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Ça ira

Toulon
Opéra
10/11/2019 -  et 13*, 15 octobre 2019
Umberto Giordano: Andrea Chénier
Cellia Costea (Madeleine de Coigny), Aurore Ugolin (Bersi), Doris Lamprecht (La Comtesse, Madelon), Gustavo Porta (André Chénier), Devid Cecconi (Carlo Gérard), Wojtek Smilek (Roucher, Fléville), Carl Ghazarossian (L’Incroyable, L’Abbé), Geoffrey Salvas (Mathieu, Populus), Cyril Rovery (Majordome, Dumas), Nicolas Certenais (Fouquier-Tinville, Schmidt)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Jurjen Hempel (direction musicale)
Nicola Berloffa (mise en scène), Justin Arienti (décors), Edoardo Russo (costumes), Valerio Tiberi (lumières)


C. Ghazarossian & A. Ugolin (© Frédéric Stephan)


L’Opéra de Toulon ouvre sa nouvelle saison avec André Chénier dans une mise en scène de Nicola Berloffa qui revient à Toulon après Un bal masqué en 2017. Avec une œuvre si solidement ancrée dans le répertoire vériste, qui plus est sur fond de Révolution française, il est plus prudent de s’en tenir à ce que dit le livret et d’éviter soigneusement toute gesticulation novatrice. Aussi Berloffa choisit-il un enchaînement fluide des scènes, des mouvements de foule bien chorégraphiés et la sage illustration du contexte historique dans une esthétique qui, par moments, ne manque pas d’attrait. Particulièrement réussis sont le troisième acte qui, grâce à une bonne direction d’acteurs, rend justice à la tension dramatique entre Gérard et Madeleine, le tableau du Tribunal révolutionnaire et sa foule haineuse, mais surtout la montée à l’échafaud de la dernière scène de l’opéra, d’un réalisme glaçant.


Vocalement, les deux premiers actes laissent pensif. On a beau se dire que la plus belle musique est encore à venir mais le Gérard du baryton Devid Cecconi est terne et le Chénier de Gustavo Porta ne convainc pas. Si ce rôle très exigeant du poète français a marqué le départ de glorieuses carrières, de Caruso à Kaufmann, en passant par Gigli et Del Monaco, peu de ténors s’y aventurent, et ceux qui le font n’y laissent pas forcément une empreinte inoubliable. C’est peut-être le cas de Gustavo Porta, au demeurant justement louangé dans d’autres partitions, moins «héroïques». Plus soucieux de faire preuve de vaillance – il en faut, il en a – que de donner de l’épaisseur à son personnage, le ténor argentin a moins de distinction que de testostérone. Les efforts pour montrer l’idéalisme de son personnage sont peu probants, les élans dans le registre aigu puissants mais laborieux et peu soignés. Il gagnera quand même en noblesse avec son «Si fui soldato...» au troisième acte.


Après l’entracte, certains doutes sont levés. Les gorges se dénouent et l’ensemble se hisse au niveau de la réputation de la maison toulonnaise. David Cecconi, s’appuyant sur une voix souple au timbre alliciant et au phrasé irréprochable signe un «Nemico della patria?» de superbe facture. Le duo avec Madeleine qui suit est aussi du meilleur niveau. La soprano roumaine Cellia Costea s’empare de «La mamma morta...» qu’elle chante à pleine voix, avec confiance et autorité. Le timbre est savoureux et l’émotion palpable, sans excès ni sanglots.


Les rôles de soutien sont nombreux dans cet ouvrage et tous tenus avec talent. La Bersi d’Aurore Ugolin séduit par son abattage et le timbre clair de son mezzo, de même que le ténor Carl Ghazarossian en Incroyable, Nicolas Certenais en Fouquier-Tinville, Geoffrey Salvas dans le rôle de Mathieu et Doris Lamprecht en Madelon.


Jurjen Hempel a la haute main sur un orchestre aux couleurs attrayantes. Sa direction répond aux attentes d’une partition contrastée, naviguant habilement entre quelques pages superbes et d’autres souvent noyées dans la grandiloquence ou l’affectation. On notera également l’excellente tenue du chœur maison magistralement préparé, comme toujours, par Christophe Bernollin.



Christian Dalzon

 

 

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