffler une âme. Parfaits aussi les amis de Roméo, Benvollo (Sem Sjouke) et surtout l’intrépide Mercutio (Edo Wijnen). Tous les rôles de caractère et le corps du HNB méritent des éloges appuyés pour une tenue exceptionnelle, tous ayant à cœur de participer à cette magnifique fresque qui tend autant à raconter une histoire d’amour qu’un phénomène sociétal vieux comme le monde que Rudi van Dantzig a su traduire avec la plus grande poésie.


Du Balletorkest dirigé de façon un peu raide par Ermanno Florio, on pouvait certainement espérer plus de finesse et de contrastes pour exalter la partition de Prokofiev mais la plaisir et le luxe d’avoir un orchestre dans la fosse prime sur ces considérations.



Olivier Brunel

 

 

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