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Une rentrée qui fait pschitt... !

Paris
Palais Garnier
09/22/2019 -  et 23, 25, 27, 29*, 30 septembre, 2, 3, 5, 7, 8, 10, 11, 13, 14, 15 octobre 2019

At the Hawk’s Well (création)

Alessio Silvestrin (chorégraphie), Ryoji Ikeda (musique)
Amandine Albisson*/Ludmila Pagliero (Hawk Woman), Axel Magliano*/Hugo Marchand (Young Man), Audric Bezard*/Alessio Carbone (Old Man), Tetsunojo Kanze, Kisho Umewaka (acteurs)
Hiroshi Sugimoto (mise en scène, scénographie, lumières, vidéo), Rick Owens, Ryoji Ikeda (vidéo)


Blake Works I
William Forsythe (chorégraphie), James Blake (musique)
Léonore Baulac (Femme), Hugo Marchand*/Paul Marque (Homme), Ballet de l’Opéra national de Paris
William Forsythe (scénographie, costumes, lumières), Dorothée Merg (costumes), Tanja Rühl (lumières)


T. Kanze (At the Hawk’s Well) (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


Pour ce trois cent cinquantième anniversaire de l’Opéra, la rentrée fait un peu grise mine et ceci sur les deux fronts. Une Traviata gadget, des Indes galantes purement décoratives et, pour le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP), une création peu glorieuse. Une rentrée qui fait pschitt... !


On ne peut pas dire que les moyens n’ont pas été mis pour la création de cette rentrée du BOP. Des personnalités du monde artistique contemporain ont été convoquées: le plasticien-scénographe japonais Hiroshi Sugimoto, Japonais aussi le compositeur Ryoji Ikeda, un chorégraphe-acteur nô ainsi qu’un acteur de cette esthétique théâtrale antique, un vidéaste japonais, Tomonaga Tokuyama, le chorégraphe italien Alessio Silvestrin et le costumier américain venu du monde de la mode Rick Owens. Ajoutons à cet étrange mélange un scénario d’après le poète irlandais William Butler Yeats et une danseuse étoile du BOP. Et voici donc At the Hawk’s Well, pièce de quarante longues minutes d’un raffinement esthétique exquis mais vide de contenu autant chorégraphique que théâtral avec ce mélange d’esthétique manga, fashionista à la sauce nô, sa musique électronique agressive si peu propice à la danse et les accoutrements des danseurs frisant le grand ridicule. L’absence de projet chorégraphique qui se résume à un exercice au vocabulaire totalement rétro résumera ce que l’on ressent en regardant cette pièce. La scénographie tient lieu de spectacle, aussi spectaculaire qu’est grotesque l’esthétique des costumes. On plaint la danseuse étoile Amandine Albisson, ridicule en femme épervier, et les deux danseurs Axel Magliano et Audric Bezard affublés de longues chevelures et barbes. On doit ajouter que l’action du scénario proposé est totalement illisible. Un peu plus crédible, l’acteur nô Kisho Umewaka vient après l’atmosphère plombée des trente premières minutes apporter fugitivement une touche théâtrale un peu plus crédible.



J.-L. Quer, F. Melac (Blake Works I) (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


Après tout cela, la reprise de Blake Works I (créé au BOP en 2016) de William Forsythe est un baume pour les yeux et les oreilles avec la musique gentiment pop de James Blake, The Colour in Anything, une suite de sept chansons un peu sirupeuses mais plus adaptées à l’ambiance d’une matinée de dimanche que ce qui avait précédé. Blake Works I, qui marquait le retour en 2016 de Forsythe au BOP à qui il avait donné des chefs-d’œuvre, n’est pas au niveau esthétique et d’innovation auquel planaient In the Middle, Somewhat Elevated (1987) et Pas/Parts en 1999, mais pour faire danser toute une nouvelle génération de danseurs, il avait créé cette pièce courte de trente minutes, néo balanchinienne avec ses vingt-deux danseurs en tuniques-collants bleu ciel, totalement jubilatoire, où l’on ne perd pas une minute. Cela swingue avec des déhanchements peu académiques; solos, duos, trios, ensemble se succèdent au rythme de ces chansons délicieusement rétro. On distingue particulièrement Marion Barbeau et Florent Melac, deux espoirs du BOP, qui enchantent dans le duo «Forever», mais aussi d’autres plus aguerris comme les danseurs étoiles Léonore Baulac et Hugo Marchand. L’applaudimètre a été plus généreux pour Forsythe que pour la création, très tièdement accueillie à l’aune de l’enthousiasme habituel du public de la danse.



Olivier Brunel

 

 

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